DOSSIER – « Un bruit étonnant » : des milliards de cigales déferlent sur les Etats-Unis
Pour la première fois depuis le début du XIXe siècle, deux espèces de cigales sont apparues simultanément aux États-Unis.
Ces insectes vont produire un sacré bruit pendant plusieurs semaines dans 17 États du pays.
Pour les habitants, c’est une période difficile à traverser.
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Le 13 heures
C’est un phénomène qui ne s’est pas produit depuis plus de 200 ans, depuis 1803 pour être précis. Une éternité : Thomas Jefferson était encore président des Etats-Unis qui venaient de racheter la Louisiane à la France. En l’espace de quelques jours, des centaines de milliards de cigales traverseront l’Atlantique.
Pour bien comprendre, il faut savoir que parmi la grande famille des cigales, qui comprend plus de 3 000 espèces d’insectes à travers le monde, certaines apparaissent chaque année, tandis que d’autres sortent de terre tous les 13 ou 17 ans. Et c’est justement de ces cigales périodiques dont nous parlons, avec deux groupes concernés qui émergeront presque simultanément : les XIX, qui émergent tous les 13 ans et ont déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est), les XIII en le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Et selon les prévisions, les deux espèces pourraient être présentes au même endroit, dans l’Illinois (nord). « Lorsqu’ils font surface, ils le font en grand nombre, ce qui excite parents et enfants »glisse l’entomologiste Gene Kritsky, de l’Université Mount Saint-Joseph, dans les colonnes de l’AFP.
Jusqu’à 110 décibels à certains endroits
Qui dit cigales dit forcément grand volume, encore plus quand on parle de milliards de spécimens. Le son peut atteindre 110 décibels par endroits. « Ce chant ne vient que des mâles. (Il peut y avoir) des centaines, des milliers ou des dizaines de milliers de personnes chantant en même temps sur un seul arbre. », explique à TF1 Floyd Shockley, entomologiste au Smithsonian Institute de Washington DC. Un cri strident, lancé lors de la reproduction, auquel les locaux doivent faire face, comme ils peuvent. « Le jardinage n’a plus été aussi apaisant depuis un mois. J’ai même dû chercher de la musique de relaxation pour m’aider à y faire face »» déclare une habitante, qui a vu des insectes coloniser son jardin. « J’ai abandonné. C’est leur territoire. Je suis à la maison »de son côté, une femme se désespère dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Des effets sur les écosystèmes à surveiller de près
Mais au-delà du bruit, et cela est souvent moins connu, la présence massive des cigales produit des effets évidents sur les écosystèmes environnants. Dans une étude récemment publiée dans la revue Science, John Lill, professeur de biologie à l’Université George Washington, et d’autres chercheurs démontrent que l’émergence d’un groupe de cigales à Washington en 2021 a coïncidé avec l’augmentation du nombre de chenilles – abandonnées par les oiseaux, qui se concentraient sur les cigales – dans la région. . Résultat : la consommation de jeunes pousses de chêne a augmenté.
Dans le même ordre d’idées, d’autres recherches prouvent que ces mêmes chênes produisent davantage de glands deux ans après l’émergence des cigales. Or, « Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s’en nourrissent augmentent, plus le risque de maladie de Lyme chez l’homme augmente », rappelle l’AFP. Que « montre qu’il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme qui durent des années après l’apparition des cigales »résume John Lill.
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Cependant, les cigales ne représentent en tant que telles aucune menace pour l’homme : elles ne piquent pas, ne mordent pas et peuvent même être mangées. « On peut les voir voler d’un arbre à l’autre. Quand ils partiront, il faudra attendre 13 ans avant d’entendre à nouveau ce son étonnant. »conclut Susan Jones, responsable du Crabtree Lake County Park, à Morrisville (Caroline du Nord).