Des gens regardent les résultats du vote en direct au Centre national des résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) à Midrand, en Afrique du Sud, le 31 mai 2024 (AFP / Michele Spatari)
L’ANC, au pouvoir en Afrique du Sud depuis trente ans, se dirige vers un revers historique aux élections législatives, avec les résultats du dépouillement à 85% annonçant la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée et l’obligation de former un gouvernement de coalition. .
A 20H00 GMT, le Congrès national africain (ANC) a recueilli 41,12% des suffrages dépouillés, selon la Commission électorale (CEI), restant en dessous de la barre cruciale des 50%. Le parti a obtenu 57 % des voix lors des dernières élections législatives, en 2019.
Le premier parti d’opposition (Alliance démocratique, DA, centre libéral) dispose actuellement de 21,95% des suffrages. Le tout récent parti populiste Umkhonto We Sizwe (MK) du sulfureux ex-président Jacob Zuma, a fait une percée à 13,5%, tandis que les radicaux de gauche des Combattants de la liberté économique (EFF) stagnaient à 9,4%.
La participation s’élève actuellement à 58,47%, en baisse par rapport aux 66% enregistrés lors des élections précédentes. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant samedi au plus tôt.
A l’issue du scrutin le plus contesté de l’histoire de la démocratie née dans le pays avec l’élection de Nelson Mandela en 1994, 400 députés seront élus. Ils choisiront le prochain président.
Des représentants de l’ANC surveillent les résultats du vote en direct au Centre national des résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) à Midrand, en Afrique du Sud, le 31 mai 2024 (AFP / Michele Spatari)
Depuis le début du décompte mercredi soir, les résultats partiels reflètent les prévisions des experts et des sondages d’opinion de ces dernières semaines, qui donnaient entre 40 % et 47 % d’intentions de vote à l’ANC.
La désillusion des 62 millions d’habitants de l’Afrique du Sud, alimentée par un chômage endémique, une pauvreté croissante et une criminalité record, semble avoir vaincu leur loyauté obstinée envers le parti qui a libéré le pays de la ségrégation raciale.
Pour de nombreux électeurs, le parti qui a longtemps incarné le rêve d’une nation ayant accès à l’éducation, au logement et aux services de base, n’a pas tenu ses promesses.
Le quotidien est empoisonné par les coupures récurrentes d’eau et d’électricité. Et les scandales de corruption répétés impliquant de hauts dignitaires du parti ont entamé la confiance.
– Le pays zoulou aux mains de Zuma –
Le parti historique, qui détient actuellement 230 sièges de députés (57,5%), devrait rester la formation politique la plus importante à l’Assemblée nationale. Affaibli, il devra se résoudre à nouer des alliances et à négocier la formation d’un gouvernement de coalition.
Le chef de l’Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen, au centre, entouré de médias au centre national des résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) à Midrand, en Afrique du Sud, le 31 mai 2024 (AFP / Michele Spatari)
Experts et observateurs peinent encore à prédire quelle pourrait être la formule, mais les dirigeants des partis ont déjà exprimé leur avis.
« Nous n’entrerons pas en discussion avec l’ANC de Cyril Ramaphosa », a insisté le porte-parole du député, Nhlamulo Ndhlela. « Nous dialoguerons avec l’ANC mais pas avec l’ANC de Cyril Ramaphosa. »
L’ANC devra en effet choisir entre faire des concessions avec le DA, qui a promis de « sauver l’Afrique du Sud » par la privatisation et la déréglementation. Ou s’il risque un rapprochement avec l’EFF et ses revendications incendiaires comme la redistribution des terres aux noirs et la nationalisation de secteurs économiques clés.
Le parti devra également déterminer s’il est prêt à un pacte avec MK, dirigé par l’ancien pilier de l’ANC Jacob Zuma, déclaré inéligible. Mais le fossé entre le président Cyril Ramaphosa et son prédécesseur zoulou Jacob Zuma, ennemis politiques de longue date, sera difficile à combler, anticipent les experts.
Composition du Parlement sortant d’Afrique du Sud, avant les élections du 29 mai (AFP / Guillermo RIVAS PACHECO)
Le MK est sur le point de remporter la province zouloue (Est), fief traditionnel du parti au pouvoir et province clé rassemblant plus de 20% de l’électorat. Il est en tête avec près de 45,5% des voix contre un peu plus de 18% pour l’ANC.
Une nette victoire du petit parti de la région porterait un coup supplémentaire à Ramaphosa, 71 ans, qui table sur un second mandat mais dont la continuité pourrait être compromise si les résultats décevants de son parti se confirmaient.