Elior : La prudence d’Elior sur ses perspectives est fortement sanctionnée en Bourse
(BFM Bourse) – Le groupe de restauration collective a livré sur l’ensemble de son exercice 2023-2024 des résultats supérieurs aux attentes. Mais l’entreprise a annoncé des objectifs prudents pour l’exercice en cours.
En raison de son flottant limité (51,9%), Elior reste une valeur très volatile et ses cours ont parfois tendance à réagir violemment à ses publications.
C’est encore le cas ce mercredi. Le titre du groupe de restauration collective plongeait de 20% vers 11h30, accusant de loin la plus forte baisse du SBF, après que l’entreprise a publié les résultats de l’ensemble de son exercice 2023-2024, clos fin septembre dernier.
En effet, les comptes annuels d’Elior n’ont pas réservé de mauvaises surprises. Après plusieurs années difficiles, marquées par la hausse du coût du travail et de l’alimentation, le groupe a sorti la tête de l’eau.
D’octobre à fin septembre, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 6,05 milliards d’euros, en hausse de 5,1% à base comparable, en ligne avec les attentes du consensus qui tablait sur un chiffre d’affaires de 6,04 milliards d’euros et une croissance de 5,3% à base comparable, selon Oddo BHF.
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Rentabilité supérieure aux attentes
Le résultat opérationnel ajusté retraité de certains éléments (Ebita) a augmenté de plus de 2,5 fois à 167 millions d’euros, pour une marge correspondante de 2,8 %. Le consensus anticipait un taux de 2,7%.
Elior explique avoir notamment bénéficié de son recentrage sur des contrats plus rentables et des mesures d’efficacité opérationnelle permises par l’intégration de DMS, la branche multiservices (nettoyage, désinfection) de Derichebourg. Cette activité a été reprise par Elior en avril 2023. En échange de l’apport de DMS dans le groupe de restauration collective, Derichebourg a porté sa participation à environ 48 % du capital d’Elior.
Oddo BHF constate toutefois que le résultat net restait en perte (-41 millions d’euros) alors que les analystes tablaient sur un léger bénéfice de 7 millions d’euros.
Indicateur clé du secteur de la restauration collective, le taux de fidélisation de la clientèle d’Elior est en légère baisse, à 91,2 % à fin septembre contre 92 % un an plus tôt. Cela s’explique cependant par la volonté du groupe de mettre fin aux contrats non rentables, une initiative qui a pesé 1,5 point de pourcentage sur ce taux de rétention.
Par ailleurs, le levier d’endettement, c’est-à-dire la dette nette rapportée au résultat brut d’exploitation (Ebitda) sur douze mois glissants, s’établit à 3,8 contre 5,4 à fin septembre 2023. L’entreprise est ainsi largement sous son « covenant », c’est-à-dire son taux d’endettement maximum autorisé par ses créanciers, de 4,5.
« Cette publication annuelle est rassurante sur le développement opérationnel du groupe, notamment sur la rentabilité, la mise en œuvre des synergies et la réduction des coûts », apprécie enfin Oddo BHF.
Des perspectives trop justes
Le problème vient des perspectives pour l’exercice 2024-2025 fournies par Elior. La société a indiqué s’attendre à une croissance du chiffre d’affaires comprise entre 3% et 5%, une marge Ebita supérieure à 3%, ainsi qu’un levier d’endettement inférieur à 3,5 à fin septembre 2025.
C’est un peu timide par rapport aux attentes puisque, selon Oddo BHF, le consensus espérait une croissance de 4,6% à base comparable pour 2024-2025, une marge d’Ebita de 3,4% et un ratio d’endettement à 2,9.
TP ICAP Midcap qualifie ces objectifs 2024-2025 de « prudents ». « Bien que nous comprenions parfaitement la prudence de la direction et sa volonté de sur-performer comme en 2024, prendre la fourchette médiane des prévisions impliquerait une réduction de -25% de nos attentes en matière de bénéfice par action pour 2024 », explique le bureau. ‘études.
« Le marché sanctionne la communication quelque peu prudente du groupe mais à ce stade cette prudence peut être justifiée », relativise un analyste.
A noter que dans sa communication sur ses perspectives, Elior explique continuer d’évaluer « les opportunités d’optimiser sa structure de capital et le profil de maturité de sa dette en tenant compte des conditions actuelles de marché ».
« Même si toutes les options sont ouvertes, nous comprenons qu’une augmentation de capital ne soit pas à l’ordre du jour », juge Oddo BHF.
L’analyste cité précédemment fait la même déduction. « Derichebourg n’a pas intérêt à augmenter son capital car celui-ci serait dilué », explique-t-il.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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