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Droit de grève : le gouvernement fait preuve de souplesse, les partenaires sociaux au bord d’un compromis historique


Les sièges des syndicats les plus représentatifs étaient en état d’alerte maximale ce vendredi. Et pour cause, leurs dirigeants avaient rendez-vous au ministère de l’Inclusion économique, des Petites entreprises, de l’Emploi et des Compétences, Younes SekkouriCe dernier, en charge du dossier, s’apprête à entamer une nouvelle journée de négociations avec le Partenaires sociauxL’enjeu est de taille : parvenir à un consensus sur le projet de loi organique régissant le droit de grèveun texte attendu depuis le début des années 60 et encore plus après la Constitution de 2011.

Un marathon de négociations pour un droit constitutionnel

Depuis près de deux ans, le gouvernement s’est lancé dans un véritable marathon de négociations. Pas moins de 65 réunions ont été organisées, impliquant une multitude d’acteurs : syndicats, employeurs, départements ministériels et même des représentants de la judiciaire« C’est une démarche plurielle qui consacre la démocratie participative », nous confie une source proche du dossier. Cette démarche est conforme aux orientations royales exprimées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’ouverture de la session parlementaire le 9 octobre 2015. Le Souverain a ensuite appelé à l’élaboration d’une loi équilibrée sur la droit de grèverespectueux des intérêts des travailleurs et des employeurs.

Les progrès réalisés depuis sont considérables. En 2016, un premier projet de loi a été soumis au ParlementMais elle s’était heurtée à une vive opposition des syndicats. « Les syndicats estimaient que certaines dispositions restreignaient le droit de grève », explique notre contact au ministère. Face à cette impasse, le gouvernement a choisi de « remettre le travail sur la table », en mettant la question à l’ordre du jour de la dialogue social.

Droit de grève : pourquoi le nouveau projet de loi risque de stagner à nouveau

En chantier depuis plus de six décennies, le projet de loi organique n° 97.15 relatif à l’exercice du droit de grève a une nouvelle fois cristallisé les tensions entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Alors que le texte entre dans le circuit législatif, les syndicats brandissent déjà leur veto, réclamant des garanties pour l’entériner. Dans ce climat tendu, le ministre Younes Sekkouri entame une série de consultations cruciales. Dans le même temps, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient d’adopter à l’unanimité un avis sur ce texte controversé. Cet avis, élaboré sur la base d’une démarche participative, met en lumière les enjeux complexes de cette loi. Entre la nécessité de protéger les droits des grévistes et celle d’assurer la continuité de l’appareil productif, trouver l’équilibre n’est pas une mince affaire. Les débats au sein de l’hémicycle s’annoncent houleux, voire incendiaires.

Des progrès significatifs sur les points de friction

Le cinquième cycle de négociations, qui vient de s’achever, a permis de réaliser des progrès substantiels sur plusieurs points de divergence. Parmi les questions les plus controversées figure la définition même de la grève. « LE gouvernement « a fait preuve d’une grande flexibilité », souligne notre source. « Nous avons répondu favorablement aux demandes des syndicats pour éviter de restreindre la droit de grèvenotamment en ne limitant pas certains types de grèves, telles que les grèves politiques et de solidarité.

Autre point litigieux : l’entité autorisée à déclencher une grève. Là encore, le gouvernement semble avoir cédé du terrain. La nouvelle mouture du projet de loi ne devrait pas limiter la prérogative d’exercer ce droit à certaines entités spécifiques. Une concession qui répond aux revendications des syndicats, mais aussi aux demandes des organisations de défense des travailleurs. droits de l’hommeLes délais et les modalités de la grève ont également fait l’objet d’intenses discussions. « Les parties s’orientent vers une réduction significative des délais et des procédures », a précisé le ministère. L’objectif est de permettre à la grève d’atteindre ses objectifs, tout en préservant un cadre juridique clair.

protection des droits des grévistes est au cœur des dispositions en discussion. Le texte devrait notamment interdire le licenciement des grévistes ou toute mesure discriminatoire à leur encontre pour avoir exercé leur droit de grève. Un point crucial pour les syndicats, qui y voient une garantie essentielle à l’exercice effectif de ce droit constitutionnel.

Un équilibre délicat entre droits des grévistes et liberté de travailler Le projet de loi ne se contente cependant pas de protéger les droits des grévistes. Il vise également à trouver un équilibre en garantissant les droits des travailleurs non grévistes. « La reconnaissance de la liberté de travailler pour les non grévistes est un droit fondamental qui doit être respecté parallèlement à l’exercice du droit de grève », explique notre source au ministère. Cette disposition pourrait susciter des débats. Les syndicats craignent qu’elle soit utilisée pour affaiblir l’impact des mouvements sociaux. Le gouvernement, lui, y voit un moyen de garantir la liberté de choix de chaque travailleur et d’éviter des situations de blocage total. Il s’agit donc de concilier le droit de grève, conquête sociale fondamentale, avec les impératifs de continuité de l’activité économique. Un défi que le Maroc n’est pas seul à devoir relever, comme en témoignent des débats similaires dans de nombreux pays.

Vers une adoption consensuelle du texte

Le chemin vers l’adoption finale du projet de loi semble de plus en plus à portée des acteurs. gouvernement veut être optimiste puisque le texte est entré dans le Parlement avec l’accord des acteurs sociaux en juillet 2024. « L’objectif de ces discussions est de parvenir à un consensus », précise le ministère. Une fois cet accord trouvé, le projet de loi sera à nouveau soumis au Commission parlementaire soucieux d’un examen approfondi. Cette approche répond aux attentes exprimées par les groupes parlementaires lors des discussions de juillet dernier. Elle s’inscrit également dans la logique du dialogue social prôné par le gouvernement depuis l’accord du 30 avril 2022, qui a confirmé officiellement la programmation de la discussion sur le droit de grève. Le ministre Younes Sekkouri, fer de lance de ces négociations, ne ménage aucun effort. Il multiplie les rencontres avec les représentants du syndicats le plus représentatif (Union Marocaine du Travail-UMT, Union Générale des Travailleurs du Maroc-UGTM, Confédération Générale du Travail-CDT)ainsi qu’avec ceux de la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc) et de la Confédération Marocaine de l’Agriculture et du Développement Rural (Comader)Son objectif : apporter des réponses concrètes aux observations et aux revendications formulées par chaque partie. Cette dynamique de concertation est saluée par de nombreux observateurs. Elle est perçue comme une étape significative vers la consolidation de l’Etat social souhaité par SM le Roi Mohammed VI et inscrit dans le nouveau modèle de développement. « Il s’agit d’une étape supplémentaire dans la consécration de l’Etat social et l’instauration d’un dialogue inclusif tout au long du processus législatif », affirme notre interlocuteur au ministère. Au-delà des aspects techniques et juridiques, l’enjeu est éminemment politique et social. réglementation du droit de grève est considéré comme un levier essentiel pour la justice sociale et des progrès significatifs vers la consolidation de la paix sociale. Éléments considérés comme essentiels à l’émergence économique du Royaume.

LE Conseil économique, social et environnemental (CESE) Le CESE a également été saisi par la Chambre des représentants pour émettre un avis sur le projet de loi. Une séance s’est tenue en présence du ministre Sekkouri, soulignant l’importance accordée à l’expertise de cette institution consultative. L’implication du CESE démontre la volonté, notamment du pouvoir législatif, d’élargir le champ de la consultation au-delà des seuls partenaires sociaux traditionnels. Elle s’inscrit dans une démarche globale visant à prendre en compte toutes les dimensions – économiques, sociales et environnementales – du développement du Maroc.

Alors que les négociations se poursuivent, tous les regards sont tournés vers Ministère de l’Inclusion Economique. Ce cycle de négociations pourrait être décisif. Si un consensus est trouvé, une étape historique pourrait être franchie dans la régulation des relations sociales. L’adoption d’une loi organique sur le droit de grèvetreize ans après son enregistrement au Constitution (c’est le cas depuis la première Constitution du Maroc), marquerait sans doute un tournant. Elle comblerait un vide juridique qui a longtemps été source de tensions et d’incertitudes. Pour le gouvernement, il s’agit aussi de donner corps à la vision d’un Le « modèle marocain » d’État social et de dialogue socialLes défis restent nombreux. La mise en œuvre effective de la loi, une fois adoptée, nécessitera un effort d’adaptation de la part de tous les acteurs. Les entreprises devront intégrer ces nouvelles dispositions dans leur gestion des ressources humaines. Les syndicats, de leur côté, seront amenés à repenser leurs stratégies de mobilisation dans ce nouveau cadre légal.

Younes Sekkouri : le gouvernement fait preuve d’une grande souplesse en acceptant les propositions des partenaires sociaux

LE gouvernement a fait preuve d’une grande souplesse en acceptant les propositions du Partenaires sociaux relatif au projet de loi organique fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève, a affirmé, vendredi à Rabat, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes SekkouriDans une déclaration à la presse en marge des réunions de concertation du gouvernement avec les organisations syndicales les plus représentatives, M. Sekkouri a relevé que les négociations avec les partenaires sociaux au cours des derniers mois ont « permis de réaliser des avancées significatives sur un certain nombre de questions fondamentales relatives au projet de loi organique fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève ». Le ministre a ajouté que les réunions de concertation sur ce sujet permettront d’examiner un certain nombre de sujets essentiels relatifs notamment au cadre constitutionnel du projet de loi et au respect des droits des grévistes, soulignant que le gouvernement ne pourra pas donner son aval à une loi qui entrave le droit de grève.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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