Émeutes au Royaume-Uni : les centres d’aide aux migrants et les avocats pris pour cible… Le pays en état d’alerte après une trentaine d’appels à manifester
Le Royaume-Uni est en état d’alerte maximale. Alors que le pays est secoué depuis plusieurs jours par des émeutes suite à la mort de trois jeunes filles dans le pays, les craintes pour la sécurité intérieure sont à leur comble. Les appels à manifester de l’extrême droite se multiplient et font craindre des violences encore plus fortes que ces derniers jours.
Au Royaume-Uni, le calme de la soirée de mardi 6 août pourrait contraster avec les fortes tensions attendues pour le 7 août. Les autorités surveillent une trentaine d’appels à des rassemblements devant des centres ou des cabinets d’avocats qui apportent une assistance juridique aux immigrés et demandeurs d’asile.
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Ces appels, qui émanent de l’extrême droite britannique, constituent « une attaque directe » contre la profession juridique, selon la Law Society of England and Wales. La ministre de la Justice Shabana Mahmood a dénoncé ces menaces contre la profession comme étant « inacceptables ». Elle a prévenu ceux qui prendraient part à de telles actions qu’ils « rejoindraient les centaines d’autres qui ont déjà été arrêtés ».
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Plus de 400 arrestations ont déjà été effectuées depuis le début des affrontements et plus de 120 personnes ont été inculpées, selon le parquet. « Les poursuites, notamment celles pour incitation à la haine raciale, s’accélèrent », a déclaré Kris Venkatasami, chef du parquet, soulignant la rapidité de la justice « alors que les condamnations continuent d’augmenter ».
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Un homme de 58 ans, par exemple, a été condamné à trois ans de prison après avoir plaidé coupable de plusieurs chefs d’accusation, notamment d’agression contre un agent des services d’urgence à Southport, mardi dernier, le premier jour des violences.
Déchaînement de violences racistes et de violences contre les forces de l’ordre
Ces émeutes ont donné lieu à un véritable déchaînement de violence raciste et notamment islamophobe de la part de militants d’extrême droite, et les exemples ne manquent pas. Un homme a été vu et filmé en train de poursuivre, tronçonneuse à la main, des individus qu’il avait identifiés comme musulmans.
Ailleurs dans le pays, dans la ville de Middlesborough, un groupe d’émeutiers a été vu en train de former un barrage routier où ils ne laissaient passer que les voitures transportant des « Blancs ».
\ud83d\udea8Une foule raciste bloque la route (uniquement les laissez-passer blancs)
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La circulation est contrôlée en fonction de la couleur de la peau.« Es-tu blanc ? »
« Es-tu anglais? »Questions posées par une foule raciste.
Ils révèlent de véritables intentions. pic.twitter.com/wEsvrgIHzo
— humaniste connu\ud83e\uddd0 (@lil_doza) 4 août 2024
Les mosquées et les hôtels pour migrants sont visés et constituent les cibles favorites des émeutiers, lors d’affrontements qui ont fait des dizaines de blessés parmi les policiers.
Le gouvernement actionne le levier judiciaire pour accélérer le retour au calme
Sur X, le ministère de l’Intérieur rappelle les peines encourues, jusqu’à 10 ans de prison pour participation à des émeutes ou dégradations, sept ans pour incitation à la haine raciale.
Le chef de la police de Londres, Mark Rowley, a averti à la télévision britannique que « personne n’est à l’abri de la loi », attaquant les « guerriers derrière leurs claviers » qui diffusent des contenus haineux et incitent à la violence qui déborde dans les rues.
Tommy Robinson, figure d’extrême droite britannique dont le prénom a été scandé au début des affrontements il y a une semaine, est dans le collimateur des autorités justement en raison d’appels à la violence qu’il aurait diffusés sur ses réseaux sociaux. Le gouvernement a indiqué qu’une « armée » de réserve de 6.000 policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre serait en alerte cette semaine et que 567 places de prison seraient disponibles pour incarcérer les fauteurs de troubles. Le Premier ministre Keir Starmer a dit s’attendre à des peines « lourdes » pour les émeutiers et a assuré que sa priorité était d’assurer la sécurité de la population.
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Pour rappel, le point de départ de ces émeutes est la diffusion d’informations en partie démenties sur le profil de l’auteur présumé d’une attaque au couteau dans un cours de danse où trois enfants de 6 à 9 ans ont été tués à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Le suspect était présenté comme un demandeur d’asile musulman. Il serait en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et sa famille serait, selon les médias britanniques, originaire du Rwanda. Selon un sondage, 67 % des Britanniques s’inquiètent de la montée de l’extrême droite dans leur pays.