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Donald Trump ralentit déjà les négociations de la COP29 en Azerbaïdjan

Drew Angerer/Getty Images Même pas élu, Donald Trump ralentit déjà les négociations climatiques de la COP29.

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Même pas élu, Donald Trump ralentit déjà les négociations climatiques de la COP29.

ÉTATS-UNIS – Une victoire de Trump qui paralyserait l’ambition climatique d’un pays… voire du monde. À l’approche de l’élection présidentielle américaine, six jours seulement avant l’ouverture de la COP29 en Azerbaïdjan le 11 novembre, les négociations en amont du sommet de l’ONU patinent. Aucun pays ne souhaite soumettre des propositions climatiques trop ambitieuses, de peur d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

« Si Trump gagne, il retirera certainement les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme il l’a déjà fait, et peut-être aussi de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. »estime Michael Gerrard, professeur de droit de l’environnement à la Columbia Law School de New York, interrogé par LE HuffPost. Ce qui, selon le chercheur, décourage par avance les autres chefs d’Etat de faire des propositions au à la hauteur des enjeux de cette COP.

La question du financement en attente

Pour la première fois depuis quinze ans, les pays devront se mettre d’accord sur un nouvel objectif de financement mondial, connu sous le nom de barbaree « nouvel objectif collectif chiffré de financement de la lutte contre le changement climatique » (NCQG). Concrètement, l’objectif est d’obtenir des pays développés, historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre, un engagement à augmenter substantiellement l’aide aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique.

Depuis 2009, le montant de cette « aide climatique » soit 100 milliards de dollars par an. Mais cet accord de financement expire en 2025 et est jugé largement insuffisant par les scientifiques pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique et à investir pour réduire leurs émissions. Les pays en développement réclament donc 1 000 à 1 300 milliards de dollars par an, soit au moins dix fois plus que le montant actuel.

Mais à vingt jours du début de la COP29, les principaux donateurs, dont l’Union européenne et les États-Unis, n’ont toujours pas indiqué le montant qu’ils étaient prêts à apporter. Pour Tom Evans, du think tank E3G, cela s’explique par le fait que les pays du Nord se sentent « assez exposé » à engager davantage d’argent alors qu’ils ne peuvent pas compter sur le soutien de Washington. Interrogé par l’AFP, l’expert ajoute que l’élection américaine « plane au-dessus de tout le monde, il est difficile de se projeter au-delà ».

Avec Trump, plus d’objectifs nationaux pour limiter le réchauffement ?

Sans le soutien des États-Unis pour payer leur part, l’enveloppe destinée aux pays du Sud pourrait ainsi être réduite à néant. «La politique américaine n’est déjà pas favorable à une contribution significative au financement de la lutte contre le changement climatique. Donc si Trump gagne, il ne voudra pas que nous dépensions un seul centime pour cela. »analyse sur ce point le chercheur américain Michael Gerrard.

Plus inquiétant encore, la contribution de l’Union européenne pourrait également diminuer en conséquence. Plusieurs observateurs expliquent en effet HuffPost qu’en cas de victoire de Trump, il ne contribuerait plus à soutenir l’Ukraine contre la Russie. L’UE serait donc obligée de « compenser » le manque à gagner pour Kyiv. Un soutien financier qui primerait alors sur le financement climatique mondial.

Le deuxième point épineux de cette COP, c’est l’actualité « contributions déterminées au niveau national »que tous les États doivent soumettre avant la COP30 au Brésil. Ces CDN sont des engagements nationaux en matière de climat qui décrivent les actions que les pays prendront pour contribuer à l’objectif mondial de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. « Avec Trump, les États-Unis n’auront pas de NDC et, s’il y en a, ce sera très peu ambitieux »s’inquiète Gaïa Febvre, chargée des questions internationales à l’ONG Réseau Action Climat (RAC), contactée par HuffPost. Et rappelle que le Républicain est un grand défenseur des énergies fossiles.

Les entreprises boudent aussi la COP

Autre acteur majeur de cette COP29 basé sur  » finance », le secteur privé, qui semble ignorer le sommet de l’ONU. « Les entreprises de tous horizons envisagent d’éviter ou d’envoyer des délégations plus petites au sommet mondial sur le climat en Azerbaïdjan »notamment par crainte que le climato-sceptique Trump remporte les élections et relègue les problèmes environnementaux au placard, analyse Politique.

Les entreprises utilisent généralement les COP comme forum pour promouvoir leurs produits ou organiser des événements parallèles pour améliorer leur marque climatique. Mais cette année, leurs annonces pourraient être perturbées par le bruit médiatique provoqué par les élections américaines. Ils choisissent ensuite d’autres événements pour annoncer leur « actions vertes ». «  Cette COP est tellement incertaine que je suis allée à la Semaine du Climat » à New York, fin septembre, a expliqué Dan Byers, vice-président chargé des politiques au World Energy Institute de la Chambre de commerce des États-Unis, à Politique.

Ce  » Effet Trump » sur la COP29 avant même l’élection américaine pose la question de l’avenir de ces sommets annuels s’il venait à être élu. Pour le professeur new-yorkais Michael Gerrard, le « Les conférences de l’ONU sur le climat continueront, comme ce fut le cas lors de son premier mandat, mais elles seront beaucoup moins efficaces. »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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