ÉDITORIAL. Alerte rouge sur la croissance potentielle
Le scénario macroéconomique du projet de loi de finances prévoit une réduction accélérée de la croissance potentielle de la France à 1 % d’ici cinq ans.
La paupérisation du pays s’accélère.
Il y a un chiffre que personne n’a encore vu, mais qui est extrêmement inquiétant, peut-être plus encore que les 60 milliards d’efforts dont tout le monde parle ce matin. Il s’agit du déclin de la croissance potentielle du pays.
Qu’est-ce que la croissance potentielle ? Pour faire simple, c’est la puissance du moteur de notre économie, le nombre de chevaux sous le capot, pour ainsi dire.
Et comme c’est l’économie qui détermine le social et non l’inverse, c’est ce qui donne le niveau de recettes que l’on peut récolter pour financer les écoles, les hôpitaux, la transition écologique…
La croissance potentielle est le niveau de prospérité d’un pays.
Et ce niveau baisse ?
Oui. Dans le cadre macroéconomique du budget transmis hier au HCFP, Bercy a revu à la baisse le niveau de croissance potentielle de la France : de 1,35%, il est révisé à 1,2% sur la période 2023-2028 et devait tomber à seulement 1% de 2029, « en tenant compte du ralentissement de la population active », indique Bercy.
Et on touche ici à un sujet majeur pour l’avenir de la nation. Un sujet que presque personne dans la classe politique n’ose pourtant aborder.
La démographie ?
Oui, la démographie, premier déterminant de la création de richesse dans un pays. Le vieillissement auquel nous assistons – ce qui est une bonne nouvelle, cela signifie que nous vivons plus longtemps – est aussi synonyme d’augmentation de nos dépenses sociales, de santé et de retraite, qui pèsent déjà lourdement, plus de la moitié de nos dépenses publiques…
Face à cette augmentation de la population senior, on a de moins en moins d’enfants en France. De deux enfants par femme en 2010, nous en sommes aujourd’hui à 1,6. Et la baisse des naissances s’accélère. Nous venons d’atteindre un plus bas depuis 1945.
Moins d’enfants signifie moins de biens. Moins d’actifs signifie moins de cotisations pour financer notre modèle social coûteux. Et c’est moins de croissance, point final.
Ajoutez à cela une dette incontrôlable, et vous obtenez les ingrédients d’un appauvrissement généralisé à grande vitesse. Une paupérisation qui a déjà commencé : cet été, le niveau de vie moyen des Français est tombé en dessous de la moyenne européenne.