Un grand nom de la mode tire sa révérence: le Belge Dries Van Noten présente samedi son tout dernier défilé, après quarante ans de carrière où il a imposé son style, mélange d’audace, de sophistication et de poésie.
Peu de créateurs de mode prennent leur retraite à 66 ans, en bonne forme, comme il l’a récemment déclaré au New York Times, et avec une entreprise saine.
Unanimement respecté, celui surnommé le « Maître flamand de la mode » a surpris tout le monde en annonçant sa décision au printemps.
« Je pense qu’il est temps de laisser la place à une nouvelle génération de talents pour apporter leur vision au label », a-t-il écrit dans une lettre ouverte. Et pour évoquer l’envie de profiter « de toutes les choses pour lesquelles » il n’a pas « Je n’ai jamais eu le temps ».
Une décision difficile, d’autant que la marque – vêtements, accessoires, parfums – va continuer à vivre sans lui. « Que va-t-il se passer ensuite, avec mon nom ? « , a-t-il déclaré dans le New York Times.
« Après ce défilé masculin, j’aurai une autre adresse email. Je ne serai plus jamais @driesvannoten. Il me faut aussi trouver un nouveau nom sur Instagram car l’actuel est mon nom et aussi celui de la marque. C’est une situation étrange et je ne l’avais pas imaginé. »souligne-t-il.
Il ambitionne cependant de conseiller la marque qui a fait de la discrétion une de ses marques de fabrique (pas de logo ni de publicité) « pour la beauté, mais aussi les collections, le design des magasins… », précise-t-il. » a confié le Figaro samedi.
Rien n’a filtré de ce défilé printemps-été 2025 qui se déroule à La Courneuve, au nord de Paris, mais devrait plus que jamais célébrer le style Dries Van Noten : des vêtements coupés à souhait, des chocs de couleurs et des touches de tissus et d’imprimés, souvent floral.
Anvers, et contre tout
Les collections qui suivront seront réalisées par l’équipe de son studio avec qui il travaille depuis des années.
Seule condition avant son retrait : que le groupe reste à Anvers, loin des paillettes et du brouhaha du monde de la mode. Le groupe Puig, qui a pris une participation majoritaire dans le label en 2018, a donné son accord.
Installé depuis les années 1980, Dries Van Noten présente sa première collection à Londres, en 1986, avec le groupe de «Anvers Six» (Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Walter Van Beirendonck et Marina Yee), encore aujourd’hui synonyme d’avant-garde.
Fils et petit-fils de tailleurs, il ouvre sa première boutique en 1989 dans la capitale mondiale du diamant. La marque compte désormais 500 points de vente dans le monde.
« Le point de départ d’une collection peut être très littéral ou abstrait : un tableau, une couleur, les pensées de quelqu’un, tout à la fin… »expliquait-il à l’AFP en 2014, confiant s’être grandement nourri de ses voyages, notamment en Inde, et de l’art, avec une collection restée dans les annales inspirée de l’œuvre du peintre Francis Bacon en 2009.
Avant ce défilé d’adieu, les fashionistas et un parterre de célébrités (Pedro Almodovar, Jeff Goldblum, la chanteuse du moment Sabrina Carpenter…) ont pu découvrir la collection homme Loewe, dans le giron de LVMH.
Le designer JW Anderson s’est attaché à offrir une touche d’art plastique à la création stylistique : un T-shirt sans manches est ainsi présenté avec une délicate couche d’écailles dorées, assortie aux plumes d’oiseaux dorées avec lesquelles défilaient de nombreux mannequins, cachant leur visage.
Chez Hermès, une brise marine a soufflé pour la collection été dans le prisme d’eau, tout en bas légers, avec une étonnante chemise bleu glacier à col amovible et très peu de cuir pour la marque, sauf dans les sandales type pêcheur et les bagages. stockage.