Dans son camp, nombreux étaient ceux qui lui demandaient de rester discret pendant la campagne pour les législatives anticipées. Mais, visiblement, Emmanuel Macron ne l’entendait pas de cette oreille. Selon nos informations, le président envisageait même, quelques jours après sa conférence de presse du mercredi 12 juin, une nouvelle allocution, en prime time, à la télévision pour mobiliser les électeurs et tenter de convaincre les Français du bien-fondé de sa dissolution surprise au soir des élections européennes.
L’Élysée a commencé par discuter avec les rédactions de France 2 et TF1 pour un très traditionnel JT de 20 heures le dimanche 23 juin. Avant de changer d’avis… pour opter pour un format beaucoup moins traditionnel. Les communicants d’Emmanuel Macron ont eu l’idée de se tourner vers l’animatrice Faustine Bollaert, dont l’émission, « Ça commence aujourd’hui » cartonne à la mi-journée sur France 2. Un rendez-vous quotidien où les Français se dévoilent et racontent leurs histoires intimes. « C’était une idée parmi tant d’autres », confirme un proche du chef de l’Etat.
Un conseiller du président a appelé Faustine Bollaert le 21 juin pour lui proposer le concept. Contactée par Le Parisien – Aujourd’hui en France, l’animatrice n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais, sous couvert d’anonymat, un responsable de France Télévisions a déclaré : « Ce n’était pas un numéro spécial de Ça commence aujourd’hui, « Mais un grand entretien en tête-à-tête, histoire de faire craquer l’armure. » « Il voulait revenir sur la dissolution, sur ce qu’elle a pu impliquer pour lui en tant que président de la République », a ajouté un proche d’Emmanuel Macron.
Faustine Bollaert n’est pas très enthousiaste à l’idée. Elle décline poliment. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonne à nouveau, et cette fois, c’est… le président lui-même à l’autre bout du fil qui tente de la convaincre. Lorsqu’elle raccroche, la journaliste prévient la direction de France Télé, se donne quelques heures pour réfléchir avant de finalement dire non. « Elle trouvait que ce type d’interview dans ce contexte était inapproprié », poursuit la haute dirigeante de la télévision publique. Et la même de souligner : « Elle avait aussi peur que cela ne soit pas bien compris par ses téléspectateurs. »
La démarche du président n’a pas non plus été comprise par certaines personnalités de l’ancienne majorité, très méfiantes à l’égard de cette initiative télévisée et qui ont tout fait pour le dissuader d’y participer. L’Élysée optera finalement pour un mode d’expression plus solennel : une Lettre aux Français, envoyée dimanche 23 juin.