Eau en bouteille : deux nouvelles plaintes déposées contre les groupes Nestlé et Sources Alma
L’association Foodwatch L’entreprise a l’intention de porter plainte, ce mercredi 25 septembre à Paris, en se constituant partie civile, contre le géant Nestlé et le groupe Sources Alma concernant le traitement de leur eau en bouteille. L’objectif est qu’un juge d’instruction se penche sur des pratiques présentées comme frauduleuses.
Après la signature d’une convention de plaidoyer – ou convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) – quinze jours plus tôt par Nestlé et le tribunal judiciaire d’Epinal, l’ONG de protection des consommateurs Foodwatch n’entend pas laisser les grands pontes dicter leur loi. L’association de protection des consommateurs a annoncé mercredi 25 septembre au matin qu’elle déposerait ce même jour à Paris deux nouvelles plaintes contre le numéro un mondial des eaux minérales Nestlé Waters et le groupe Sources Alma (Cristaline, St-Yorre, Vichy, etc.), avec cette fois la constitution de partie civile, qui permet généralement la désignation d’un juge d’instruction.
En fait, c’est la deuxième fois que Foodwatch Le groupe suisse a déposé plainte contre les deux géants. Une première plainte à Paris avait été transférée par le parquet de la capitale à celui d’Epinal, qui avait déjà ouvert une enquête préliminaire pour tromperie contre le groupe suisse.
L’utilisation de traitements interdits pour purifier les eaux minérales en bouteille, notamment par Nestlé Waters, ainsi que « la complaisance de l’État » sont particulièrement pointés du doigt par l’association.
Traitements interdits pour purifier les eaux minérales
« Des milliards de bouteilles frauduleuses qui n’avaient plus rien à voir avec de l’eau minérale naturelle ou de l’eau de source ont été vendues »et ceci « sans jamais informer les consommateurs »dénonce l’association dans un communiqué publié mercredi 25 septembre. « Les autorités et les entreprises refusent de communiquer sur cette fraude massive »le texte continue, appelant à « Mobilisation citoyenne par une pétition » pour « pour défier ces géants qui pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et exiger qu’ils rendent des comptes ».
Un appel à l’indignation qui fait suite aux nombreux scandales concernant l’eau en bouteille ces derniers mois. Nestlé Waters avait notamment utilisé des traitements interdits pour purifier l’eau minérale vendue en bouteille en France, avait-on appris. Radio France Et Le mondeLe groupe avait admis avoir utilisé des systèmes de désinfection interdits (lampe UV, charbon actif) pour entretenir la « sécurité alimentaire » de ses eaux des Vosges (Vittel, Contrex et Hépar).
Responsabilité de l’État
Plus grave encore : la ministre de l’Industrie de l’époque, Agnès Pannier-Runacher, autorisait l’utilisation de traitements ultraviolets et de filtres à charbon interdits sur certaines de ces eaux (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex), ont révélé les journalistes dans leur enquête. L’État savait, et autorisait même l’utilisation de traitements interdits. Ainsi, 30 % des eaux « de marque » seraient concernés par ces pratiques, à 100% pour ceux de Nestlé, selon les travaux des journalistes.
Il n’est donc pas surprenant que l’association Foodwatch se demande aussi à propos de « la complaisance de l’État dans cette affaire » OMS « pose la question de sa responsabilité ». Et ce d’autant plus que de nombreuses alertes ont été lancées ces dernières années. La brigade des fraudes avait déjà enquêté sur la production des eaux de St-Yorre, de Vichy Célestins et de Chateldon, propriété de Sources Alma, notamment « l’ajout dissimulé de dioxyde de carbone industriel et d’une substance chimique interdite »a appris le média en ligne Médiacités en novembre 2022.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait également révélé dans un rapport d’avril dernier que Nestlé Waters utilisait ces traitements interdits pour ses trois eaux minérales vosgiennes depuis au moins quinze ans, selon une enquête publiée par Mediapart. Le bénéfice réalisé par l’entreprise était estimé dans ce rapport à 3 milliards d’euros, un chiffre contesté par Nestlé Waters.
La Commission européenne a à son tour sonné l’alarme en juillet dernier, estimant dans un audit que le système mis en place en France pour contrôler l’eau en bouteille était entaché « de graves lacunes » et ne garantit pas l’absence de produits frauduleux dans les rayons.
Un accord de 2 millions d’euros
Autant d’éléments qui pointent la responsabilité de l’État et des géants de l’eau minérale. Concernant le cas de Nestlé Waters, l’enquête qui a suivi a abouti à la signature le 10 septembre d’une convention (une Cjip, Convention Judiciaire d’Intérêt Public) entre Nestlé et le Tribunal Judiciaire d’Épinal, par laquelle le groupe s’est engagé à payer une amende de 2 millions d’euros ainsi que des frais de justice. « réparer l’impact écologique » en échange de l’abandon de toute procédure pénale dans l’affaire de ses forages illégaux dans les Vosges et du traitement frauduleux de l’eau potable.
Pour Foodwatch, cet accord juridique à Epinal est venu « balayer sous le tapis toute action publique contre Nestlé Waters Grand Est » Et « permet à la multinationale de s’en sortir en sortant le chéquier » dans un « une affaire de fraude massive qui a touché le monde entier pendant des décennies ».
Quant au groupe Alma, qui avait déjà fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Cusset (Allier), ses représentants avaient indiqué que cette procédure pénale concernait « des faits anciens et isolés propres à certains sites de production » et a assuré que sa marque phare, Cristaline, n’était pas affectée.
Mais pour l’association de consommateurs, qui ne compte pas s’arrêter là, il y a matière à investigations supplémentaires concernant les deux groupes : « injection de dioxyde de carbone dans l’eau « naturellement gazeuse » de Chateldon, utilisation de sulfate de fer pour réduire la présence d’arsenic sur les sites de St-Yorre et de Vichy Célestins ; fraude organisée utilisant des traitements illégaux depuis des décennies chez Nestlé ; manque de transparence sur le risque sanitaire. »
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