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Elections législatives 2024 : « barons noirs », « cloportes »… les conseillers d’Emmanuel Macron bombardés à cause de la dissolution

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Depuis la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, ses plus proches conseillers sont accusés de tous les maux, y compris de l’avoir poussé à commettre des erreurs.

« Les sols des ministères et des palais de la République sont pleins de cloportes (…) ils sont dans les sols, dans les rainures du parquet, c’est très difficile de s’en débarrasser », a lancé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur TV5 Monde. « Le mieux est de ne pas les écouter, et de rester à sa place que l’on soit président de la République, Premier ministre, ministre, et de prendre ses décisions en conscience », a-t-il affirmé, visiblement en désaccord avec l’arbitrage présidentiel, dans le cadre du camp macroniste.

Parmi les cibles figurent Bruno Roger-Petit, dit « BRP », ancien journaliste et conseiller mémoire du président, et Pierre Charon, ancien sarkozyste et « visiteur du soir » de l’Élysée, tous deux fins connaisseurs des arcanes du pouvoir. La petite bande comprend également Clément Léonarduzzi, communicant et ancien conseiller à l’Élysée, actuel vice-président de Publicis France, qui a pris congé pour rejoindre la campagne législative de la majorité, et Jonathan Guémas, conseiller spécial à la présidence.

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« Il faut toujours se méfier de notre entourage (…) Je sais qu’ils font souvent des phrases courtes et s’en prennent à leur favori », renchérit l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, prompt à asséner des uppercuts depuis la dissolution du 9 juin.
Dans le secret des offs, ces échanges informels entre journalistes et ministres ou conseillers régulièrement répétés dans les médias sous forme de petites phrases meurtrières et anonymes, tout est permis.

Pascal Praud alerté avant Gabriel Attal de la dissolution

Et leur attribution supposée ou réelle alimente toutes les spéculations : qui a eu l’idée de cette dissolution qui débouche sur des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet ? Quel avenir pour le président ? Qui prévoit quoi pour lui succéder en 2027 ? A ce petit jeu, l’entourage d’Emmanuel Macron – et notamment son « quad » de conseillers – est désormais en ébullition, même si le président n’a retiré sa confiance à aucun d’entre eux – du moins officiellement – et qu’il n’est guère connu pour agir. Sous influence. Il aurait cependant sévèrement recadré Bruno Roger-Petit qui aurait alerté le journaliste de CNews Pascal Praud de la dissolution prochaine dimanche 9 juin à 18 heures avant même que le Premier ministre Gabriel Attal n’en ait connaissance…

« Il faut arrêter de dire des bêtises ! » le président s’est fâché contre ses conseillers beaucoup trop bavards à son goût, agacé également par plusieurs articles de presse relatant l’influence qu’ont pris certains conseillers comme « BRP ».

« Il y a toujours un, deux, trois conseillers qui arrivent à créer une relation psychologique avec le président, assez proche du transfert qui s’opère en psychanalyse entre un patient et son psychologue », souligne Gaspard Gantzer, qui était le conseiller en communication. par François Hollande à l’Élysée de 2014 à 2017. « Leur disponibilité d’esprit, leur soutien psychologique, leur empathie conduisent des personnalités politiques à être partiellement dépendantes de certaines d’entre elles », ajoute-t-il.

Bruno Roger-Petit.
Bruno Roger-Petit.
AFP

Tous les chefs d’État de la Ve eurent leur part de conseillers fantômes. « Les conseillers politiques nous permettent d’échanger et de tester des idées. Ils ont plus de temps que les conseillers techniques, concentrés sur la gestion quotidienne du pays, souligne un ancien directeur de cabinet à Matignon. Mais dans la course aux idées, ils ont aussi la tentation flatteuse de surenchérir, de « proposer des choses toujours plus originales pour marquer l’histoire de leur cachet », observe Gaspard Gantzer.
« Le premier à prononcer le mot dissolution, c’est moi, mais après, c’est un travail collectif ! On est obligé d’imaginer quelque chose de gaullien, parce que tout est bloqué », explique Pierre Charon au Monde.

Pierre Charon.
Pierre Charon.
AFP

«Le président m’étonne. Le moins que j’ai à faire en retour, c’est d’essayer de l’impressionner et mon ancienneté présente certains avantages », souligne sans détour le septuagénaire. Les contrefaçons font d’autant plus défaut que le chef de l’Etat a réduit au fil des années le champ de ses consultations. Durant le premier quinquennat, « il n’a pas pris de décision sans la mettre sur la table avec les leaders de la majorité et quelques ministres politiques », raconte un ancien conseiller. Il s’agissait d’un « airbag politique ». Cette fois, « il n’y avait pas de filtre », « ça en dit long sur l’isolement et l’enfermement du président autour de gens qui lui tendent le miroir », dit-il.

Mais de l’avis général, c’est finalement le président seul qui décide et assume la responsabilité. « Mitterrand disait « les conseillers n’existent pas », Macron a adopté cette formule », note-t-on dans son entourage.

« Si vous donnez un conseil qu’il ne suit pas, vous n’existez pas et si vous lui conseillez quelque chose qu’il fait, c’est sa décision », fait valoir la même source. Emmanuel Macron a consulté « beaucoup de monde depuis des semaines » sur la dissolution, « il nous a dit (le 9 juin) à son retour du Touquet à 18h30 ‘J’ai pris ma décision, j’y vais' », mais il « pourrait. C’est aussi très bien de ne pas le faire », décortique encore cette source.

« En fin de compte, tout dépend du président (…) Et il est capable de faire des bêtises tout seul », conclut l’ancien haut fonctionnaire en poste à Matignon.

Cammile Bussière

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