Donald Trump, un fantôme porté par son instinct politique et son désir de vengeance
Nous ne le saurons probablement jamais. Mais Donald Trump n’est-il pas le premier surpris par sa victoire incontestable, pour sa troisième candidature à l’élection présidentielle ? Paria en chef après l’assaut du 6 janvier 2021 lancé par ses partisans contre le Capitole, le magnat a réussi un improbable retour, semé d’embûches, longtemps entouré d’une poignée de conseillers fidèles et de son clan.
Début 2021, Donald Trump était un homme du passé. Il a continué à répandre des mensonges sur la fraude électorale, refusant de reconnaître sa défaite. Il s’insurge contre le retrait chaotique d’Afghanistan, dont il avait pourtant jeté les bases via un accord avec les talibans. Il ne voyait aucun mérite dans les projets législatifs massifs adoptés par l’administration Biden par le Congrès. Trump a considéré la décision de la Cour suprême de mettre fin au droit fédéral à l’avortement en juin 2022 comme une victoire personnelle. Son camp en a cependant payé le prix lors des élections de mi-mandat, cinq mois plus tard. La vague rouge annoncée était un passage à vide, malgré la conquête de la Chambre des représentants. Plusieurs candidats extrémistes, adoubés par Donald Trump, ont mordu la poussière. Sans attendre, l’ancien président a immédiatement annoncé sa nouvelle candidature à l’élection présidentielle.
Elle était entièrement configurée pour une nouvelle confrontation, une revanche contre Joe Biden. Une tentative d’assassinat, à laquelle il a échappé le 13 juillet, en Pennsylvanie, semblait lui assurer une forme d’invincibilité. Mais l’entrée en scène de Kamala Harris, quelques jours plus tard, a provoqué un fort répit chez Donald Trump, qui a eu du mal à trouver les bonnes formules et les bons angles de frappe face à ce nouvel adversaire. La campagne Trump a été une nouvelle fois un one-man-show, souvent erratique, sans stratégie claire, même si son colistier, le sénateur JD Vance (Ohio), l’a soutenu avec ardeur, parcourant les États charnières.
En coulisses, l’équipe de campagne, dirigée par les vétérans Susie Wiles et Chris LaCivita, contrôlait tout ce qu’elle pouvait, après avoir pris le contrôle total du Comité national républicain plus tôt cette année. Cette équipe a convaincu le magnat de promouvoir des procédures de vote anticipé, dans lesquelles les républicains disposaient d’un handicap décisif. Elle a également cherché à se démarquer du document programmatique collectif, Projet 2025, hébergé par le groupe de réflexion Heritage Foundation. Ce qui a le plus irrité Donald Trump, ce n’était pas le contenu – incendiaire et réactionnaire – mais la suggestion selon laquelle il mettrait en musique les idées des autres.
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