« Elle est irréelle »… Katie Ledecky devient la femme la plus décorée de l’histoire des Jeux

À Paris La Défense Arena,

Il aurait aimé ajouter un petit bibelot à sa collection, mais le cinquième devra attendre dimanche. Léon Marchand, engagé dans cette épreuve un peu baroque qu’est le relais mixte 4×100 m quatre nages ce samedi soir, n’a pas pu porter l’équipe de France sur le podium, avec Yohann Ndoye-Brouard, Marie Wattel, Beryl Gastaldello. Les Bleus doivent se contenter de la 4e place, et pour un soir Marchand a laissé son siège de monarque de la natation à Katie Ledecky.

Un empire sur 800m

L’Américaine peut se targuer d’un palmarès à rendre les Françaises envieuses. Arrivée à Paris avec 10 médailles à son palmarès, dont sept titres, la reine du demi-fond repartira comme une légende absolue. Après avoir décroché l’or sur 1500 m mardi, elle a remporté le 800 m lors de cette avant-dernière soirée olympique, devenant ainsi la femme la plus sacrée de l’histoire des Jeux, aux côtés de la gymnaste soviétique Larissa Latynina (neuf médailles d’or entre 1956 et 1964).

Plus que ce chiffre, elle retient surtout le fait d’avoir remporté cette distance de 800 m quatre fois de suite depuis Londres, en 2012. « C’est le record qui signifie le plus pour moi, assure-t-elle. Je m’étais mis beaucoup de pression, donc je suis très contente de cet exploit. »

Pour y arriver, la bataille a été une nouvelle fois rude face à Ariarne Titmus, sa meilleure rivale. L’Australienne avait remporté la première manche, le premier jour de compétition le week-end dernier, sur 400 m. Cette fois, elle n’a rien pu faire. Titmus ne s’en formalise pas. Elle ne connaît que trop bien la valeur de son adversaire, avec qui elle s’entend très bien en dehors du bassin. « Je l’ai défiée, jusqu’au bout. J’ai tout donné, mais elle avait juste un peu plus dans les jambes à la fin », observe-t-elle, avant de rendre un chaleureux hommage à l’Américaine :

 » C’est une championne absolue. Je sais combien il est difficile de défendre un titre. C’est certainement plus difficile de gagner une deuxième fois, donc être au sommet pendant plus de 12 ans, c’est tout simplement incroyable. Je lui ai dit après la course, elle a fait de moi une meilleure athlète, je respecte totalement ce qu’elle a fait dans ce sport, plus que quiconque. Elle gagne cette course depuis que j’ai 11 ans et j’aurai 24 ans le mois prochain. C’est tout simplement remarquable. Elle est irréelle. »

Ledecky s’était révélée à Londres, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Depuis, elle n’a cessé de gagner, construisant un empire sans frontière sur la longue distance. Deux chiffres pour concrétiser sa domination : elle détient les 29 meilleurs temps de l’histoire sur 800 m, et les 19 meilleurs sur 1 500 m. In-vi-vable-ment.

Le pire dans tout cela, du moins pour ses adversaires, c’est qu’elle semble avoir trouvé à Paris la motivation pour aller encore plus loin. Alors qu’elle pensait disputer ses derniers JO en France, Ledecky ne ferme plus la porte à Los Angeles 2028. « J’adorerais, mais ce n’est pas facile, confie-t-elle. Je vais prendre les choses en main année après année et donner tout ce qu’il me reste le plus longtemps possible. »

NOTRE DOSSIER JO PARIS 2024

Ces Jeux se dérouleront chez elle, et après tout, elle n’aura que 31 ans. Alors pourquoi ne pas pousser un peu plus loin et ajouter à un palmarès déjà irréel, rempli en plus de ses médailles olympiques de 21 titres mondiaux – un de plus que Michael Phelps. Star « normale », souriante et toujours à l’écoute des autres, elle ferait sans aucun doute plaisir à tout un pays, pour qui la natation est un sport éminemment important.