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DOSSIER. Scandale de l’Androcur : comment un médicament « miracle » a provoqué des tumeurs chez des milliers de malades

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Introduit en 1980, ce traitement contre l’acné, la chute des cheveux ou l’hirsutisme, parfois même comme contraceptif, a provoqué l’apparition de méningiomes chez des patients. Une association de victimes réclame désormais des comptes à l’État.

Commercialisé par le laboratoire allemand Bayer en 1980, Androcur connaît un succès fulgurant depuis sa création. Acné, chute de cheveux, hirsutisme, règles irrégulières… La pilule remédie aux troubles hormonaux grâce à l’acétate de cyprotérone, dérivé de la progestérone qui inhibe les effets des hormones sexuelles mâles. Sur le papier, ce remède ressemble à un miracle. Pourtant, depuis 2004, des voix s’élèvent dans le corps médical pour dénoncer son lien avec le risque de développer des méningiomes, tumeurs des méninges, bénignes dans 90 % des cas, mais qui peuvent être agressives voire malignes. Vingt plus tard, une association d’aide aux victimes d’Androcur (AMAVEA) s’en prend à l’État pour ne pas avoir communiqué aux patients les informations nécessaires sur les risques du médicament.

Des risques multipliés par 7

C’est en 2007 que le neurochirurgien Sébastien Froelich fut le premier à tirer ouvertement la sonnette d’alarme. Il faudra attendre 2011 pour que le risque de tumeur soit mentionné dans les instructions Androcur par l’Agence européenne du médicament. Par ailleurs, la prescription d’Androcur est désormais limitée aux cas d’hirsutisme sévère et de cancer de la prostate.

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Des avancées jugées insuffisantes par le Dr Froelich, qui réclame des investigations. Deux seront lancés en 2018 et 2019 sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Les résultats suggèrent que le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées à fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 ans de traitement.

Par ailleurs, ils confirment le rôle d’Androcur dans la survenue de méningiomes chez 500 patientes sur près d’une décennie (2007-2015) et reconnaissent que deux autres médicaments progestatifs ont potentiellement les mêmes effets secondaires : le Lutéran et le Lutényl. Des chiffres bien en deçà de la réalité selon Emmanuelle Huet-Mignaton, présidente de l’association d’aide aux victimes d’Androcur (AMAVEA) : « Entre 2007 et 2023, 4 000 femmes ont été opérées d’un méningiome progestatif.

Le chemin de croix des victimes

Le 7 mars 2024, l’affaire Androcur refait surface dans le débat public. L’AMAVEA vient de déposer deux requêtes auprès du tribunal de Montreuil contre l’Etat. « La faute que nous imputons à l’État, selon leur avocat Maître Oudin, est la suivante : ne pas avoir correctement diffusé l’information relative au risque sanitaire que représente la prise d’Androcur auprès des médecins et des patients. Conséquence : ces derniers ont respectivement continué à prescrire et à consommer la molécule. »

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Actuellement, 20 dossiers ont été évalués par le tribunal et 450 autres sont en cours de constitution. Les victimes devront faire preuve de courage, car les rouages ​​de la justice mettent beaucoup de temps à se mettre en marche. « Ces procédures de traitement sont difficiles à mettre en œuvre pour l’institution judiciaire », prévient Maître Oudin. « Et bien sûr, ils coûtent très cher aux victimes. » C’est pourquoi la création d’un système d’indemnisation spécifique pour les victimes a été demandée par l’association, qui engage la responsabilité financière de l’Etat.

Même si la procédure judiciaire constitue un chemin de croix pour les victimes, celles-ci trouvent un réconfort dans le fait qu’Androcur se trouve placée au centre du débat public. « C’est grâce aux médias que la plupart des femmes atteintes de méningiome découvrent le lien potentiel avec la prise d’Androcur », souligne Maître Oudin. Outre le public, les médecins doivent prendre conscience des risques inhérents à ce médicament. Nous devons minimiser « l’exposition au risque !

Cammile Bussière

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