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Double championne olympique d’escalade et ultra-dominante, jusqu’où peut aller Janja Garnbret ?

Sans hésiter, d’un seul mouvement, le public du Bourget s’est levé pour applaudir celle qui continue de marquer l’histoire de l’escalade. Une ovation à la hauteur de l’immense talent de cette grimpeuse en pleurs au pied de la voie olympique. On manque de superlatifs pour expliquer à quel point la désormais double championne olympique Janja Garnbret domine l’escalade mondiale depuis plusieurs années, comme elle l’a fait à Paris cette semaine pour ajouter une ligne dorée à son palmarès XXL.

« Vous n’imaginez pas à quel point il est difficile de défendre son titre : toute autre médaille que l’or aurait été un échec », souligne la Slovène de 25 ans, quelques minutes après son podium, partagé avec son amie, la Franco-Américaine Brooke Raboutou, avec qui elle s’est entraînée ces derniers mois. « C’était un rêve : nous avons une amitié incroyable, nous voulions faire de notre mieux aujourd’hui et c’est ce que nous avons fait, sourit le vice-champion olympique de 23 ans. Partager cette connexion avec une amie et une idole est incroyable. Je l’admire beaucoup. »

« Elle est vraiment l’une des meilleures grimpeuses du monde, hommes et femmes confondus. »

Alex Honnold, légende de l’escalade

Personnalité appréciée du milieu, Garnbret a tout gagné : les Jeux olympiques (2), les Championnats du monde (8), les Championnats d’Europe (4), la Coupe du monde (41). Et ce n’est que pour les trophées en or. Il faut remonter à 2019 pour voir une compétition sans son nom sur le podium. Et sur le rocher, l’autre versant de l’escalade en termes de performances sportives, la Slovène a déjà réalisé plusieurs premières mondiales, d’une difficulté rare, et sans vraiment s’y attarder.

92%

Depuis ses débuts en compétition internationale en 2013, elle a enregistré 92% de podiums et 68% de victoires.

« Je pense que la plus grande question est de savoir combien de temps elle va vouloir s’entraîner aussi dur pour continuer à gagner. met en lumière la légende de l’escalade Alex Honnold, présente au Bourget. Elle peut continuer à gagner encore cinq ans ! Elle a déjà tout gagné, et plusieurs fois. Il n’y a plus de « premières » qu’elle n’ait pas faites. Je ne serais donc pas étonné qu’à un moment donné, elle préfère faire autre chose, sur le rocher par exemple. C’est la question que tout le monde se pose : jusqu’où ira Janja Garnbret ?

« Si vous la voyez simplement en compétition, vous ne savez pas à quel point elle est forte »

Pour se préparer aux JO, son entraîneur personnel, Roman Krajnik, qui assure qu’elle est « plus fort que jamais » a demandé à des ouvreurs (ceux qui tracent les itinéraires) de venir lui proposer des itinéraires « très très difficile ». Comprendre : plus difficile qu’en compétition classique. A plusieurs reprises par le passé, Garnbret a défié les ouvreurs, critiquant publiquement le niveau des voies de compétition, jugées « trop ​​faciles » pour elle et ses concurrents.. « Je voulais aussi montrer aux ouvreurs à quel point elle est forte.sourit le technicien slovène. Si vous la voyez juste en compétition, vous ne savez pas à quel point elle est forte, comparée aux autres. Je leur dis de venir et de faire les voies les plus difficiles possibles. Et ils sont tous surpris. »

« Tout le monde sait qu’elle est forte, mais honnêtement, quand on a raté les voies et essayé les mouvements, on avait déjà du mal à les faire tous facilement un par un alors que normalement, on en est capable, explique Thomas Ballet, ancien grimpeur de l’équipe de France et ouvreur. Quand on l’a vu grimper, on s’est vraiment regardé et on s’est dit « Est-ce que la piste a changé pendant la nuit ? » Elle était étonnamment facile. Je la classe dans le top 5 des hommes du monde.

Le roi du rock et héros oscarisé du film « Free Solo », Alex Honnold, confirme : « Elle est vraiment l’une des meilleures grimpeuses du monde, hommes et femmes confondus. Elle serait capable de gagner une compétition masculine, un bon jour, en fonction de l’ouverture. »

Lors de notre entretien en décembre dernier, chez elle en Slovénie, l’octuple championne du monde avait évoqué le sujet : « Quand on me demande si je voudrais un jour concourir contre des hommes, je réponds : pourquoi le ferais-je ? Je suis une femme et je veux être la meilleure (dans ma catégorie). Mais oui, nous pouvons grimper ensemble et je peux les battre. » Et si elle se sentait capable de monter sur le podium ? « Je pourrais gagner si le style me convient, mais peut-être que sur une certaine voie je pourrais aussi ne même pas faire certains mouvements, tout dépend du style (d’ouverture). C’est pour cela que l’escalade est tellement amusante. » Parole de légende.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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