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Éditorial. Les déclarations de Marine Le Pen sur l’État de droit ne sont-elles qu’un simple écran de fumée ?

L’Etat de droit ne doit pas être « contesté », selon Marine Le Pen, qui s’exprimait dimanche lors d’un meeting à Nice. Des propos qui peuvent paraître équilibrés, même si dans les faits le leader du parti d’extrême droite est à bien des égards plus radical que le ministre de l’Intérieur.

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Marine Le Pen lors du meeting de rentrée du Rassemblement National à Nice, le 6 octobre 2024. (DYLAN MEIFFRET/MAXPPP)

Lors d’un meeting dimanche 6 octobre à Nice, Marine Le Pen a affirmé avoir une « divergence majeure » avec Bruno Retailleau. Désormais, le leader de l’extrême droite se pose en garant de « l’État de droit ». Le ministre de l’Intérieur a suscité un tollé en jugeant que l’État de droit n’était pas « ni sacré, ni intangible » . Pas du tout, répond Marine Le Pen, qui assure qu’il ne faut pas le contester car, dit-elle, «l’État de droit est la soumission de tous à des règles démocratiquement définies, et c’est l’une des immenses conquêtes de la civilisation européenne.

Elle donne une leçon de modération, presque une leçon de comportement, au ministre de l’Intérieur, histoire de montrer qu’elle est au moins responsable. Toujours cette quête inlassable de respectabilité. Sauf que sur le fond, Marine Le Pen est encore plus radicale que Bruno Retailleau puisque dans le même discours, elle accuse les gouvernements successifs d’avoir instauré l’Etat de droit. « un instrument de soumission des peuples qui n’auraient plus la liberté démocratique d’élaborer le droit ». « Nous n’accepterons jamais cela ! » a-t-elle tonné, une manière d’appeler les électeurs à se révolter contre l’Etat de droit, car leur vote ne serait plus pris en compte. Par ailleurs, rappelons que l’essentiel du programme RN, et tout d’abord le principe discriminatoire de « préférence nationale »est inconstitutionnelle et donc incompatible avec l’état de droit actuel.

Nous connaissons tous le célèbre proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt. Quand Marine Le Pen agite le doigt « diabolisation », il vaut mieux regarder la lune du RN, c’est-à-dire la réalité de son projet. Mais ce pas de deux un peu confus illustre aussi le malaise qui règne au sein du RN.

Le parti d’extrême droite est bloqué. Il n’est pas majoritaire, mais il veut donner sa chance à Michel Barnier. Au risque d’être réduit à un rôle de béquille du gouvernement, rôle qu’il critiquait auparavant à droite. Ce « en même temps » devient bien inconfortable quand Bruno Retailleau multiplie ses déclarations martiales sur l’immigration et la sécurité. Marine Le Pen l’a même décrit dimanche comme« ardent défenseur du programme souverain » du RN. Avec le risque que les électeurs lépénistes reviennent à cette droite musclée. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a siphonné les voix de Jean-Marie Le Pen, le portant à 10 % à l’élection présidentielle de 2007. Et qui a été le directeur stratégique de cette campagne du Front National ? Une certaine Marine Le Pen.

Cammile Bussière

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