Alors que la campagne électorale américaine a laissé peu de place aux questions climatiques, Donald Trump a dû trouver de nouveaux angles d’attaque après le retrait de la course du président Joe Biden, et l’un d’eux est de répéter de fausses informations sur la politique climatique des démocrates, alimentant la désinformation en ligne.
« Kamala (Harris) a appelé à réduire la consommation de viande rouge pour lutter contre le changement climatique », a déclaré le candidat républicain lors d’un meeting dans le Minnesota fin juillet. « Elle veut se débarrasser des vaches (…). J’imagine qu’à un moment elle s’en prendra aussi aux humains », a-t-il ajouté, faisant écho aux théoriciens du complot qui accusent la démocrate de vouloir « réduire la population » depuis que la vice-présidente a fait un lapsus l’an dernier, en voulant dire « réduire la pollution ». Le colistier de Donald Trump, JD Vance, lui a emboîté le pas début août à Atlanta, accusant Kamala Harris d’avoir un projet d’interdiction des réchauds à gaz.
Pour Thanksgiving 2023, une photo de Kamala Harris et de son mari chez eux devant une cuisinière à gaz a donné matière à réflexion aux ultraconservateurs sur les réseaux sociaux. Même chose lorsque la vice-présidente avait déclaré en 2019 qu’elle adorait « manger un cheeseburger, de temps en temps ».
« Une tactique éprouvée »
La candidate n’a jamais dit qu’elle souhaitait supprimer les cuisinières à gaz ou réduire la consommation de viande rouge, même si elle est favorable à un changement des recommandations nutritionnelles. « Une tactique éprouvée en politique consiste à déformer les positions de son adversaire pour les rendre extrêmes et inacceptables », explique Edward Maibach, du Center for Climate Change Communication de l’université George Mason.
Les deux républicains s’en donnent également à cœur joie avec la position de la candidate sur la fracturation hydraulique, une technique notamment utilisée pour l’extraction du gaz de schiste par l’industrie pétrolière et gazière, soutenue par les républicains. Après s’être élevée contre cette pratique lors de la campagne présidentielle de 2020, Kamala Harris a récemment évité les questions sur le sujet.
Plus à gauche que Biden
Mais, en général, les militants écologistes sont plutôt favorables à ses positions, jugées plus à gauche que celles de Joe Biden, qui a poussé à l’Inflation Reduction Act (IRA), un vaste programme favorisant la transition énergétique. Ils apprécient aussi son bilan face aux majors pétrolières lorsqu’elle était procureure générale de Californie.
Contactée, la porte-parole de Kamala Harris, Lauren Hitt, n’a pas répondu aux attaques des républicains mais a déclaré que Kamala Harris souhaitait « un avenir dans lequel tous les Américains respirent de l’air pur, boivent de l’eau propre et ont accès à une énergie sûre et abordable ». La League of Conservation Voters, qui milite pour l’environnement, a qualifié la campagne de désinformation de l’équipe républicaine de « tactique de peur ridicule » visant à saper « les progrès sur le climat ».
Les enjeux climatiques chers à un tiers des électeurs
Donald Trump, farouche opposant à l’IRA, a promis, s’il était réélu, d’extraire du pétrole « à tout prix » et s’interroge régulièrement sur les menaces liées au changement climatique. « La plus grande menace n’est pas le réchauffement climatique, avec une montée des océans de quelques millimètres seulement au cours des 400 prochaines années », a-t-il répondu à Elon Musk, lors d’un échange au cours duquel le patron de X, Tesla et SpaceX venait d’évoquer la possibilité d’un avenir « plus durable », notamment grâce à l’énergie solaire, sans pour autant « diaboliser » l’industrie pétrolière. Le milliardaire de la tech n’a pas contredit Donald Trump lorsque ce dernier a enchaîné avec une théorie sur le « réchauffement nucléaire », balayant d’un revers de main les questions climatiques.
Pourtant, ces questions seront chères à un tiers des électeurs inscrits au moment de voter, selon un récent sondage. « Les attaques de Trump et Vance (…) pourraient faire plus de mal que de bien » au petit groupe d’électeurs encore indécis pour qui le changement climatique est important, estime Edward Maibach.