« Égérie de la mouvance « de droite » », « musulmane laïque »… Qui est Sonia Mabrouk, figure de proue de CNews et d’Europe 1 ?
Immigration, identité, « épuisement » de la civilisation occidentale mise à mal par le « wokisme », racines chrétiennes de la France… Dans ce livre, elle explore des thèmes qu’elle affectionne, car elle prône l’assimilation. Une notion « difficile » à « aborder aujourd’hui sans être d’extrême droite », déplore Sonia Mabrouk, qui a grandi à Tunis et obtenu la nationalité française en 2010. L’assimilation, c’est « demander à l’étranger, celui qui arrive, de partager les mêmes codes culturels et les mêmes coutumes que le pays d’accueil », sans « effacer ses origines », explique-t-elle. Elle-même a prénommé sa fille Soraya, « le prénom arabe, d’origine persane » de sa défunte mère.
« Partager mes convictions »
« Égérie de la ‘droite' » pour Libération, « musulmane laïque » qui a « changé de cap » après avoir plu à la « gauche universaliste » selon l’hebdomadaire Franc-tireur… L’affable journaliste rejette « toute influence » du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont les médias sont régulièrement accusés par la gauche de promouvoir des idées d’extrême droite. « Je ne sers aucune idéologie. (…) Je n’ai aucun projet politique, si ce n’est de pouvoir écrire, de partager avec les lecteurs mes convictions mais sur des sujets sur lesquels je ne veux pas du tout convaincre », assure celle qui a débuté sa carrière au magazine Jeune Afrique en 2005.
Diplômée de l’Institut des hautes études commerciales de Tunis, où elle a enseigné pendant cinq ans, et de la Sorbonne à Paris, elle n’avait aucune expérience journalistique lorsqu’elle a convaincu Béchir Ben Yahmed, le fondateur franco-tunisien de Jeune Afrique, de l’embaucher comme collaboratrice à l’essai. Son patronyme, associé à la « haute bourgeoisie » tunisienne – son grand-père a été ministre sous le président Habib Bourguiba et son oncle ambassadeur de Tunisie en France – « a dû jouer un rôle », estime François Soudan, le directeur de la rédaction du journal.
« Chapeau double »
Il se souvient d’une fille « appliquée », « intelligente » et « clairement ambitieuse, avec une grande appétence pour les questions de société ». Et de son « talent » pour l’interview, illustré par une interview de Brice Hortefeux, ancien ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « J’étais censé mener l’interview et, très vite, je l’ai vu prendre les rênes », relate François Soudan, louant sa « capacité à poser des questions très incisives ». De quoi convaincre Jean-Pierre Elkabbach, vétéran du journalisme politique qui l’a fait entrer chez Public Sénat en 2009, où elle anime la case 22h-23h30 tout en rejoignant Europe 1 en 2013.
L’ancien patron de la chaîne et actuel PDG de LCP, Emmanuel Kessler, loue sa « grande capacité de travail ». Il reconnaît son « attachement aux valeurs républicaines », qu’elle « affirme peut-être avec un positionnement politique un peu plus partisan » depuis qu’elle a rejoint CNews en 2017. « Par rapport aux autres journalistes de CNews et d’Europe 1, (…) elle garde une forme de professionnalisme dans l’interview », estime la députée EELV Sandrine Rousseau, qui a déjà eu des « échanges tendus » à son micro, où des thèmes comme « l’immigration » sont « privilégiés ».