Alors que le Rassemblement national est arrivé en tête du premier tour des élections législatives en France, la Corse ne fait pas exception. Les candidats du parti de Jordan Bardella se sont qualifiés dans les quatre circonscriptions. Un « séisme » pour Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse, qui a réagi sur le plateau de France 3 Corse.
Les résultats du premier tour de ces législatives sont historiques en Corse. L’île n’échappe pas à la vague nationale bleu marine. En effet, le Rassemblement National sera représenté au second tour en les quatre circonscriptions de l’île. « Ce qui se passe ce soir en France est un véritable tremblement de terre.« , a annoncé Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse, invité sur le plateau de France 3 Corse.
Quatre candidats du Rassemblement national sont au second tour des élections législatives en Corse, deux d’entre eux sont arrivés en tête dès le premier tour. Vivez-vous cela comme un échec personnel ?
C’est un moment politique, extrêmement douloureux, en Corse et en France, sans parler de l’Europe. Ce qui se passe aujourd’hui en France est un séisme avec une vie politique qui explose et un raz-de-marée : celui du vote en faveur de l’extrême droite. La Corse a été emportée dans ce mouvement d’ensemble.
Il n’y a plus d’exceptions politiques en Corse ?
Nous ne pouvons pas souligner les mérites de la démocratie lorsque nous gagnons et nous blâmer lorsque nous perdons. Je prends acte de ce vote, je respecte les électeurs qui se sont prononcés en faveur du Rassemblement National.
Pourtant, la situation politique, qui s’écrit ce soir en France et en Corse, est radicalement nouvelle. Cela nous oblige à repenser en profondeur l’action politique, y compris en tant que nationalistes mais aussi entre tous les progressistes, dirigeants, élus et citoyens. Il y aura des choses à changer très profondément à court, moyen et long terme.
A notre échelle, Gilles Simeoni, le processus politique engagé est-il terminé ?
C’est fini sous la forme que nous avons connue jusqu’à aujourd’hui puisque évidemment, la majorité parlementaire qui sortira des urnes dimanche prochain ne sera pas en mesure et n’aura probablement pas la volonté de poursuivre le processus sous cette forme. Il va falloir s’organiser, réagir et résister.
Avant de parler de la France, parlons de la Corse. Même si je respecte profondément les électeurs du RN, avec ce second tour, une nouvelle élection s’ouvre. Il faut le dire très clairement : le parti RN avec ses valeurs, sa vision de société et son projet ou plutôt son non-projet qu’il a pour la Corse, est l’antithèse de ce que nous voulons faire.
En bref, quelle devrait être la position ? Devrions-nous voter pour Marcangeli, Colombani, Acquaviva et Castellani ?
En ce qui me concerne, c’est une évidence. J’ai soutenu la position de la majorité territoriale qui a toujours été clair, quel que soit le cas. C’est à dire quand il y a des nationalistes, on ne présente pas de candidats. Par exemple, quand il y avait Paul-André Colombani, il y avait deux candidats nationalistes, on disait qu’on voterait pour un candidat nationaliste au premier tour et pour le candidat nationaliste au deuxième tour. Alors bien sûr, il faut voter en faveur de Paul André Colombani.
Il y a un cas unique qui est la première circonscription de Corse du Sud, je sais que Romain Colonna devra s’exprimer puisqu’il s’est présenté et a réalisé un score où il a progressé tant en pourcentage qu’en voix. Cette situation nous montre le nouveau monde dans lequel nous sommes entrés. Il ne s’agit pas seulement de politique, il y a aussi une réflexion à mener sur la situation de la Corse et sa sociologie.
Vous dites qu’il y a une réflexion sociologique mais ces résultats sont-ils le résultat d’une division entre nationalistes et de l’érosion du pouvoir ?
Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu, mais la réalité de ce soir avec la victoire du RN au premier tour, ce n’est pas seulement à cause des divisions des nationalistes. Ce sont aussi des éléments très importants qui viennent d’ailleurs, de l’ensemble français, de l’évolution de notre société. Il faut l’écouter. Donc pour moi ce soir, oui, je pense qu’il faut voter pour Laurent Marcangeli, qui est notre adversaire politique, mais qui s’est battu pour l’autonomie.
J’ai cependant noté que Julien Morganti appelle tout le monde à voter au second tour mais qu’il laisse la liberté de choix et refuse de choisir entre le candidat du RN et Michel Castellani. C’est sa responsabilité, c’est une responsabilité qui est très lourde. Il a dit que c’était une décision collective, unanime, je ne suis pas sûr, y compris parmi ses troupes. Il devra prendre sa décision politique au second tour.
Ensuite, j’ai entendu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, Jean-Christophe Angellini qui était très clair sur la barrière au Rassemblement National mais qui n’appelait pas clairement Jean-Félix Acquaviva à voter dans la deuxième circonscription de Haute-Corse. . On sait aussi qu’au premier tour, un certain nombre d’élus et de dirigeants du PNC ont voté et voté pour François-Xavier Ceccoli. C’est leur droit le plus absolu, mais Je crois que ce soir les choses sont claires dans la 2e circonscription : il y aura le choix au 2e tour entre trois visions différentes. Celui que je soutiens très clairement est celui porté par Jean-Félix Acquaviva. Je pense que de nombreux électeurs pourront également faire ce choix.
Croyez-vous toujours à la deuxième circonscription de Haute-Corse ?
Il y a plus de possibilités de progression pour François Xavier Ceccoli. Il y a 2 400 voix d’écart avec Jean-Félix Acquaviva. C’est un second tour, c’est une nouvelle élection qui démarre. Les Corses devront les déterminer et ensuite il faudra tirer les leçons de ce qui s’est passé ce soir. En ce qui nous concerne, nous continuerons à nous battre pour les valeurs fondamentales auxquelles nous croyons pour la société corse.
Mais vous auriez pu prendre une autre solution dans la deuxième circonscription de Haute-Corse : vous retirer au profit de François-Xavier Ceccoli ?
Non, il n’y a aucune raison de se retirer. Jean-Félix Acquaviva est deuxième, il est en position de gagner. Il se serait retiré s’il avait été troisième et s’il y avait eu un risque que le RN soit élu. Là, il y a trois options, clairement différentes, antagonistes, ce sera aux électeurs de choisir.
Comment voyez-vous votre avenir politique, car aujourd’hui le nationalisme connaît une défaite, quelle est votre stratégie pour l’avenir ?
A l’échelle de la France, le cataclysme qui se produit aujourd’hui, précipité par les résultats des élections européennes et par la dissolution, vient de loin. Depuis des décennies, nous alertons »attention à l’extrême droite » et la Corse ne faisait pas exception.
Nous, qui avons été choisis par les Corses, sommes aussi responsables de cette situation. Ce sera à nous d’en tirer les conséquences dans notre manière de gouverner, dans notre manière d’y faire face, mais ce sera à moyen ou long terme. D’abord, second tour des élections législatives : c’est aux Corses de décider.
Pour voir la réaction de Gilles Simeoni, le président de l’exécutif à la percée du Rassemblement national, voici la vidéo :
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La réaction du président de l’exécutif à la percée du Rassemblement national : « Ce qui se passe ce soir en France est un véritable séisme »
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©France 3 Corse Via Stella