Nouvelles locales

Elections législatives 2024 : en tentant de s’allier avec LR le RN affiche enfin son programme libéral

Jordan Bardella est satisfait de sa décision : « Je veux construire une majorité de relance pour le pays. Je salue la décision d’Eric Ciotti. Il faut mettre fin à la situation de désordre sécuritaire, migratoire et budgétaire dans laquelle nous nous trouvons à cause d’Emmanuel Macron. (…) Il y aura un accord entre le Rassemblement national et Les Républicains», a-t-il assuré sur France 2, mardi soir.

Si le président du RN bluffe en avançant un accord de parti, sa tentative d’absorption de la droite dite « classique » souligne les points d’entente entre les deux camps. En parlant de « sécurité, désordre migratoire et budgétaire », Jordan Bardella endosse la ligne d’austérité économique portée par son homologue LR.

Le RN penche vers LR et balaie la Reconquête

Éric Ciotti, c’est la retraite à 65 ans, la fin des 35 heures, les accords de libre-échange, la réduction de 100 milliards d’euros des dépenses publiques, 250 000 postes de fonctionnaires en moins, la baisse de l’impôt sur les sociétés et des taxes de production… Ou encore l’establishment d’un taux unique d’impôt sur le revenu à 15% – comme l’ami de Marine Le Pen, Viktor Orban, en Hongrie.

Autant de propositions inscrites dans son programme pour la présidence de LR en 2021. Une ligne proche de celle de Reconquête !, que le RN s’est également rapproché pour ces législatives avant de renoncer à un accord – non pas pour des raisons économiques, mais plutôt pour éviter un union trop visible avec le mouton noir au racisme décomplexé.

Bardella revient sur sa position sur les retraites

Les premiers effets de ces négociations avec les deux partis ultralibéraux se sont fait sentir mardi avec le revirement express de Jordan Bardella sur la suppression de la réforme des retraites adoptée en 2023.  » Nous verrons « , il a licencié, en raison de la situation économique « compliqué », quelques minutes avant le rassemblement du président LR. Les retraites françaises ne sont donc pas une priorité pour le RN.

Est-ce un renoncement ? Plutôt un début de clarification. En réalité, le discours et le programme économique lépénistes sont vagues. Ils n’ont pas vocation à être appliqués mais à attirer un maximum d’électorats différents. Le pouvoir d’achat comme priorité ? Seules la nationalisation des autoroutes et la baisse de la TVA sur certains produits vont dans ce sens dans le programme de Marine Le Pen en 2022. Bien loin de la flopée de mesures proposées par la gauche sur le sujet.

Le nouveau livret économique du RN reporté

En boucle « remboursement de la dette » et engagé depuis plusieurs mois dans une opération de séduction des milieux d’affaires, le RN a dans ses tiroirs un nouveau livret économique, censé répondre à plusieurs revendications de l’oligarchie financière. De nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises sont évoqués, comme le refus d’augmenter les salaires. Pour rappel, les députés lépénistes ont systématiquement voté contre l’augmentation du salaire minimum et l’indexation des salaires à l’inflation.

Prévue au printemps, la sortie de ce livret a encore été repoussée, sans doute pour ne pas révéler la réalité du projet socio-économique du RN, en contradiction avec les aspirations de sa base électorale populaire. Car, plus de 70 % des électeurs RN sont favorables, selon l’Ifop, au rétablissement de l’ISF, à la taxe sur les superprofits, et à l’augmentation des salaires. Depuis deux ans, les députés RN votent toujours contre.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
Bouton retour en haut de la page