Le ministre de l’Intérieur entend en substance reprendre les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel en janvier dernier.
« Les Français le veulent à 71% et la France en a besoin. » Au micro de France Inter, Bruno Retailleau a martelé la nécessité d’une nouvelle loi sur l’immigration. Annoncé pour 2025, le texte repose sur un constat : « Si nous sommes le plus offrant parmi les pays européens, alors nous sommes les plus attractifs. » Le ministre de l’Intérieur espère donc que la France « soit dans la moyenne des pays européens ». Il cite notamment l’aide médicale d’État (AME), « un encouragement à la clandestinité (…) qui nous distingue à travers le monde »qu’il ambitionne de transformer en aide médicale d’urgence.
Pour que cette nouvelle loi sur l’immigration voie le jour, deux options sont sur la table. Le gouvernement pourrait simplement transposer le pacte européen sur la migration et l’asile dans un projet de loi, en y ajoutant des dispositions. « Sinon nous avons deux textes, un projet de loi de transposition et une proposition de loi. Il y en a un qui est prêt au Sénat”a souligné Bruno Retailleau, en référence au texte qu’il avait déposé lorsqu’il était chef des sénateurs LR. Ce projet de loi reprenait les dispositions de la précédente loi sur l’immigration censurée par le Conseil constitutionnel en janvier dernier. « Je ne proposerai rien qui n’ait déjà été voté »a assuré le ministre de l’Intérieur.
Nomination d’une « missi dominici »
Le Vendéen entend ainsi rétablir le délit de séjour irrégulier et mettre fin à l’automaticité du droit foncier. « On ne peut pas devenir Français sans s’en rendre compte »estime Bruno Retailleau. En réponse au meurtre des Philippines, le ministre de l’Intérieur propose d’étendre la période de détention des étrangers en situation irrégulière jugés dangereux de 90 à 210 jours, « comme pour les terroristes ».
Sur France Inter, la haute police nationale a annoncé la nomination d’un « Miss Dominique » – dont l’identité sera révélée ultérieurement – responsable des négociations « accords bilatéraux » avec des pays tiers, de transit ou d’origine. La semaine dernière, Beauvau a déclaré que le ministre négociait des accords avec des pays comme l’Irak, le Kazakhstan et l’Égypte. Bruno Retailleau refuse cependant de s’engager sur un taux d’exécution des OQTF, même s’il affirme « certain » que son « énergie » et son « stratégie » produira des résultats.
Alors que les députés du camp présidentiel ont exprimé leurs réticences face à cette future loi sur l’immigration, Bruno Retailleau a promis un « dialogue au sein du socle commun ». Le locataire de la place Beauveau ne défendra pas une réforme constitutionnelle, proposition phare de la droite, estimant que « les conditions politiques ne sont pas réunies ».