DOSSIER. Réduction des coûts, gel des effectifs… Le nouveau plan d’Airbus pour rester leader sur le marché aéronautique

Dans les couloirs et les chaînes de montage d’Airbus, la rumeur circulait depuis plusieurs jours. L’information a finalement été confirmée le 11 juillet dernier. Dans une longue lettre adressée à ses salariés et à laquelle nous avons eu accès, Christian Scherer, le patron de la division Airbus Aircraft, vient de fixer un nouveau cap. Il vient de mettre sur la table un programme de réduction des coûts et un gel des effectifs afin de renforcer les performances de sa principale activité de fabrication d’avions.

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Ce recadrage intervient trois semaines après que l’avionneur a été contraint de revoir à la baisse ses ambitions de livraisons d’avions. Il avait prévu de livrer 800 appareils cette année, mais vise désormais 30 de moins. Le plan sera présenté officiellement aux représentants du personnel en septembre prochain, mais les grandes lignes sont déjà connues.

« Notre position de leader n’est pas à conquérir ! »

Concrètement, ce nouveau plan baptisé « LEAD ! » vise à améliorer les performances de la division Avions commerciaux du groupe. Car si certains fournisseurs d’Airbus, le motoriste Pratt & Whitney en tête, connaissent des difficultés depuis plusieurs mois, certaines activités industrielles menées en interne nécessiteraient des ajustements. La présentation de ce plan intervient à un moment clé pour Christian Scherer. Sans les nommer, il évoque ses deux principaux concurrents, Boeing et Comac, qui reviennent dans la course.

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Pour le premier, il estime avoir « traversé une crise profonde qui l’a obligé à se transformer radicalement pour rebondir ». Le second bénéficie « d’une structure optimisée, d’un énorme marché intérieur et du soutien de l’État ». Et de résumer en ces mots, « tous partagent la même ambition : prendre notre place ! Mais notre position de leader n’est pas à prendre ! Nous allons la renforcer ».

Ajustement et plafonnement des effectifs

Remettre les pendules à l’heure et rester le premier constructeur aéronautique mondial, tel est l’objectif que s’est fixé Airbus avec ce nouveau plan. Pour y parvenir, Christian Scherer entend d’une part accélérer le rythme des livraisons et d’autre part réduire les coûts par avion.

Le programme « LEAD ! » s’articulera autour de trois axes : économiser d’ici 2024 en termes de livraisons et d’écarts de coûts ; maximiser la montée en cadence ; et améliorer l’efficacité opérationnelle et organisationnelle. Les méthodes de travail seront revues et tous les coûts analysés. Le constructeur européen n’envisage toutefois « aucun plan social ou mesure similaire, au sens classique du terme ». Toutefois, « les effectifs représentant une part significative de (sa) base de coûts », des ajustements sur certains postes sont envisagés et les effectifs globaux seront plafonnés.

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Ce plan de réduction des coûts, aux contours encore flous, ne passe pas inaperçu auprès des syndicats. « Il est difficile de comprendre un tel plan alors que les résultats obtenus en 2023 et depuis le début de l’année par Airbus sont très positifs », explique Patrice Thébaut, coordinateur adjoint CGT chez Airbus Group.

Pour le syndicat, la « baisse minime du calendrier de livraison » ne justifie pas la mise en œuvre des mesures annoncées. Et d’ajouter que si les difficultés de production sont bien réelles, elles sont la conséquence de « décisions managériales » prises dans le passé. « La décision désastreuse en 2020 de supprimer des dizaines de milliers d’emplois dans le groupe et dans la sous-traitance a fragilisé notre industrie », résume la CGT Airbus.

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