Michel Barnier a présenté jeudi soir à Emmanuel Macron une liste de 38 ministres pour former son gouvernement, qui sera annoncée vendredi ou samedi. De nombreux noms circulent, mais aucun pour incarner l’ouverture à gauche.
Publié
Temps de lecture : 2 min
Bruno Retailleau, Annie Genevard ou François-Noël Buffet parmi les recrues de droite, Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin ou Rachida Dati parmi les rescapés du gouvernement Attal. Mais pas trace de rassemblements venant de la gauche. Ni de renforts de personnalités emblématiques de la société civile. Emmanuel Macron avait pourtant répété ces derniers jours à Michel Barnier qu’il souhaitait un gouvernement « équilibre » et qui « se rapproche le plus possible de l’unité nationale ».
Equilibré, il doit l’être, mais seulement entre les différentes sensibilités du centre et de la droite. Mais nous sommes loin d’être loin « unité nationale ». Pourquoi ? D’abord parce que la gauche a resserré les rangs. Même les socialistes qui accusent le patron du PS Olivier Faure d’avoir gâché la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon ont résisté à la tentation. Plusieurs ont été appelés par Michel Barnier, tous ont refusé de rejoindre le gouvernement. Il a été plus facile pour Emmanuel Macron d’attirer des recrues de gauche en 2017, au lendemain de son élection, qu’après sept ans d’un pouvoir qui a commencé à pencher à droite au fil du temps.
La précarité du gouvernement Barnier pèse aussi lourdement sur les esprits. Pourquoi prendre le risque de brûler ses navires quand on craint que le gouvernement ne tombe au bout de quelques semaines ou de quelques mois. Restait un dernier obstacle : la nomination de Michel Barnier est le produit de circonstances politiques, et non l’aboutissement logique d’une campagne menée sur un programme précis. Entrer dans un gouvernement sans feuille de route claire, c’est s’aventurer en territoire inconnu.
Et ce manque d’ouverture fragilise un peu plus cette équipe. C’est le résultat de longues négociations entre partis. Un petit parfum de IVe République qui traduit une alliance entre le bloc central et la droite dont l’addition pèse 213 députés. C’est plus que le Nouveau Front populaire, mais loin de la majorité absolue. Le Front républicain n’existant plus, c’est le RN qui est le maître des horloges à l’Assemblée pour laisser survivre le gouvernement Barnier ou le faire tomber en votant avec la gauche une motion de censure.