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Elections législatives 2024 : en Nouvelle-Calédonie, la campagne impossible

Le vote des 30 juin et 7 juillet parviendra-t-il à trouver sa place dans l’actualité calédonienne ? Après des élections européennes déjà largement perturbées par la crise qui touche le territoire français du Pacifique Sud, les élections législatives risquent d’en pâtir à leur tour. La suspension, conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale, du projet de loi constitutionnelle relative au dégel du corps électoral dans l’archipel, n’a pas suffi à éteindre l’incendie. Pour l’historien et analyste de la vie politique calédonienne Luc Steinmetz, cela même « s’ajoutant plutôt à l’inquiétude et à l’incertitude des populations calédoniennes quant à la durée de la crise et aux moyens d’y mettre fin ».

Agitée par des émeutes depuis le 12 mai, la Nouvelle-Calédonie s’est réveillée mercredi 19 juin en apprenant l’arrestation de onze personnes, interrogées depuis dans le cadre d’une enquête visant à « les commanditaires présumés des exactions commises » dans l’archipel, a indiqué le procureur de Nouméa, Yves Dupas. Parmi les personnes arrêtées figure Christian Tein, chef de la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT), mouvement soupçonné d’avoir orchestré les émeutes.

Aucun candidat pour le camp présidentiel

La veille, Emmanuel Macron avait réclamé, dans une lettre aux Calédoniens, « la levée ferme et définitive de tous les barrages » et le « Condamnation des violences sans faux-semblants ». Juger ce courrier « inapproprié », le député Renaissance sortant, Nicolas Metzdorf, a annoncé qu’il se présenterait dans la première circonscription calédonienne sans étiquette autre que locale. Philippe Dunoyer, également député sortant de Renaissance, s’est tourné vers Horizons.

Il n’y aura donc aucun candidat du parti présidentiel, qui a enregistré 28,64% des voix aux élections européennes, devant le Rassemblement national (21,7%). Des scores à relativiser : le taux d’abstention atteint 86,87% au Caillou, soit 6 points de plus qu’en 2019. Les élections législatives sont globalement plus réussies. En 2022, le taux de participation atteint 41 % au second tour.

Un contexte potentiellement mobilisateur

Dans ce contexte, à quelle mobilisation peut-on s’attendre le 30 juin ? « Plus que jamais, une élection nationale sera l’occasion pour l’électorat de se positionner pour ou contre l’indépendance, estime Luc Steinmetz. Cette question sera en soi mobilisatrice. »

Déjà, le RN et le Nouveau Front populaire ont annoncé leurs projets pour la Nouvelle-Calédonie. La première par la voix de Marine Le Pen, qui, rompant avec la ligne historiquement loyaliste de son parti, a indiqué à L’Express, Mardi 18 juin, envie de reprendre « la technique éprouvée des accords de Nouméa » pour rétablir l’ordre, ou un nouveau référendum d’autodétermination.

Les listes du Nouveau Front Populaire « Paix en Kanaky-Nouvelle-Calédonie » parmi les siens « 20 actes de rupture » priorités. La coalition de gauche entend « abandonner le processus de réforme constitutionnelle » et un soutien « la recherche d’un projet d’accord global qui initie un véritable processus d’émancipation et de décolonisation ».

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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