Éditorial. À contre-courant | Humanité

Par Laurent Mouloud
Au lieu de faire la réforme que tout le monde attendait, Emmanuel Macron fait la réforme dont personne ne veut.
Il suffisait d’écouter, mercredi matin, le journaliste Victor Castanet pour comprendre en quoi Emmanuel Macron se trompe sur la réforme. Un an après la sortie de son enquête sur les coulisses cauchemardesques d’Orpea, le leader mondial des maisons de retraite, le lauréat du prix Albert-Londres est venu au micro de France Inter présenter la réédition de son livre bouleversant. Dix chapitres supplémentaires dans lesquels il révèle, cette fois, les pressions et manipulations qui ont entouré la publication du Fossoyeurs. Très informatif.
On croise les mastodontes du secteur qui, sentant le vent du boulet de canon, ont mandaté des sociétés d’intelligence économique pour tenter d’étouffer le scandale, allant jusqu’à truquer un sondage complaisamment relayé par Cyril Hanouna – encore lui. Mais on croise aussi Emmanuel Macron et son entourage, qui n’ont ménagé aucun effort, avant le début de la campagne présidentielle, pour pallier la portée des révélations. Et pour éviter que la responsabilité de l’Etat dans ce fiasco ne soit trop soulignée.
Hier comme aujourd’hui, le président de la République le sait bien : sur cette question centrale de la dépendance, il n’a aucun dossier. Ses promesses d’une loi « vieillesse » se sont évaporées durant la première législature, laissant les dérives du secteur en jachère, notamment celles des lucratives Ehpad. Ce sujet d’urgence sociale touche chaque famille directement ou indirectement. Ce n’était pas à l’ordre du jour en 2022. Il ne l’est plus en 2023. Au contraire. Au lieu de faire cette réforme que tout le monde attendait, Emmanuel Macron a décidé d’imposer la réforme dont personne ne veut, celle des retraites. Au final, la seule mesure que les seniors voient venir pour les prochaines années est l’allongement de leur vie active. Un contresens politique, économique et sociétal, au mépris des réalités du pays.
Grb2