ÉDITORIAL. Le report de l’augmentation des retraites est-il juste ?
L’annonce la semaine dernière du report à juillet de la hausse des retraites a provoqué un tollé. Pour une pension de 1.500 euros, cela représente un manque à gagner de 15 euros pour six mois, alors que les retraites ont déjà été augmentées de plus de 5% cette année.
L’annonce par l’exécutif d’un report de la hausse des retraites a déclenché une cascade de réactions indignées, tant de la part des syndicats de retraités qui se sont « révoltés » contre ce report de six mois, que de politiques comme Marine Le Pen qui a déclaré sur « des petits reculs ». ».
Sans aucun doute, le sujet des retraites sera l’un des points forts de la révision budgétaire de cet automne. Mais toutes ces réactions sont un peu excessives… Car bien souvent, nous nous trompons sur la situation de nos retraités. Un récent rapport Dress indique que 55% des Français pensent que le niveau de vie moyen des retraités est inférieur à celui du reste de la population. C’est faux.
Leur niveau est en réalité à peu près égal à celui des actifs : 98,7% selon un rapport COR en 2021. Parce qu’ils héritent à la retraite, ils ont plus d’épargne, ils n’ont pas plus d’enfants à charge et surtout, ils n’ont plus d’argent. une hypothèque à payer, leur niveau de vie est même 5% supérieur à celui de l’ensemble de la population.
Les petites pensions améliorées
Ensuite, il y a bien sûr la question des petites retraites. Deux millions de retraités vivent sous le seuil de pauvreté (1 216 euros pour une personne seule et 1 824 euros pour un couple). Mais la retraite minimum ne sera probablement pas affectée, trop politiquement explosive ; et 1,1 million de retraités sont sur le point de voir leur petite pension augmentée de 50 à 100 euros. Une conséquence de la réforme des retraites que certains voudraient abroger !
Alors attention aux plus précaires bien sûr, mais il est normal que les retraités contribuent au redressement des comptes publics. L’effort requis n’est pas disproportionné. Quatre milliards d’euros – c’est ce que rapportera la mesure en 2025 -, soit 10 % des économies à réaliser alors que les retraités représentent 22 % de la population.
Surtout, nous ne faisons ici qu’effleurer la surface de l’éléphant budgétaire dans la pièce, à savoir la viabilité de notre système de répartition. Combien de temps pourrons-nous consacrer 1/6ème de notre PIB aux retraites, et un euro sur quatre de dépenses publiques ? Ce qui pose une autre question : celle du développement de la retraite par capitalisation. Mais cela fera l’objet d’un autre éditorial.