Les Bleus n’avaient jamais perdu face aux Brésiliens en douze confrontations, depuis vingt et un ans. L’impressionnante série s’est achevée au pire moment possible, samedi 3 août, lors des quarts de finale des Jeux olympiques (JO).
Au stade de la Beaujoire à Nantes, l’équipe de France féminine de football, battue (0-1) par le Brésil, avait toutes les cartes en main pour atteindre le dernier carré de la compétition : un penalty manqué par Delphine Cascarino en début de match, une transversale sur une tête de Griedge Mbock avant la pause et, après la pause, une nouvelle tête de la meilleure buteuse Marie-Antoinette Katoto. Mais ce sont leurs adversaires, tenaces et athlétiques, qui ont inscrit l’unique but de la rencontre par l’intermédiaire de l’irrépressible Gabi Portilho dans les dix dernières minutes du match.
Echec après échec, la malédiction des quarts de finale a encore frappé. La France, deuxième nation au classement de la Fédération internationale de football (FIFA), a échoué sept fois à ce niveau lors de ses huit dernières participations à un Euro, une Coupe du monde ou des Jeux olympiques. Circonstances aggravantes, deux de ces dernières éliminations ont eu lieu à domicile : au Parc des Princes contre les Etats-Unis, il y a cinq ans, et ici, à Nantes. Les Bleues n’ont connu que les demi-finales, une quasi-anomalie, à l’Euro 2022. « La malédiction continue »a reconnu Marie-Antoinette Katoto.
« Ne regrette rien »
Il manque quelque chose à ce groupe. Peut-être cette mentalité de vainqueur qui fait les grandes équipes, à l’image des champions du monde espagnols menés l’après-midi par les Colombiens avant de renverser le score. Peut-être aussi la justesse technique, symbolisée par l’inefficacité devant le but. Ou peut-être une incapacité à répondre à la malice de l’adversaire, qui a joué avec ses armes, parfois à la limite de la légalité, agaçant le sélectionneur français, Hervé Renard, pour qui « Le football n’est pas sorti vainqueur »L’équipe féminine brésilienne n’a en effet plus grand chose à voir avec sa réputation de virtuose du football.
Dans un passé récent, les coéquipières de la capitaine Wendie Renard les avaient éliminées en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2019. L’an dernier, elles s’étaient également imposées face à elles en match de poule lors de la dernière Coupe du monde, en Australie. « Il faut maintenir cette statistique. Il ne faut pas avoir de regrets. »a d’ailleurs insisté Hervé Renard. « Dans ces rencontres, seul l’esprit compte. Ce qui compte, c’est le supplément d’âme, c’est la tête. »avait prévenu en conférence de presse d’avant-match, l’expérimentée Amandine Henry, qui avait inscrit, au bout du suspense en 2019, le but victorieux des Tricolores face au Brésil.
Nommé en mars 2023 pour remplacer Corinne Diacre, Hervé Renard quitte son poste, comme prévu avant le tournoi, suite à cette élimination amère. « Quand on ne se qualifie pas pour une demi-finale, c’est un échec »a-t-il déclaré dans la zone mixte. Si vous voulez dire que c’est un échec, dites-le. C’est une analyse simple et j’ai une analyse globale de tout le travail mis en place. Je trouve que nous n’avons pas été récompensés à notre juste valeur. » Le technicien français reconnaît seulement que ses joueurs n’étaient pas « assez réaliste »un leitmotiv depuis qu’il a pris les rênes des Bleus.
Euro 2025, la prochaine étape
Les entraîneurs passent et les déceptions demeurent. La responsabilité des joueurs, qui n’ont pas su répondre présents lors des grands rendez-vous, se pose. La plupart d’entre eux n’ont pas su expliquer leur élimination dans le feu de l’action, oscillant entre immense déception et perception positive de leur performance. « La première fois que je sens l’équipe si uniea réagi Sakina Karchaoui. On aurait pu faire mieux devant le but, moi, le premier avec mon penalty. On a déçu les supporters, on a déçu la France et nous, les premiers.
Impeccable lors de ce tournoi olympique, la buteuse Marie-Antoinette Katoto ne sait pas « Comment les Blues ont perdu ce soir » : « Sur le terrain, l’impression n’est peut-être pas la même qu’en dehors »Présent aux côtés des joueuses françaises depuis le début des Jeux Olympiques, le vice-président de la Fédération française de football (FFF), Jean-Michel Aulas, en charge du football féminin, n’a pas souhaité réagir : « Je vous laisse voir avec le président (de la FFF, Philippe Diallo). » C’est une déception. Nous avions de grandes ambitions et les moyens de les réaliser. Nous avions l’équipe pour mais nous n’avons pas été à la hauteur. « a livré Philippe Diallo.
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Quant à l’entraîneur Hervé Renard, ému lorsqu’il a abordé la question de son staff – « des gens extraordinaires qui m’entouraient » –, Il revient au football masculin avec le cœur lourd : « J’avais tout et je n’ai pas réussi. »
C’est aux joueurs de démarrer une nouvelle campagne, avec un nouvel entraîneur à leurs commandes. « On ne lâchera rien, on fera tout pour passer ces quarts. On est la France. On a trop de bons joueurs pour ne rien gagner. »a plaidé Marie-Antoinette Katoto. Prochaine tentative pour le football féminin français : l’Euro 2025, en Suisse, du 2 au 27 juillet.
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