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Elle perd son emploi après avoir accepté un verre de son patron

Une employée de Pascan Aviation a perdu son emploi après avoir accepté un verre de son patron lors d’une soirée arrosée à la maison de repos des équipages de l’entreprise aux Îles-de-la-Madeleine.

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« C’était un piège », s’insurge Caroline Bédard, conseillère syndicale au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). « Un superviseur, donc un représentant de l’employeur, a participé à l’infraction. Ça n’a pas de sens ! »

Le 26 juin, l’employée en question a poussé la porte de la petite maison verte au toit gris qui sert de logement aux équipages de Pascan Aviation aux Îles, pensant y trouver du repos en prévision de son vol du lendemain.

À l’intérieur, l’ambiance est à la fête puisqu’un superviseur organise une fête pour « remercier » les employés qui travaillent sur le terrain.

La fête bat son plein

En principe, l’hôtesse de l’air ne peut pas consommer d’alcool, puisqu’elle a un vol dans moins de 12 heures, mais la superviseure, qui est au courant, lui offre quand même un verre, qu’elle accepte volontiers, se disant qu’il ne devrait pas y avoir de problème.

« Il m’en a servi plus d’un », a-t-elle dit, s’exprimant sous couvert d’anonymat. « Du vin et de la bière », a-t-elle ajouté, ajoutant qu’elle ne savait pas combien de verres elle avait bu ce soir-là.


L'équipage du Pascan se repose aux Îles-de-la-Madeleine.

Photo Guy Martel / Agence QMI

Le cœur à la fête, les « huit ou neuf » invités continuent de s’amuser jusqu’à 23h30 environ, puis chacun rentre chez soi, et notre hôtesse de l’air monte se coucher.

« Le lendemain matin, j’étais prête à travailler », dit-elle. « Ensuite, tout est resté là, je n’ai plus rien entendu pendant un mois. »

Journée difficile après

Le 24 juillet, l’hôtesse de l’air est convoquée à une réunion avec ses supérieurs. On lui annonce qu’une enquête a été ouverte sur ce qui s’est passé quelques semaines plus tôt dans la petite maison verte.

Anxieuse, l’employée s’est alors mise en arrêt maladie pendant quelques semaines, avant d’être rappelée le 20 août. « C’est à ce moment-là qu’ils m’ont annoncé que j’étais congédiée », raconte-t-elle, horrifiée par les événements.

Le SCFP estime que cette employée n’aurait pas été congédiée si elle n’avait pas été vice-présidente du syndicat. « Il s’agit de représailles de la part de l’employeur », affirme Mmemoi Bédard, qui allègue que d’autres employés dans la même situation s’en sont tirés avec rien de plus qu’une petite tape sur les doigts. Les employés ne sont pas testés avant de prendre l’avion, ce qui signifie que personne ne peut savoir s’ils ont consommé de l’alcool la veille, à moins d’être dénoncés ou pris en flagrant délit.

« Maison de fête »

Le conseiller syndical déplore également que la maison de repos semble avoir perdu sa vocation première. « Les patrons utilisent la maison des équipages, ils y arrivent avec leur famille. Elle se transforme parfois en « maison de fête ». Ils ne sont pas assez stricts sur le fait que c’est une maison pour que les équipages se reposent », argumente Mmoi Bédard.

Et cela pose un problème de sécurité, puisque même sans participer aux fêtes, les salariés ont parfois du mal à dormir lorsque d’autres font la fête trop bruyamment dans les espaces communs.

«Quand on n’a pas dormi, c’est aussi mauvais que si on avait bu la nuit précédente», explique le conseiller du SCFP.

Invitée à réagir, Pascan Aviation a préféré ne pas commenter, affirmant qu’il s’agissait d’un cas de «gestion interne». «Évidemment, nous réfutons les allégations du syndicat», a simplement ajouté le directeur financier de l’entreprise, Yani Gagnon.

Rappelons que Pascan est l’un des principaux transporteurs aériens régionaux du Québec. La compagnie offre des vols quotidiens vers une dizaine de municipalités du Québec, du Nouveau-Brunswick et du Labrador.

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