Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé le 30 mai qu’il n’y avait « pas de compromis » acceptable « pour l’instant » concernant un embargo européen sur le pétrole russe, exigeant des « garanties » pour l’approvisionnement de son pays. « Il n’y a pas de compromis du tout pour le moment », a-t-il annoncé à la presse en arrivant à un sommet de l’UE où les Vingt-Sept doivent discuter d’un texte qui vise à permettre l’adoption d’un sixième paquet de sanctions de l’UE contre Moscou, bloqué jusqu’ici par l’opposition à Budapest.
Il faut d’abord trouver des solutions et ensuite des sanctions
Le compromis prévoit un embargo sur le pétrole russe d’ici la fin de l’année, « avec une exemption temporaire pour le brut transporté par pipeline ». La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe transporté par l’oléoduc Druzhba, qui passe notamment par l’Ukraine. Si Viktor Orban a jugé que cette exemption était une « bonne solution », il s’est inquiété d’un possible incident sur l’oléoduc transportant du pétrole russe, « dont les Ukrainiens et d’autres ont parlé », a-t-il dit. -il explique. « Nous avons besoin d’une garantie que nous pourrions recevoir du pétrole par voie maritime ou ailleurs », a-t-il soutenu. « D’abord, il faut trouver des solutions et ensuite des sanctions », a prévenu le dirigeant, fustigeant le « comportement irresponsable » de la Commission européenne qui a préparé le paquet de sanctions.
Le dirigeant hongrois avait déjà estimé, le 24 mai, qu’un accord sur un tel embargo était « très improbable », contrairement à la présidence française, qui de son côté évoquait la possibilité de « débloquer le veto hongrois ». Selon Budapest, l’embargo pétrolier proposé par l’UE causerait de « graves » ruptures d’approvisionnement en Hongrie » et ferait monter les prix « d’environ 55 à 60 % ».
En outre, les autorités hongroises avaient indiqué qu’un éventuel embargo les conduirait à procéder à une « restructuration complète » du système de raffinage, ainsi qu’à une augmentation substantielle des investissements dans les infrastructures énergétiques. Alors que la Hongrie est le pays qui a le plus ouvertement affiché son rejet de l’embargo pétrolier, d’autres Etats membres s’inquiètent également de cette mesure, comme la Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et la Croatie, rapportait mi-mai l’AFP.
Le 23 mai, le président russe Vladimir Poutine a jugé que l’économie russe « résiste[ait] très bien » à la batterie de sanctions prises à son encontre, malgré des difficultés nécessitant l’intervention de l’Etat. Le chef de l’Etat avait attribué cette résistance, au début du mois, à des « décisions systémiques » prises par le pays pour « renforcer sa souveraineté économique ». et sa sécurité technologique et alimentaire ».