double dose d’or par équipes, intitulées épéistes et épéistes
La Marseillaise bloquée en replay. L’escrime française a fait résonner l’hymne à deux reprises samedi à une dizaine de kilomètres de son terrain de Bâle avec deux titres européens: pour ses sabres puis pour ses épéistes, pleins de promesses à cinq semaines des JO.
Malgré les absences mais aussi les dissensions, les bretteurs tricolores, avec leurs troisième et quatrième médailles d’or de la semaine, sont montés sur tous les podiums par équipes avant la dernière journée de compétition.
Même privées de leur numéro un mondial au sabre Sara Balzer et du meilleur épéiste français Yannick Borel, préservés pour cause de blessures, les équipes de France ont fait un carton à la Halle Saint-Jacques samedi.
Dans une intrigue que ne nieraient pas les scénaristes de Game of Thrones, la bande de Manon Apithy-Brunet a renversé (45-44) l’Ukraine de la quadruple championne du monde Olga Kharlan.
Sarah Noutcha, sélectionnée comme remplaçante aux JO, a endossé le rôle de finissante pour son ami Balzer. Mené 44-42, le tireur de 24 ans a permis à l’Ukrainien de remporter quatre médailles olympiques.
«Je pensais que nous passions entre les mailles du filet»
« Honnêtement, je pensais vraiment qu’on allait passer entre les mailles du filet »reconnaît Cécilia Berder.
« Je n’avais vraiment plus la lucidité de savoir ce qui marchait ou pas », raconte Sarah Noutcha à propos de son grand retour. J’ai regardé Manon, concentré sur ce qu’elle me disait, et je l’ai bêtement appliqué. Je l’ai laissé aux commandes. »
Les Bleus de l’Epée se sont déroulés samedi sans crainte : ils ont surclassé (45-24) les champions du monde italiens dans une revanche de la finale mondiale de Milan l’été dernier. Épilogue d’une journée croisée avec des réussites d’au moins douze touches dans chacun de leurs quatre matches.
« Cela donne beaucoup de confiance. C’est la deuxième nation mondiale et notre principal adversaire aux Jeux», précise Paul Allègre. « En fin de match, ils ont peut-être laissé échapper quelques touches car le score est encore très, très sévère. Cela arrive assez rarement. »
Ils ont également fait preuve d’une étonnante capacité à ignorer le conflit entre la Fédération française et le trio de rebelles Cannone, Borel et Alexandre Bardenet.
Un malaise dont le comble a été atteint avec la non-sélection aux Jeux olympiques d’Alexandre Bardenet, soutenu par ses deux frères d’armes.
D’autant que Bardenet, qui conteste son absence devant le Comité olympique français (CNOSF), a été rappelé in extremis pour remplacer Yannick Borel, souffrant d’une légère gêne musculaire au niveau de l’ischio-jambier droit.
Remplaçant en Suisse, il n’a pas joué une seule seconde d’attaque sur le sol suisse.
« Peut-être que dans dix ans, on ne se souviendra plus que je n’ai pas tiré », sourit-il. Je suis très satisfait et encore plus heureux de l’ambiance entre nous. C’était le point clé et cela prouve que l’ambiance entre les tireurs, malgré le contexte, ne s’est jamais dégradée. »
« Alexandre s’est intégré de la meilleure façon possible. Il a été très positif sur le banc avec ses coéquipiers. C’était la chose la plus importante. »juge le directeur général de l’épée masculine Gauthier Grumier. « S’il ne veut pas me parler, ce n’est pas grave. »
Le couronnement individuel de Luidgi Midelton, le « révélation de la saison » dixit Grumier, et celui remporté par équipes avec l’aide de Paul Allègre, vainqueur de tous ses relais en finale (+7), confirment ses choix.
S’ils avaient remporté le titre mondial en 2022 au Caire, les épéistes français n’avaient plus trôné sur le toit de l’Europe depuis 2016.
Homme de statistiques, Gauthier Grumier pourra constater que cette année-là, ils furent sacrés champions olympiques à Rio. Il en sait quelque chose : il était déjà en piste, aux côtés de Yannick Borel.
« J’espère que ce sera pareil », réagit Cannone. Mais ne vous inquiétez pas. »