Elon Musk, porte-voix et donateur stratégique majeur de Trump
Sur la photo retweetée par Elon Musk sur son compte X, les Steinle posent tout sourire, un gigantesque chèque en carton à la main. Cette famille de Caroline du Nord fait partie des heureux gagnants d’une loterie lancée il y a quelques jours par le milliardaire de la tech.
Félicitations, Andy! https://t.co/QaLyMZOJvk
– Elon Musk (@elonmusk) 23 octobre 2024
Devenu récemment l’un des principaux soutiens de la campagne Trump, Musk a promis d’offrir un million de dollars par jour à un électeur choisi au hasard qui signerait une pétition défendant la liberté d’expression et le port d’armes. Seule condition pour participer : être inscrit sur les listes électorales d’un des sept « swing states » américains où se jouera l’élection présidentielle du 5 novembre.
Le mercredi 23 octobre, le patron de Cette loterie controversée « montre jusqu’où Musk est prêt à aller pour booster la campagne de Donald Trump »a récemment remarqué le New York Times.
Une armée de solliciteurs rémunérés
L’initiative s’inscrit dans une stratégie sortie tout droit du cerveau du milliardaire au printemps : c’est à cette période que le patron de Tesla a secrètement lancé le Super PAC America, un comité d’action dont il est l’un des principaux donateurs, visant à inciter plus de 800 000 Américains indécis, vivant dans des États clés, à voter pour Donald Trump le 5 novembre. Outre la loterie, le plan prévoit le recrutement d’une armée de solliciteurs payés entre 20 et 40 dollars de l’heure (entre 18,50 euros). et 37 €) pour frapper à la porte des électeurs.
Musk semble s’être rallié à Trump par défaut plus tôt cette année, après que son candidat préféré à la primaire républicaine, le gouverneur de Floride, Ron de Santis, ait jeté l’éponge. Ce n’est qu’en juillet, juste après la tentative d’assassinat de l’ex-président en Pennsylvanie, que Musk a enfin officialisé son soutien à Trump.
Depuis, l’homme le plus riche du monde s’est lancé à corps perdu dans la campagne : en plus d’avoir versé près de 75 millions de dollars (65 millions d’euros) à l’America PAC, il prodiguerait des conseils à Trump, l’appelant plusieurs fois par semaine, selon les médias américains. Musk utilise également son compte X, suivi par quelque 201 millions de followers, comme porte-voix : il multiplie les tweets de soutien à Trump et relaie les discours anti-immigrés et diverses théories du complot.
Des raisons idéologiques… et stratégiques
Musk n’a cependant pas toujours adopté les idées de l’extrême droite. Cet ancien partisan d’Obama s’est défini dans le passé comme un libertaire, partisan du laissez-faire économique, mais « de tendance modérée ». Hostile aux climato-sceptiques, il a claqué la porte au conseil économique de Trump en 2017 après la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris.
Sa radicalisation politique est récente : selon son biographe Walter Isaacson, elle aurait été « partiellement déclenché » par la transition de genre d’un de ses enfants en 2020, qu’il a très durement vécue. Depuis, il s’est lancé dans une croisade contre « le virus réveillé », qu’il accuse les démocrates de diffuser à travers des lois protégeant les droits des personnes transgenres.
Le ralliement d’Elon Musk à Trump n’est cependant pas uniquement motivé par des raisons idéologiques. C’est aussi stratégique. En cas de victoire, le républicain s’est engagé à nommer le patron de SpaceX à la tête d’un « Commission sur l’efficacité du gouvernement » avoir le pouvoir de modifier certaines règles fédérales. De quoi donner à Musk une énorme influence sur les agences chargées de réguler ses entreprises comme SpaceX ou Tesla.
« On peut imaginer que le fonctionnement des sociétés de Musk sera soumis à une surveillance moins stricte et qu’il pourra négocier des contrats plus généreux sous une administration Trump »note Richard Barton, professeur à l’université de Syracuse, spécialiste d’économie politique. « Son calcul est astucieuxil note. Il est peu probable qu’il nuise à Harris si Harris gagne, et il a tout à gagner si Trump est élu. »