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Élections législatives 2024 : un ministre israélien soutient Jordan Bardella

Le « cordon sanitaire » établi autour du Rassemblement national se desserre en Israël. Pour la première fois, un ministre, membre du Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu, a salué publiquement mercredi sur son compte X les déclarations faites en début de semaine par le candidat du Rassemblement national à Matignon Jordan Bardella contre la création d’un Etat palestinien et son engagement à être un « bouclier » contre la montée de l’antisémitisme.

Amichai Chikli, chargé des Relations avec la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme dans le monde, a qualifié ces déclarations de « dramatiques », au sens positif du terme. « Nous sommes très heureux de la perspective d’établir un dialogue positif » avec le Rassemblement national, a ajouté ce ministre.

Il avait déjà fait un pas dans cette direction le mois dernier en se faisant photographier avec Marine Le Pen lors d’une conférence organisée à Madrid par Vox, parti espagnol d’extrême droite. A cette occasion, le ministre israélien avait rendu hommage sur Facebook à la « solidarité montrée par Marine Le Pen avec la communauté juive après le 7 octobre », lorsque des commandos du Hamas ont semé la mort dans le sud d’Israël.

Fin du boycott

Ce rapprochement met quasiment fin au boycott d’Israël contre Jean-Marie Le Pen en raison du caractère outrancier de certaines de ses déclarations sur la Shoah. Cette « zone stérile » autour du fondateur du Front national, selon l’expression d’un diplomate israélien, avait ensuite été maintenue avec Marine Le Pen car ce nom de famille restait tabou. Elle n’a jamais été invitée en Israël. Amichaï Chikli, membre de la ligne dure du Likoud, estime désormais que ce rejet n’a plus de raison d’exister.

Il a également diffusé sur son compte X une partie d’un discours prononcé lundi par Jordan Bardella, accompagné d’une traduction en hébreu. Pour rappel, Jordan Bardella a estimé que la position traditionnelle de la France en faveur d’une solution de deux Etats israélien et palestinien « est rendue obsolète par les exactions du Hamas. Reconnaître un Etat palestinien en ce moment reviendrait à reconnaître le terrorisme et à accorder une légitimité politique à une organisation qui prévoit dans sa charte la destruction de l’Etat d’Israël ». Jordan Bardella s’est également engagé à « être un bouclier contre la montée de l’antisémitisme, contre la montée de plus en plus forte de l’islam radical ».

Revers diplomatiques

Ces déclarations ont été d’autant plus appréciées que le gouvernement de Benjamin Netanyahu a subi une série de sérieux revers diplomatiques sur le front extérieur alors que la Norvège, l’Irlande et l’Espagne ont récemment reconnu un État palestinien et que d’autres États ont annoncé qu’ils étaient sur le point de lui emboîter le pas.

La question est de savoir si Amichai Chikli, devenu une sorte de « deuxième ministre des Affaires étrangères », comme le décrit le quotidien de droite Israel Hayom, est réellement représentatif de la position officielle israélienne. La seule certitude est qu’il s’est spécialisé dans la recherche d’alliés étrangers parmi les dirigeants et partis d’extrême droite et populistes aspirant au pouvoir, aux Pays-Bas, en Suède, en Espagne et en Hongrie notamment. Il a même commis un grave faux-pas en mars, lorsqu’il avait déclaré vouloir que Donald Trump séduise Joe Biden.

Face à cet activisme, Israël Katz, le ministre officiel des Affaires étrangères, est resté muet sur le sujet des relations à entretenir avec le Rassemblement national. « Cette prudence s’explique par la volonté de ne pas susciter d’accusations d’ingérence dans les affaires françaises à l’approche des élections, mais aussi par une volonté de préserver son propre territoire face aux empiétements d’Amichaï Chikli sur les questions relevant de la diplomatie », explique un ancien haut fonctionnaire des Affaires étrangères. Selon lui, cependant, le gouvernement israélien, quelles que soient ses réticences passées, n’aura d’autre choix que de recevoir un jour Jordan Bardella, dans le cas où il deviendrait Premier ministre.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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