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Éditorial. Emmanuel Macron fait-il son travail en s’affichant aux côtés de sportifs médaillés ?

Le président de la République, qui avait agi en toute sobriété il y a une semaine pour l’ouverture des Jeux olympiques, semble avoir complètement ignoré les critiques lors de la finale perdue de la Coupe du monde au Qatar en 2022.

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Emmanuel Macron serre Teddy Rinner dans ses bras lors de sa victoire au tournoi de judo, vendredi 2 août 2024. (PIERRE LARRIEU / HANS LUCAS)

Le déplacement aller-retour d’Emmanuel Macron, vendredi 2 août, depuis Brégançon pour féliciter ou réconforter les sportifs français aux Jeux olympiques a suscité de nombreux commentaires, dont un procès en récupération politique. Il y a quelques jours, on l’avait vu prendre le visage d’Antoine Dupont, qui venait d’être sacré champion olympique de rugby à 7. Cette fois, Emmanuel Macron enlace Léon Marchand, s’approche de Teddy Riner en posant ses mains sur les épaules de la fille du judoka, visiblement très intimidée, la forçant presque à aller embrasser son papa devant les caméras. Sous les projecteurs, parmi les stars du jour, il va jusqu’à prendre dans ses mains le visage éploré de la judoka Romane Dicko, inconsolable après sa médaille de bronze, il sèche ses larmes. Sans doute l’image qui a le plus choqué les internautes.

Le président, qui avait agi sobrement il y a une semaine pour déclarer ouverts les 33es JO, ce qui ne l’a pas empêché d’être hué, semble avoir complètement ignoré les critiques lors de la finale perdue du Mondial au Qatar en 2022. Cette manière de consoler Kylian Mbappé à grand renfort de caresses sur la tête ou de tapes sur le ventre. La gêne perceptible du numéro 10 des Bleus dans les tribunes lorsqu’il l’a de nouveau pris dans ses bras et lui a mis la médaille autour du cou : c’était trop, disait-on, imaginant que le président de la République s’en souviendrait aux JO.

Le président joue certes son rôle de président lorsqu’il célèbre des victoires françaises qui rendent tout un pays fier. Ses partisans arguent que c’est le rôle qui vient saluer les héros nationaux, d’autant que ce président aime ça. Lionel Jospin aimait le sport, Nicolas Sarkozy aimait les sportifs. Emmanuel Macron aime les deux. La victoire d’une équipe nationale profite toujours au pouvoir en place, c’est la loi du genre. Le triomphe des Bleus en 1998 avait fait grimper Jacques Chirac dans les sondages. Pourquoi s’en priver.

Le problème, c’est qu’il s’agit d’un président qui sort tout juste d’une dissolution ratée, en colère contre son Premier ministre qu’il n’a pas prévenu et sans autre gouvernement qu’un gouvernement démissionnaire. Le risque est d’apparaître comme celui qui vient chercher les lauriers presque seul, qui continue à faire de la politique alors qu’il a demandé à tout le monde une trêve, indiquant même qu’il ne nommerait pas de nouveau Premier ministre avant la fin des Jeux. Le problème, c’est aussi que le public est saturé. Au stade comme devant sa télé, il veut voir des exploits, pas le président ou la ministre Amélie Oudéa-Castera s’approprier les champions. Ni même le camp adverse souffler sur les braises. Le 12 juillet 1998, un autre président de la République avait en effet embrassé le crâne nu du gardien des Bleus, footballeur champion du monde, Fabien Barthez. Jacques Chirac voulait profiter du porte-bonheur de Laurent Blanc. Lui aussi avait échoué à se dissoudre un an plus tôt ! Mais il avait nommé un gouvernement de cohabitation dirigé par Lionel Jospin.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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