Économie. Face au dérapage du déficit public, l’État vend ses biens immobiliers
L’Etat est en quête d’économies après que le déficit public ait dérapé à 5,5% en 2023. Dérapage dû notamment à un baisse de 21 milliards d’euros des recettes, expliquée par le ralentissement de l’inflation (qui ralentit les recettes de TVA et de cotisations sociales), la crise immobilière (qui pèse sur les droits de mutation), une baisse inexpliquée de l’impôt sur les sociétés financières, et la baisse rendement de la taxe exceptionnelle sur les entreprises énergétiques.
Plusieurs solutions sont envisagées et l’Etat s’en mêle en réduisant son parc immobilier. 645 biens publics ont ainsi été cédés en 2023, « pour une valeur de 280 millions d’euros », a annoncé le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave dans un entretien à La Tribune dimanche. « Nous devons renoncer aux mètres carrés et réduire les coûts énergétiques de nos bâtiments. C’est vertueux pour la planète, c’est vertueux aussi pour les finances publiques », a déclaré le ministre délégué.
Objectif : ramener le déficit en dessous de 3%
Le Premier ministre Gabriel Attal, hostile aux hausses d’impôts, a répété cette semaine qu’il souhaitait ramener le déficit sous la barre des 3% en 2027 et a rappelé que le gouvernement donnerait la semaine prochaine une « trajectoire » actualisée pour atteindre cet objectif. 3%, c’est aussi l’objectif de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. «Ma détermination est totale», insiste-t-il. Le programme de stabilité (les prévisions de déficit et de dette destinées à la Commission européenne, NDLR) doit être « présenté au Conseil des ministres mercredi 17 avril », indique Thomas Cazenave à La Tribune dimanche.
Commandés par le chef du gouvernement, quatre députés de la majorité ont commencé à travailler en fin de semaine sur la « fiscalité des rentes » évoquée par Gabriel Attal. Ils devraient rendre leurs conclusions en juin. «Certains souhaitent que les bénéfices leur soient retirés, notamment parmi les sociétés énergétiques, d’autres préconisent de taxer les rachats d’actions. (…) Nous sommes ouverts aux propositions, j’ai demandé aux services de Bercy d’apporter aux parlementaires tout le soutien technique nécessaire », a assuré Thomas Cazenave. Le ministre des Comptes publics, selon lequel l’État dépense chaque année deux milliards d’euros en loyers, a également réitéré sa volonté de réduire de 25 % les surfaces de bureaux occupées par l’administration.
Deux milliards d’euros d’économies dans le viseur
« Quitter les locaux actuellement loués » devrait ainsi permettre « d’économiser à terme un milliard d’euros annuels en dépenses d’entretien et en loyers », a-t-il expliqué à La Tribune dimanche. Concernant les mutations immobilières, Thomas Cazenave estime « leur valeur potentielle à cinq milliards d’euros, sachant que l’Etat possède 190 000 immeubles, soit près de 100 millions de mètres carrés ».
D’autres options incluent la location de certains espaces. « Notre bonne gestion a permis, l’an dernier, d’augmenter de 20 % les revenus provenant des loyers payés par les occupants du portefeuille immobilier. C’est un milliard d’euros de chiffre d’affaires », précise-t-il.