Duralex placé en redressement judicaire : plusieurs centaines de salariés de la mythique verrerie en sursis
En difficulté, la mythique verrerie Duralex, dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier, a été une nouvelle fois placée en redressement judiciaire ce mercredi 24 avril 2024, trois ans après une précédente procédure.
En difficulté, la mythique verrerie Duralex, dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier, a été une nouvelle fois placée en redressement judiciaire ce mercredi 24 avril 2024, trois ans après une précédente procédure.
Au cours d’une audience qui a duré un peu plus d’une heure, le tribunal a désigné deux représentants légaux et a fixé une nouvelle date d’audience au 5 juin. « Le tribunal espère trouver un repreneur » pour l’entreprise française en difficulté, a expliqué un magistrat à la presse à l’issue de l’audience.
A l’audience, au cours de laquelle les juges professionnels ont entendu à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de l’entreprise française, les salariés « nous avons demandé des explications, que nous attendons toujours »a commenté auprès de l’AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.
En attendant la prochaine audience, les deux agents désignés « fera le point sur la situation »a poursuivi le syndicaliste CGT à la fin de l’audience. « Nous en saurons plus plus tard. Ils essaient de faire ce qu’ils peuvent pour nous.a-t-il ajouté, précisant que les 230 salariés seraient « pour pouvoir continuer à travailler ».
A l’extérieur, une dizaine de militants de la CGT et du PCF ont accueilli sereinement la décision. « Duralex est en difficulté depuis pas mal d’années »avait auparavant concédé la nouvelle PDG de la société Géraldine Fiacre, dans un entretien au quotidien régional La République centrale.
« En 2021, nous avons eu un beau projet verrier, mais la crise énergétique a été le plus gros obstacle qui a conduit à la mise en veille du four », précise le dirigeant, présent à l’audience. En 2023, l’entreprise « a subi une forte baisse de la consommation »elle a continué.
Interrogé par la presse après l’audience, le dirigeant n’a pas souhaité s’exprimer. Ce n’est pas une première pour l’entreprise, qui avait déjà été placée en redressement judiciaire il y a trois ans et sauvée à la dernière minute.
« Le problème, c’est qu’on commence à s’y habituer. », déplore le délégué Force ouvrière (FO) Gualter Teixeira, 50 ans, dont la moitié passée dans l’usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Pour cet élu, la situation est« un problème de gestion de l’entreprise »dont « des frais fixes de 2,5 millions d’euros mensuels » sont trop importants.
« La Tour Eiffel des arts de la table »
En attendant, si « les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l’arrêt et les agences d’intérim ont déjà rappelé les 30 à 40 intérimaires présents chez Duralex.s’inquiète François Dufranne.
« Ici, avant, il y avait 1 500 salariés Duralex, 1 500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin », se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d’anciens collègues, aujourd’hui retraités, venus les soutenir. La glace! la seconde a fermé ses portes et il ne reste plus que quelques centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres colorés et ses assiettes réputées incassables, qui ressemblent un peu à « la Tour Eiffel des plats »selon Duralex.
Dans un communiqué envoyé la semaine dernière, la CGT du département dénonce un « décision politique » visée « rationaliser et optimiser l’investissement des actionnaires ».
« Les belles promesses auront quand même permis aux actionnaires d’empocher des millions d’euros d’aides financières de l’Etat et des collectivités locales, dont les 15 millions versés récemment » par les autorités, pointe toujours du doigt le syndicat.
Duralex, confrontée à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, a été temporairement sauvée grâce à un prêt de 15 millions d’euros de l’État. De quoi permettre à l’usine de rouvrir son four de verrerie et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.
Parallèlement, la société New Duralex International (NDI) affirme avoir été récemment condamnée à payer les droits de pollution de l’ancien propriétaire de Duralex.
Incompréhensible selon les responsables syndicaux : « On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu’en 2030, de belles présentations, un grand discours et trois semaines plus tard, nous avons pris connaissance de la demande de recours judiciaire », s’agace François Dufranne. Aucun chiffre n’a été détaillé lors de l’audience, ont indiqué plusieurs sources syndicales et judiciaires.