EDF remporte le parc éolien XXL au large de la Normandie et écrase ses rivaux

Et le gagnant est….EDF. Après une concurrence acharnée, l’électricien français et son partenaire canadien Maple Power l’ont emporté sur cinq autres candidats. Ce sont eux qui vont installer le plus grand parc éolien offshore français du marché à ce jour. Le duo bénéficiera d’un prix d’achat de l’électricité garanti pendant vingt ans pour sécuriser son investissement.
D’une puissance d’un gigawatt – de quoi alimenter en électricité 2 millions de personnes – ce parc XXL pour la France va être construit au large des côtes normandes. Premier parc éolien offshore français situé en zone économique exclusive, il doit être installé à 32 kilomètres des côtes et prévoit de commencer à produire de l’électricité en 2031.
Cinq pour EDF sur huit au total
Très attendue par la filière, l’annonce a été faite par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. « EDF a acquis une maturité dans la conduite de projets dans l’éolien, comme en témoignent le prix de l’électricité proposé mais aussi les garanties financières et la qualité des contreparties sur lesquelles l’énergéticien s’engage », détaille le ministre aux « Echos » .
Le choix de l’État est conforme aux recommandations formulées par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et conforte la position de leader incontesté d’EDF sur ce marché émergent. Sur les huit parcs éoliens offshore mis sur le marché par les pouvoirs publics en France, le groupe français en compte désormais cinq en portefeuille.
Une mainmise qui fait grincer des dents certains concurrents. « Si EDF gagne à chaque fois, cela pourrait poser problème… Les candidats étrangers finiront par jeter l’éponge », fustige l’un d’eux.
Pour ce parc, outre EDF et son partenaire l’espagnol Iberdrola, d’Ocean Winds (la joint-venture entre Engie et le portugais EDPR), la compagnie pétrolière Shell, TotalEnergies en duo avec l’allemand RWE, le suédois Vattenfall en duo avec Skyborn Renewables.
Comme imposé par la Commission européenne, le régulateur de l’énergie revendique un choix essentiellement basé sur le prix de l’électricité proposé par les candidats. A cet égard, le consortium mené par EDF s’en sort très bien, avec une proposition de prix de l’électricité de 44,5 euros par mégawattheure.
Des acteurs qui baissent les prix
Ce prix extrêmement bas témoigne de l’intense concurrence pour obtenir ces projets, perçus comme essentiels par de nombreux énergéticiens et pétroliers pour accélérer leur transition énergétique. En effet, pour les projets éoliens terrestres – plus faciles à construire et moins chers – les prix des derniers appels d’offres en France ont atteint près de 80 euros par MWh et ils fluctuent autour de 74 euros par MWh pour le solaire.
Dans l’éolien en mer, les autres projets remportés en France ces dernières années affichent des prix proches de 140 euros le MWh, à l’exception de celui remporté par EDF en 2019 à Dunkerque, qui avait déjà marqué les esprits avec un prix de 44 euros le MWh. MWh (hors raccordement). Or, selon plusieurs énergéticiens, ce parc normand est plus cher à construire, compte tenu de la configuration des fonds marins et de l’éloignement de la côte.
« Avec de tels niveaux de prix, la rentabilité des projets s’établit surtout en fin de période du tarif d’achat de l’Etat, lorsque les acteurs bénéficient d’un parc amorti et peuvent vendre l’électricité produite sur les marchés », explique un spécialiste. En d’autres termes, c’est un pari sur l’avenir.
EDF n’est pas le seul à avoir baissé les prix. Selon nos informations, le régulateur de l’énergie a ouvert ces dernières semaines une procédure « d’offre anormalement fondée » pour réexaminer les propositions d’Ocean Winds (Engie et EDPR), Vattenfall et Skyborn Renewables, TotalEnergies et RWE et du consortium mené par EDF .
Règles du jeu à changer
Sa peur ? Que les acteurs sous-estiment le montant de leurs investissements pour que le vainqueur ne soit pas en mesure de tenir ses promesses et retarde encore le déploiement des éoliennes offshore en France.
Si le régulateur a finalement estimé que les risques étaient limités, il appelle cependant à changer les règles du jeu. « Nous avons besoin d’outils dans les cahiers des charges pour évaluer la robustesse technique et financière des offres », explique Emmanuelle Wargon, la présidente de la CRE, aux « Echos ».
Le sujet est central pour l’Etat qui devra prochainement désigner le lauréat de l’appel d’offres pour le parc éolien flottant en Bretagne. Une dizaine de candidats se livrent bataille et il y a très peu de comparables puisqu’il s’agit de l’un des premiers parcs du genre au monde.