Élections législatives 2024 : la gauche face à un nouveau faux procès pour antisémitisme
Un drame – antisémite et sexiste – et la machine à instrumentalisation redémarre froidement. Le viol d’une enfant de 12 ans, insultée par « sale juif » selon son témoignage, par deux garçons de 13 ans, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), n’a provoqué, en pleine campagne législative, ni décence ni retenue du côté droit de l’échiquier politique. Avec une cible : le Nouveau Front Populaire (NFP).
Instrumentalisation contre le PFN
Le maire LR de Meaux (Seine-et-Marne), Jean-François Copé, ne cligne pas des yeux lorsqu’il assure que ce crime » explique l’immense colère des Français de confession juive (…) de voir l’extrême gauche prospérer sur des slogans tous plus ignobles les uns que les autres, qui touchent à l’antisémitisme et créent cette effroyable dynamique qui n’est autre que la pire antisémitisme. -Le sémitisme existe.»
Marine Le Pen (RN) ne dit rien d’autre lorsqu’elle évoque « la stigmatisation des Juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’exploitation du conflit israélo-palestinien ».
Quant au Premier ministre Gabriel Attal, citant nommément Jean-Luc Mélenchon, il compare la gauche et l’extrême droite dos à dos : « Les politiques et les partis politiques ont la responsabilité de mettre des barrières, pour éviter qu’un certain nombre de discours ne deviennent monnaie courante. ».
« Il n’y a pas d’antisémitisme structurel à gauche »
Tous les dirigeants politiques du NFP ont cependant fermement condamné ces violences. Du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, dénonçant « un crime atroce qui nous rappelle une fois de plus que l’antisémitisme corrompt notre société et se développe dangereusement » à son homologue écologiste Marine Tondelier, qui affirme que « L’antisémitisme et la violence contre les femmes sont des blessures béantes dans notre société. »
Jean-Luc Mélenchon a fait de même en se disant « horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu’il met en lumière concernant le conditionnement des comportements criminels masculins dès le plus jeune âge, et le racisme antisémite ».
Rien qui puisse arrêter la Trumpisation du débat public où l’on confond volontiers défense de la Palestine et antisémitisme. Pour étayer leur thèse d’une prétendue haine des Juifs à gauche, les opposants au NFP s’appuient sur les propos parfois ambigus d’une poignée de cadres de la France Insoumise, dont Rima Hassan, qualifiant Israël de « monstruosité sans nom », ou Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il parlait d’un « un antisémitisme résiduel ».
Malgré les mesures fortes annoncées, l’acharnement continue
« Certaines expressions ne nous convenaient pas mais il n’est pas antisémite. Sinon, nous n’aurions jamais conclu cette alliance. » rappelle Ian Brossat, porte-parole du PCF
« Comme pour les violences sexistes et sexuelles, nous ne sommes pas parfaits mais nous luttons contre l’impensable. Il y a parfois eu des mots qui auraient pu blesser mais il n’y a pas d’antisémitisme structurel à gauche, assure l’écologiste Sandrine Rousseau. Les Juifs ne risquent rien avec le NFP au pouvoir. Au contraire, nous mettrons en place des systèmes pour les protéger car notre matrice est la lutte contre les discriminations. »
C’est même écrit noir sur blanc dans le programme commun : « Les actes racistes, antisémites et islamophobes (…) connaissent une explosion inquiétante et sans précédent. Il n’y a aucune tolérance pour ces menaces et ces comportements, d’où qu’ils viennent. ».
La gauche prévoit notamment « un plan interministériel pour analyser, prévenir et lutter contre l’antisémitisme en France, notamment à l’école ». Mais les faits ne pèsent pas beaucoup dans cette bataille électorale de 2024 où la gauche progresse dans les sondages.
Au RN, une vague de candidats antisémites
« Cette exploitation politique sert à diaboliser l’extrême droite, insiste Ian Brossat. En revanche, au RN, il y a des antisémites et des négationnistes notoires. » L’élu communiste fait référence à Frédéric Boccaletti, député sortant et réélu, qui dirigeait une librairie négationniste à Toulon.
Depuis deux jours, le parti fondé par la Waffen-SS est pointé du doigt en raison du choix d’autres candidats, comme Louis-Joseph Pecher (« Juif qui parle, bouche qui ment », disait Voltaire. « )Jean-Pierre Templier (« Cette communauté nous dirige. Combien sont au gouvernement, à la tête des entreprises du CAC 40. Partout dans le monde, ils nous dirigent. ») ou Joseph Martin (« Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah. »).
Tous trois ont vu leur soutien retiré au RN. Un soutien initialement accordé parce qu’il est « des dizaines, voire des centaines de nominations faites en quelques heures », a justifié Jordan Bardella, le chef du parti. Il s’avère que tout ce que vous avez à faire est » quelques heures « trouver de véritables antisémites dans ce parti.
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