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Du pénis au cerveau, l’invasion microplastique se poursuit

Du pénis au cerveau, l’invasion microplastique se poursuit

30 septembre 2024 à 9h08

Temps de lecture : 5 minutes

La liste des organes du corps humain contaminés par des microplastiques s’allonge. Après les poumons, le tube digestif, les reins et le foie, le pénis et le cerveau seraient également contaminés. Une nouvelle étude publiée le 19 juin dans l’International Journal of Impotence Research a mis en évidence la présence de ces particules dans cet organe génital. Notre cerveau est également touché selon une étude en phase de pré-publication – qui doit donc encore être validée par les pairs. Une troisième étude publiée en mars 2024 dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre On le retrouve également dans les artères, sur les plaques d’athérosclérose responsables de troubles cardiovasculaires.

Ces premiers résultats sont-ils significatifs ? ? «  Sans aucun doute »estime le chercheur Xavier Coumoul, co-directeur de l’équipe de recherche Metatox. Pour ce professeur de toxicologie à l’université Paris Cité, le fait que les méthodes d’analyse caractérisent de mieux en mieux les nanoplastiques, plus petits donc plus mobiles, «  conduira à en retrouver de plus en plus dans tout le corps humain. C’est un sujet d’alerte ».

Les résultats sur le pénis ou le cerveau, qui restent isolés, «  sont débattus dans la communauté scientifique travaillant sur le plastique »affirme néanmoins Bettie Cormier, de l’Université norvégienne des sciences et technologies. Elle souligne qu’il n’existe aucun mécanisme connu pour expliquer le passage de plastiques de taille micrométrique à travers la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau. «  La méthode utilisée dans ces études de chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse reste encore à valider. »estime ce chercheur en écotoxicologie.

Décontaminer les laboratoires d’analyses

Un autre problème pour évaluer la fiabilité des études est le risque de contamination des échantillons par des microplastiques présents dans tout notre environnement et donc aussi dans les laboratoires. Guillaume Duflos, chargé de mission microplastiques à l’Anses, décrit comment l’agence a revu ces procédés analytiques pour limiter et quantifier cette contamination. Par exemple, porter une combinaison en coton pour éviter la contamination des vêtements par des fibres plastiques.

«  Aujourd’hui, il est également indispensable de disposer de contrôles positifs, un récipient laissé à l’air libre en laboratoire rempli d’une solution garantie initialement sans plastique. Mesurer en fin d’expérience la quantité de plastique dans la solution donne une idée de la contamination des échantillons en laboratoire »précise l’expert.

«  Ce qui nous interroge aujourd’hui, c’est la libération d’additifs dans l’organisme »

«  Les microplastiques sont principalement éliminés par l’organisme, filtrés dans les poumons ou évacués dans les selles. Mais cela n’enlève en rien leur toxicité du fait des substances chimiques présentes dans les plastiques et rejetées dans l’organisme. »explique Bettie Cormier. Son équipe norvégienne a publié début 2024 un rapport qui estime que les additifs chimiques présents dans les plastiques représentent le principal danger toxique : «  Nous avons montré que les 16 000 produits chimiques connus pour leur potentiel toxique utilisés dans les plastiques constituent un problème plus important que la présence de microparticules. »

Un plastique est en effet constitué de polymères mais aussi de nombreux additifs chimiques pour lui conférer les propriétés recherchées, additifs qui représentent la moitié de la masse du morceau de plastique. «  Ce qui nous interroge aujourd’hui, c’est la libération de ces additifs dans l’organisme. »confirme Guillaume Duflos. Une étude récente publiée en septembre 2024 dans Nature montre que sur ces 16 000 substances, 3 600 ont déjà été détectées chez l’homme.

Des modèles animaux mais aussi de nouveaux modèles organoïdes reproduisant en laboratoire des organes humains – par exemple un cerveau miniature – permettent désormais de commencer à étudier la toxicité des cocktails chimiques présents dans les plastiques. Mais le projet est titanesque compte tenu du nombre disproportionné de recombinaisons possibles entre les 16 000 substances recensées.

«  Des études épidémiologiques sur des cohortes humaines sont également nécessaires pour suivre la quantité de plastiques dans l’organisme et l’associer au développement de pathologies, études qui n’ont pas encore été lancées à ma connaissance. »commente Xavier Coumoul.

Inflammations et maladies chroniques

La toxicité mécanique, c’est-à-dire la présence concrète de particules microplastiques elles-mêmes dans notre organisme, n’est pas négligeable. Plusieurs études chez l’animal montrent clairement que l’accumulation de microparticules participe à un phénomène inflammatoire responsable de nombreuses maladies chroniques, même s’il existe encore peu de preuves pour transposer ces résultats à l’homme.

À ces toxicités s’ajoute celle propre aux nanoplastiques, liée aux propriétés de ces particules qui peuvent interagir avec nos propres molécules biologiques. Dans un rapport soumis à la Commission européenne en 2023, des experts de l’Université de West England ont examiné la littérature qui montre que les nanoplastiques peuvent interagir avec des protéines, des lipides, des acides nucléiques et former des couronnes nanoplastiques qui facilitent leur absorption et leur translocation. Autrement dit, qui leur permettent de mieux traverser les membranes biologiques…

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