Drones américains en mer Noire : la Russie menace l’OTAN d’une « confrontation directe » – 28/06/2024 à 13h41
La Russie a menacé les Occidentaux de « confrontation directe » en raison de « l’intensification » des vols de drones militaires américains en mer Noire, au large de l’Ukraine, quelques jours après de premières menaces visant Washington à la suite d’une frappe en Crimée annexée (AFP / NATALIA KOLESNIKOVA)
La Russie a menacé vendredi les Occidentaux de « confrontation directe » en raison de « l’intensification » des vols de drones militaires américains en mer Noire, au large de l’Ukraine, quelques jours après de premières menaces visant Washington à la suite d’une frappe en Crimée annexée.
Moscou estime que l’aide fournie à Kiev en termes d’armes, de collecte de renseignements et d’identification de cibles sur le territoire russe a fait des États-Unis et de leurs alliés des parties au conflit en Ukraine, que le Kremlin a exacerbé en février 2022 en lançant ses forces pour attaquer son voisin.
Les vols de drones américains en mer Noire « augmentent la probabilité d’incidents dans l’espace aérien avec des avions des forces aérospatiales russes, ce qui augmente le risque d’une confrontation directe entre l’Alliance et la Fédération de Russie », a-t-il déclaré. » a dénoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
« Les pays de l’OTAN en seraient responsables », a-t-il averti, ajoutant que le ministre de la Défense Andreï Belousov avait ordonné à l’état-major « de prendre des mesures pour répondre rapidement aux provocations ».
Car, selon le ministère russe, les drones américains sont utilisés « pour la reconnaissance et la désignation de cibles pour les armes de précision fournies aux forces armées ukrainiennes » par l’Occident.
Après avoir longtemps refusé, par crainte de provoquer une escalade, Américains et Européens ont commencé à autoriser ces dernières semaines, sous conditions, des frappes avec des armes de précision occidentales sur le territoire russe pour détruire des sites et des systèmes utilisés pour bombarder l’Ukraine.
– Garrot garrot pour tous –
La Russie avait déjà menacé les Etats-Unis de représailles le 24 juin, les accusant d’avoir « tué des enfants russes », au lendemain d’une frappe en Crimée, péninsule ukrainienne bordée par la mer Noire et annexée par Moscou en 2014. L’attaque avait fait quatre morts, dont deux enfants, et plus de 150 blessés par les débris d’un missile abattu au-dessus d’une « zone côtière », selon Moscou.
Car selon le Kremlin, les frappes de missiles ATACMS à longue portée ne peuvent pas être menées par l’Ukraine seule, car elles nécessitent des spécialistes, des technologies et des renseignements collectés par les Américains.
A Washington, le Pentagone s’est limité à affirmer lundi que l’Ukraine « prend ses propres décisions ».
Déjà début juin, évoquant des représailles, le président russe Vladimir Poutine avait menacé de livrer des armes équivalentes aux ennemis de l’Occident pour frapper leurs intérêts dans d’autres régions du monde (AFP / JOHN THYS)
Début juin déjà, invoquant des représailles, le président russe Vladimir Poutine avait menacé de livrer des armes équivalentes aux ennemis de l’Occident pour attaquer leurs intérêts dans d’autres régions du monde.
Et si la flotte russe dispose d’une supériorité numérique en mer Noire, elle a perdu depuis plus de deux ans de nombreux navires, ciblés par des attaques de drones navals lancées avec succès depuis Kiev.
Grâce à ces frappes, l’armée ukrainienne repousse les navires de guerre russes et établit un couloir maritime dans la zone pour exporter ses céréales. Elle tente désormais également de frapper l’importante base militaire de Crimée, base arrière de l’effort de guerre russe.
Face aux frappes ukrainiennes, les autorités installées par Moscou à Sébastopol, quartier général de la flotte russe de la mer Noire, ont demandé jeudi à chaque habitant de porter désormais un garrot, instrument médical utilisé pour stopper les hémorragies.
– Dépôt de pétrole touché –
L’Ukraine attaque également régulièrement des sites énergétiques russes à l’aide de drones, en représailles aux bombardements qui ont dévasté les infrastructures ukrainiennes, obligeant Kiev à rationner l’électricité dans tout le pays.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un dépôt pétrolier de la région de Tambov, à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière, a été attaqué par un drone explosif ukrainien, selon le gouverneur régional Maxime Egorov, provoquant un incendie qui a ensuite été éteint.
Le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé avoir « intercepté » 25 drones ukrainiens dans la nuit au-dessus du territoire russe.
Combats en Ukraine, dans la région de Donetsk, le 27 juin 2024 (AFP / Roman PILIPEY)
Des combats de haute intensité se poursuivent sur une grande partie du front, qui s’étend sur environ 1 000 km, notamment au nord-est et à l’est.
Depuis des mois, l’armée russe a l’initiative. Le 10 mai, elle a lancé une nouvelle offensive dans le Nord-Est, dans la région de Kharkiv, contre une armée ukrainienne à court d’hommes et de munitions.
Mais Kiev affirme que les forces ukrainiennes sont dans une meilleure position maintenant que l’aide occidentale, bloquée depuis des mois, parvient aux troupes sur les lignes de front.
« Le ratio de consommation de munitions était de 1 à 7 (en faveur de l’armée russe, ndlr), aujourd’hui il est de 1 à 3 », a indiqué vendredi à l’AFP une source au sein de l’état-major ukrainien.
Une nouvelle mobilisation doit aussi reconstituer les rangs ukrainiens,