Située à 300 kilomètres au nord-ouest de Tokyo, la péninsule japonaise de Noto est en proie à un curieux phénomène depuis le début des années 2020. Elle connaît régulièrement des séries de tremblements de terre dont l’origine, à ce jour, reste absolument inconnue. Face à ce grand mystère, les scientifiques se sont mobilisés, car il est très difficile de gérer un problème sans en avoir identifié la cause.
Selon le média scientifique américain The Debrief, une équipe internationale serait en train de percer le secret de ces surprenantes séries de tremblements de terre, appelées essaims sismiques. Cela a nécessité le concours de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis), des universités de Grenoble Alpes (Isère), de Vienne (Autriche), de Tokyo et de Tōhoku (nord-est du Japon). ) pour arriver à la conclusion suivante : le phénomène est lié à la météorologie du lieu. Leur étude a été publiée le 8 mai dans la revue Science Advances.
Les essaims sismiques ne doivent pas être confondus avec les séries de répliques qui suivent souvent les tremblements de terre et qui ont été largement étudiées et comprises par la science. Jusqu’à présent, les multiples tremblements de terre qui ont secoué la péninsule japonaise restaient inexpliqués. Dirigée par Qingyu Wang, sismologue au MIT et à l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université Grenoble Alpes, l’équipe de chercheurs vient d’établir une corrélation entre les précipitations, la pression mesurée dans les sous-sols et l’apparition de ces successions de séismes – qui pourraient évidemment tout changer.
Conséquences sérieuses
Après avoir étudié une décennie de données sismiques fournies par l’Agence météorologique japonaise (JMA), les scientifiques ont progressivement révélé une relation entre l’apparition d’essaims sismiques et certaines caractéristiques météorologiques. L’utilisation d’un modèle hydromécanique a même permis de réaliser des simulations au cours desquelles des changements de pression et des déploiements de pluie ou de neige ont pu être mis en œuvre.
L’apparition de neige (et de fortes pluies, dans une moindre mesure) semble particulièrement liée à la prolifération d’essaims sismiques. Qingyu Wang et son groupe de recherche sont convaincus que les fortes chutes de neige entraînent une modification de la pression souterraine, précisément liée à l’apparition de ces séries de tremblements de terre.
De là à établir l’existence d’un lien de cause à effet, il n’y a qu’un pas, qui n’est pas encore franchi pour l’instant, même si les experts ne semblent guère en douter. « De toute évidence, le climat a un impact sur la façon dont le sol de la Terre réagit et les tremblements de terre font partie de cette réponse. »déclare William Frank, géophysicien et enseignant au MIT.
Les recherches se poursuivront et leurs résultats pourraient avoir un impact bien plus large que prévu initialement. S’il s’avère que le changement climatique est effectivement capable de provoquer des tremblements de terre, alors l’ensemble du domaine de l’étude des risques sismiques pourrait bien connaître une révolution à venir.