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Élections législatives 2024 : Emmanuel Macron peut-il démissionner après le second tour ?

Élections législatives 2024 : Emmanuel Macron peut-il démissionner après le second tour ?

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Outre une énorme surprise, la le parti présidentiel n’aura pas la majorité (ni absolu, ni relatif) à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour des législatives anticipées. Face à ce blocage politique à venir, le président de la République Emmanuel Macron pourrait prendre une décision radicale : démissionner.

Aucun article sur la démission dans la Constitution

« Il n’y a aucun article prévoyant une démission (du président de la République) dans la Constitution », assure Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public à l’université Jean Moulin de Lyon, contactée par actu.fr.

Rien n’oblige le président à démissionner, donc, en revanche, il peut toujours choisir cette voie. Auparavant, « si un président perdait la majorité lors des législatives, il démissionnait », rappelle Mathilde Philipe-Gay.

Pour les hommes politiques de l’époque, une défaite aux élections législatives représentait un faute politiqueCela signifiait nécessairement la fin du mandat du président.

Par exemple, Charles de Gaulle avait lié son sort au référendum de 1969. Le non l’ayant emporté, il a démissionné.

Mathilde Philip-Gay
Professeur de droit public à Lyon
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Sauf que ce n’est pas une obligation, d’autant que « les rédacteurs de la Constitution de 1958 n’auraient jamais imaginé qu’un président puisse vivre en concubinage », explique-t-elle. De quoi laisser un peu de marge de manœuvre au chef de l’État pour tenter de préserver (un peu de son pouvoir), en cas de concubinage.

Le président du Sénat assume l’intérim

En revanche, si Emmanuel Macron devait démissionner après le second tour des législatives (il a dit plusieurs fois qu’il ne le ferait pas, mais ce scrutin est plein d’inconnues), Il appartiendrait au président du Sénat de prendre le relais avant l’élection présidentielle anticipée. C’est écrit dans l’article 7 de la Constitution. Aujourd’hui, ce serait donc Gérard Larcher, membre des Républicains, qui assurerait l’intérim à la tête de l’Etat si Emmanuel Macron jetait l’éponge.

C’est encore l’article 7 qui réglemente le délai pour de nouvelles élections. La Constitution prévoit  » vingt jours au moins et cinquante jours au plus après l’ouverture de la vacance ou la déclaration du caractère définitif de l’empêchement » d’organiser le scrutin.

« Ce délai évite au président du Sénat de prendre trop de pouvoir, et il permet aussi d’organiser une campagne », explique Mathilde Philip-Gay.

Cela s’est produit deux fois sous la Ve République et à chaque fois, c’est Alain Poher qui a remplacé le président. La première fois, c’était à la démission de De Gaulle, la deuxième fois à la mort de Georges Pompidou.

Mathilde Philippe-Gay
Professeur de droit public à l’Université Jean Moulin de Lyon

Un usage qui se perd

Mais depuis les années 1960 et le début de la Ve République, les mœurs politiques ont changé. Il n’est plus traditionnel de démissionner si l’on n’a pas la majorité des députés.

« En 1986, François Mitterrand avait écrit un message à l’Assemblée pour expliquer qu’il n’allait pas démissionner, même s’il n’avait pas de majorité à l’Assemblée. Il posait donc les bases de la cohabitation », explique le professeur de droit public.

En 1986, Jacques Chirac, issu du RPR, un parti de droite, devient Premier ministre avec François Mitterrand, un affilié de gauche, comme président. première cohabitation de la Ve République. D’autres suivront en 1993 et ​​1997.

Ce principe, qui rompt avec les us et coutumes des années 1960, permet à un président qui ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale de ne pas quitter son poste.

Et c’est l’une des options possibles si Emmanuel Macron choisit de rester au pouvoir.

Emmanuel Macron pourrait-il briguer un troisième mandat ?

Une autre question se pose en cas de démission d’Emmanuel Macron : serait-il en mesure se présenter à l’élection présidentielle anticipée ?

« Non, c’est clairement écrit dans la Constitution. Nul ne peut exercer une fonction publique pendant plus de deux mandats consécutifs… En revanche, il peut attendre cinq ans et se représenter», explique Mathilde Philip-Gay.

La Constitution interdit trois mandats consécutifs, mais autorise plusieurs mandats s’ils sont espacés.

Et si Emmanuel Macron persiste et tente de se présenter en 2027, « sa candidature serait jugé irrecevable par le Conseil constitutionnel« , explique le professeur.

Le père du président ne veut pas « croire » à une démission

Dans une lettre aux Français publiée le 23 juin 2024, le président promet que les Français peuvent « lui faire confiance jusqu’en mai 2027 » et exclut donc toute démission.

Dans une interview au groupe EBRA ce mercredi 3 juillet, le père d’Emmanuel Macron a déclaré : ne pas « croire » à une démission Du président.

La démission ne semble pas être une option pour Emmanuel Macron, mais comme pour la dissolution de l’Assemblée, il pourrait choisir la rupture et la surprise.

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