Elles en ont marre : pour Octobre Rose, les Charentaises dénoncent le manque de rendez-vous pour les mammographies
Soutenue par Nicole Bonnefoy, la sénatrice et amie, l’épouse de Franck Bonnet, le maire de Saint-Fraigne décédé en 2022, a accepté…
Soutenue par Nicole Bonnefoy, la sénatrice et amie, l’épouse de Franck Bonnet, le maire de Saint-Fraigne décédé en 2022, a accepté de poser les seins exposés sous l’objectif de Silvana Delaunay, photographe de Ruffec, en compagnie d’autres personnes. des femmes, dont les élues Sandrine Précigout et Nelly Vergez, conseillères départementales, Nathalie Landrevie, maire d’Alloue et Christine Soury, maire de Valence. Le poids des mots, le choc des photos. Et un slogan : « Mettons les seins sur la table ». Sur la place publique, à défaut de pouvoir les poser sur la table de radiographie.
« Si seulement on avait le droit de mourir quand on habite en province… »
En juin dernier, Annette Bonnet découvrait une grosse bosse sur un sein. Son médecin confirme ses craintes et lui envoie un courrier pour réaliser rapidement une mammographie. « J’ai essayé tous les hôpitaux de Charente. A Girac, on m’a dit de vérifier auprès de Soyaux. Mais à Soyaux (au centre de radiologie, qui ne dépend pas de la Clinique, NDLR), on m’a proposé le 25 mai 2025. J’ai également contacté Bordeaux, Limoges et Poitiers. » Même son médecin appelle pour lui faire pression. La première date est fin septembre, à Bordeaux.
Avec cette boule qu’elle sent grandir sous ses doigts, chaque jour qui passe est un jour de trop. « Sur les conseils d’un ami, j’ai appelé l’Institut Curie à Paris. Ils m’ont dit ‘viens demain’. Résultat : les deux seins sont touchés, dont un fortement touché. Jeudi dernier, elle a été opérée. Ablation totale d’un sein, ablation partielle d’un autre. Une grande étape dans un parcours encore semé d’embûches où l’attendent chimiothérapie et radiothérapie. Aujourd’hui, une question la hante : que lui aurait fait ce cancer si elle avait attendu le 25 mai 2025 ? « J’ai ressenti un abandon total. Si seulement on avait le droit de mourir quand on habite en province… », lance Annette, entourée de ses enfants.
Son histoire, c’est aussi celle des femmes qui l’entourent ce dimanche. Magalie Dupin, qui habite à Roumazières, a mis un an et demi pour pouvoir obtenir un rendez-vous, dans le cadre de la projection organisée. « On me disait à chaque fois de rappeler le prochain trimestre. J’ai fini par me forcer à prendre rendez-vous. Finalement, le médecin découvre une tumeur cancéreuse. »
Une sélection par l’argent
Hélène Gingast enlève son écharpe de maire pour parler de son expérience de femme. « Je n’ai eu aucun suivi gynécologique depuis deux ans et le départ à la retraite de mon gynécologue, et les sages-femmes du secteur sont saturées. » Impossible également pour Nelly Vergez de trouver un rendez-vous pour ses filles. « Il n’y en a plus. Cependant, c’est important lorsqu’on parle de contraception et de MST. Nous avons fini par trouver une sage-femme à Bordeaux, où elle étudie. » « Et la jeune fille qui reste à Angoulême ? » demande Nicole Bonnefoy, qui prend désormais tous ses rendez-vous à Paris.
« Une inégalité de traitement et de territoires », résume le sénateur qui avait déjà râlé l’année dernière. Une sélection par argent aussi. « J’ai eu la chance, concède Annette Bonnet, de pouvoir aller à Paris, mais cela a eu un prix. Ce sont des frais de train et d’hôtel car j’en ai fait des biopsies. Il a fallu trouver un logement. » A l’Institut Curie, on n’a pas été surpris de la voir arriver de Charente. « Ils m’ont dit que c’était très courant. »
« Il y a des femmes qui n’ont plus de suivi, qui abandonnent. On veut dénoncer le parcours du combattant qu’il s’agit, avant même de savoir si on est malade, poursuit Nicole Bonnefoy. C’est un cri d’injustice. Nous exigeons un meilleur accès à la prévention. Je l’ai déjà dit à mes collègues du Sénat. Dans le rapport de la délégation aux droits des femmes, les inégalités dans l’accès aux soins sont flagrantes. C’est moins d’espérance de vie. » En Charente, on compte 130 praticiens (généralistes et spécialistes) pour 100 000 habitants contre 234 à Paris et 340 à Nice.
Barbezieux le plus rapide
CL a passé le test ce lundi, alors que la période des vacances d’été, encore plus critique, est passée. Nous avons appelé pour obtenir une mammographie, sur prescription médicale, comme dans le cas d’Annette Bonnet. A Angoulême, Girac propose un rendez-vous dans un an. A Soyaux, les standards de service dédiés sont saturés, le répondeur vous conseille de prendre rendez-vous par mail. A Cognac, la première date est le 10 juin. Le salut vient finalement des petites villes : à Ruffec, rendez-vous le 29 novembre et à Barbezieux le 10 octobre !