Économie. L’horizon 2024-2025 s’assombrit pour les petites librairies en France
En pleine rencontre nationale de la librairie, qui se déroulent dimanche et lundi à Strasbourg, le cabinet Xerfi a réalisé une étude dont les résultats ne sont guère encourageants. Sa conclusion : le risque croissant de nombreuses faillites des plus petites librairies de France, menacées par leur fragilité économique et la hausse des coûts.
La France compte 3.700 librairies indépendantes, un chiffre en augmentation depuis 2019, selon le Syndicat français de la librairie (SLF). Ce dynamisme est celui d’un secteur dont les entrepreneurs, qui doivent composer avec des marges très faibles, et les salariés, souvent cantonnés à des rémunérations proches du minimum légal, sont « guidés par la passion de leur métier », selon leur organisation.
Rentabilité » parmi les plus faibles du commerce de détail »
Xerfi note « une rentabilité parmi les plus faibles du commerce de détail », avec un bénéfice net qui représentait 1,1% du chiffre d’affaires en 2022. Hors alimentation, seuls les magasins de chaussures, d’informatique et de fleurs font moins de BON.
Après une année 2021 exceptionnelle, une 2022 plus ordinaire et une 2023 médiocre, les perspectives ne sont pas bonnes pour 2024 et 2025, selon les projections du cabinet.
Face à un marché du livre en stagnation et à des coûts en hausse (frais de personnel, loyer, transport, énergie), les grandes librairies devraient voir leur rentabilité se maintenir stable à 1,7% en 2025, tandis que les librairies moyennes devraient voir la leur diminuer. à 0,8%, et les petits se retrouvent dans le rouge, à -1,3%.
« Les librairies doivent générer un chiffre d’affaires supplémentaire de 5 à 8 % d’ici 2025 pour compenser l’augmentation prévisible de leurs coûts », estime en conclusion Xerfi. Cette croissance « paraît hautement improbable », expliquait début juin à la presse la vice-présidente du SLF, Amanda Spiegel.
Appeler à l’aide
Elle a appelé les pouvoirs publics et les autres acteurs du marché du livre (éditeurs, diffuseurs et distributeurs) à faire des concessions, sous peine de voir de nombreux commerces baisser leurs rideaux. « En l’absence de mesures en faveur des librairies, la plupart d’entre elles se retrouveront en déficit d’ici deux ans », estime-t-elle.
Les libraires souhaitent « une réduction drastique » de la production, ce qui « nous permettrait de faire notre travail de manière beaucoup plus qualitative », a-t-elle déclaré. Elle a également exhorté les groupes d’édition à appliquer systématiquement aux libraires des tarifs aussi avantageux que ceux accordés aux autres libraires, comme Amazon. Et de s’aligner sur les pratiques commerciales des deux groupes les plus vertueux, Editis et Madrigall.
Enfin, auprès des pouvoirs publics, le SLF demande que la réduction de 9% sur le prix des livres accordée aux collectivités locales, pour les achats destinés aux bibliothèques, soit abaissée à 5%.