Du révolutionnaire V6 turbo au fabuleux V10 : la glorieuse histoire des moteurs Renault
Les nouvelles les plus importantes de la journée

Du révolutionnaire V6 turbo au fabuleux V10 : la glorieuse histoire des moteurs Renault

RenaultEF1

Moteur V6 turbocompressé de 1,5 L
15 victoires entre 1977 et 1983

©DPPI

Lorsque Renault débarque en Formule 1, lors de ce Grand Prix de Grande-Bretagne 1977 (un week-end du 14 juillet !), la Losange arrive avec un moteur unique et révolutionnaire : un petit V6 de 1,5 litre… propulsé par un turbocompresseur ! Du jamais vu dans la discipline et une énorme prise de risque de la part du constructeur français, qui ose bousculer les codes pour ses débuts en F1.

La première saison de la Renault EF1 s’avère pour ainsi dire… compliquée : le moteur conçu par Bernard Dudot et son équipe n’est pas fiable, manque de puissance et n’est pas simple à utiliser avec un énorme « retard du turbo »un temps d’attente entre l’appui sur la pédale d’accélérateur et la recharge du turbo. Le V6 turbo casse si souvent que les Anglo-Saxons surnomment la monoplace française la « Théière jaune »littéralement la « Théière Jaune ».

Mais le succès ne tarde pas à arriver : après deux années de développement intense, Renault remporte sa première victoire en Formule 1 lors du Grand Prix de France 1979 grâce à Jean-Pierre Jabouille. Le moteur, plus léger que ses concurrents, devient également plus puissant au fil des années, atteignant 650 chevaux en 1983 !

Hélas, la Renault EF1 ne sera jamais sacrée championne du monde : dominante en 1982 et 1983, la Régie n’a pas réussi à transformer l’épreuve avec Alain Prost. Les autres motoristes ayant eu le temps d’adopter et de développer le moteur turbo, Renault ne parvint pas à se maintenir au sommet au milieu des années 1980 avec le moteur EF4 suivant. Le Losange aura néanmoins transformé à jamais la Formule 1, et le sport automobile.

Renault RS1 à RS9

Moteur V10 atmosphérique de 3,5 L puis 3,0 L (à partir de 1995)
80 victoires entre 1989 et 1997
6 titres Constructeurs (Williams en 1992/1993/19941996/1997, Benetton en 1995)

©DPPI

Moins de trois ans après la « mise en stand-by » du programme moteur, Renault revient en 1989 avec un tout nouveau bloc : un V10 atmosphérique (le turbo ayant été interdit à partir de 1989) à 67°, angle d’inclinaison des nouveaux cylindres. Un choix surprenant, puisqu’à cette époque, les équipes étaient réparties entre un V8 léger et un V12 puissant. Le Losange décide de diviser la poire en deux avec ce V10 de 3,5 litres, baptisé RS (pour Renault Sport). Le moteur est également équipé d’un retour pneumatique des soupapes, une innovation introduite sur le précédent V6 turbo en 1986.

L’angle de 67° permet une meilleure compacité du moteur et donc un aérodynamisme plus permissif. Contrairement au V6 turbo, les premiers succès furent immédiats avec son équipe client, quasi officielles tant le partenariat était fort : Williams. Deux victoires en 1989, autant en 1990 et à partir de 1991, Williams-Renault s’impose comme une équipe leader. Le potentiel du motoriste français allié à l’innovation de l’équipe se révèle et en 1992, grâce à la FW14 à suspensions actives, Renault remporte son premier titre mondial de motoriste !

Le début d’un âge d’or : entre 1992 et 1997, Renault remporte tous les titres Constructeurs avec Williams et Benetton grâce à son fabuleux V10, léger, puissant et fiable. Le changement de réglementation en 1995 – qui a réduit la cylindrée des moteurs de 3,5 litres à 3,0 litres – n’y changera rien : le clan français domine outrageusement la discipline avec un six historique d’affilée. Fin 1997, malheureusement, Renault décide de mettre un terme au programme moteur officiel, tout en établissant un partenariat technique et financier avec Mecachrome pour l’exploitation et le développement de moteurs V10 en 1998 et 1999.

Renault RS21 à RS25

Moteur V10 atmosphérique de 3,0 L
10 victoires entre 2001 et 2005
1 Titre Constructeurs (Renault en 2005)

©DPPI

L’histoire se répète encore au début du 21e siècle : comme dans les années 1980, il ne faudra que trois ans pour revoir le Losange en Formule 1. Renault décide de racheter l’écurie Benetton en 2000 et fait son retour à la discipline en tant que constructeur. Il faudra attendre 2001 pour voir le nom Renault revenir côté moteur, avec un tout nouveau V10. Ce dernier est incliné à 110°, un angle encore une fois inédit car bien plus ouvert que les autres V10 de l’époque.

Ce V10 3,0 litres à 110° présente un avantage et un inconvénient : d’une part, le moteur à grande ouverture permet d’abaisser au maximum le centre de gravité de la monoplace, qui devient donc plus stable dans les virages. et donc plus rapide. A l’inverse, ce penchant inédit est plus sujet à la casse et au manque de fiabilité… et cela n’a pas échappé à l’équipe française au début des années 2000. Très rapides sur tour roulant et aux départs, notamment en 2003, les moteurs RS21 à RS23 tombent souvent en panne. Fernando Alonso remportera cependant la première victoire du Losange lors du Grand Prix de Hongrie 2003 depuis les années 1980.

En 2004, un changement de règlement technique (un seul moteur par week-end) oblige Renault à revoir ses plans : fini le peu fiable V10 110°, remplacé par une structure 72° beaucoup plus conventionnelle. Le moteur gagne en poids, mais surtout en puissance, et le clan Tricolore arrive en tête du classement en 2005 : pour la première fois de son histoire, Renault remporte les titres Pilotes et Constructeurs sous son propre nom ! Une fin d’aventure idéale avec le V10, qui doit céder la place au V8 dès la saison suivante…

Renault RS26 – RS27

Moteur V8 atmosphérique de 2,4 L
64 victoires entre 2006 et 2013
5 titres Constructeurs (Renault en 2006, Red Bull en 2010/2011/2012/2013)

©DR

Après le V6 turbo et le V10 atmo, Renault s’essaye au V8 atmosphérique, conforme à la nouvelle réglementation moteur imposée en 2006. Un moteur à l’architecture classique avec une ouverture à 90° et une cylindrée de 2,4 litres. , comme l’exige la réglementation. Cette fois, pas de révolution technique majeure mais Renault s’appuie sur sa longue et glorieuse expérience de motoriste pour produire un moteur fiable et performant dès sa première saison d’utilisation.

Après leur titre de 2005, Renault et Fernando Alonso enchaînent en 2006, battant la Ferrari de Michael Schumacher grâce à une combinaison gagnante avec Michelin notamment. Si le moteur ne fait pas une grande différence, les performances entre chaque motoriste étant de plus en plus faibles au fil de la saison, la souplesse du moteur Renault est reconnue et son utilisation est plus simple que les autres moteurs.

Après une période creuse entre 2007 et 2011, avec notamment une introduction ratée du KERS (système de récupération cinétique), Renault s’est progressivement éloigné de la Formule 1 jusqu’à la quitter définitivement fin 2011… mais pas pour le programme moteur. En effet, Losange continue de fournir ses moteurs à ses équipes clients, notamment Red Bull. L’écurie autrichienne utilise le RS27, un bloc moteur lancé en 2007 qui bénéficie du gel de la réglementation moteur à la fin de la saison 2007.

Si le moteur français est légèrement moins puissant que ses concurrents, la collaboration entre Renault et Red Bull débouchera sur une période de domination sans partage entre 2010 et 2013 grâce notamment à Sebastian Vettel. Quatre titres de Championnat du Monde Constructeurs supplémentaires pour Renault, ce qui porte son total à 12 titres mondiaux : aujourd’hui encore, le Losange est le deuxième motoriste le plus titré en Formule 1 derrière Ferrari !

LIRE AUSSI > Alpine : le groupe Renault confirme la mort de son moteur

Quitter la version mobile