Elon Musk, partisan de Trump, publie une fausse vidéo de Kamala Harris éditée par l’IA

Elon Musk a partagé une fausse vidéo de Kamala Harris, candidate potentielle à la présidentielle démocrate aux Etats-Unis. Le patron de Twitter n’a pas précisé que la publication avait été générée par l’intelligence artificielle.

Elon Musk continue d’afficher sur les réseaux sociaux son soutien à Donald Trump dans la course à la Maison Blanche et, en même temps, de discréditer les déclarations des autres candidats. Ce vendredi 26 juillet, le propriétaire de X (anciennement Twitter) a partagé une fausse vidéo de la campagne américaine générée par l’intelligence artificielle (IA).

Dans ce dernier, on peut voir la vice-présidente Kamala Harris, candidate potentielle à l’élection présidentielle américaine, dont la voix a été manipulée numériquement à l’aide de l’IA pour lui adresser des propos inventés.

« Moi, Kamala Harris, je suis votre candidate démocrate à la présidence parce que Joe Biden a finalement exposé sa sénilité lors du débat », dit la voix dans la vidéo.

Elle affirme que Kamala Harris est une « recrue de la diversité » parce qu’elle est une femme et une personne de couleur, tout en affirmant qu’elle ne sait « rien de la gestion du pays ». Tout cela, tout en reprenant de nombreux éléments visuels d’un véritable spot de campagne diffusé la semaine dernière par le vice-président américain.

Le problème est qu’Elon Musk n’a pas indiqué dans son message sur Twitter (X) que la vidéo était une parodie générée par une intelligence artificielle. Le message du milliardaire, vu plus de 128 millions de fois, ne comporte que la légende « C’est incroyable ».

Les risques de la désinformation politique

Une vidéo qui ravive les inquiétudes sur le pouvoir de l’IA à l’approche de l’élection présidentielle américaine. En effet, les progrès de l’intelligence artificielle ont alimenté les craintes que la technologie puisse être utilisée pour diffuser de fausses informations et les « deepfakes », ces manipulations numériques de plus en plus réalistes. Des craintes qui seront d’autant plus marquées en 2024, année record en termes de nombre d’élections dans le monde.

Ce n’est pas la première fois que des deepfakes sont utilisés pour influencer les électeurs lors d’une campagne. En janvier dernier, un appel automatisé utilisant l’intelligence artificielle pour imiter la voix de Joe Biden avait demandé aux électeurs du New Hampshire de ne pas participer à l’élection. En France, des deepfakes de Marine Le Pen et Marion Maréchal avaient également suscité des craintes lors des élections européennes.

Dans le cas précis de cette vidéo, certains observateurs semblent inquiets. « La qualité n’est pas excellente, mais elle est suffisante. Et c’est précisément parce qu’elle alimente des thèmes préexistants qui circulent autour d’elle que la plupart des gens vont croire qu’elle est réelle », a déclaré à ABC News Rob Weissman, coprésident du groupe de défense Public Citizen.

D’autant qu’Elon Musk, dont le réseau social Twitter a été critiqué par l’Union européenne pour avoir diffusé de la désinformation, est l’une des voix les plus influentes de la plateforme.

Responsabilité des plateformes

« Nous pensons que le peuple américain veut la véritable liberté, l’opportunité et la sécurité que la vice-présidente Harris lui offre, et non les mensonges faux et manipulés d’Elon Musk et de Donald Trump », a déclaré Mia Ehrenberg, porte-parole de la campagne de Kamala Harris, dans un communiqué.

La vidéo questionne également la responsabilité et les politiques de modération des réseaux sociaux. Twitter interdit « le partage de médias synthétiques, manipulés ou hors contexte qui peuvent induire en erreur ou dérouter les gens et causer du tort », à l’exception des mèmes et de la satire « à condition qu’ils ne provoquent pas de confusion significative quant à l’authenticité des médias ».

Il existe également une fonctionnalité « notes communautaires », qui permet aux utilisateurs d’ajouter du contexte à une publication. Plus de sept notes communautaires ont été proposées selon la New York Times sous le tweet d’Elon Musk, mais aucune n’a été acceptée.