Donald Trump aurait difficilement pu être plus explicite. Mercredi 13 novembre, le futur président américain a nommé Matt Gaetz, 42 ans, au poste deProcureur général, en d’autres termes, ministre fédéral de la Justice. Le signal est clair : il entend mettre en œuvre les mesures les plus extrêmes de son programme. Que ce soit les plus visibles, comme l’expulsion de millions de sans-papiers. Ou les plus sombres pour la démocratie, comme le projet de mettre la Justice sous la tutelle directe de la Maison Blanche ou de démanteler le FBI. Ces derniers sont apparus dans le Projet 2025 concoctée par la Heritage Foundation, si scandaleuse que Trump s’en est officiellement distancié.
Trump récompense plus la loyauté que la compétence
Les voici de retour en selle. À la Chambre des représentants, où la circonscription la plus conservatrice de Floride l’a élu en 2016, Gaetz était le chien d’attaque
de Trump, note le New York Times, affirmant par exemple que l’assaut du Capitole en 2021 était une provocation de antifa
. Gaetz n’a cessé de dénoncer le harcèlement judiciaire de Trump, quatre fois inculpé, et contre la police judiciaire. En le nommant, Trump donne la priorité à la loyauté plutôt qu’à la compétence. Bien qu’il soit titulaire d’un diplôme d’avocat, Gaetz, fils d’un sénateur, n’a aucune connaissance du ministère de la Justice. Et aucune expérience gouvernementale, même en Floride.
Choisi pour protéger Trump… et le venger
S’il devient ministre, Gaetz supervisera les enquêtes fédérales contre Trump – et sera chargé d’en débarrasser le président. Et cela pourra aider le président à poursuivre ses adversaires politiques, comme l’a annoncé Trump.
souligne Amber Phillips, journaliste politique pour Washington Post. Il pourra également exercer sa vengeance personnelle, ayant été mis en cause pour détournement de mineurs, usage de drogue et corruption passive. Les accusations ont été abandonnées, mais le comité d’éthique de la Chambre a poursuivi ses enquêtes et devrait publier ses conclusions ce vendredi. C’était avant qu’il ne démissionne de son poste de député mercredi.
Peu apprécié au Congrès
Le « si » compte, car Gaetz doit encore être confirmé par le Sénat. Cependant, une sénatrice républicaine, la modérée d’Alaska Lisa Murkowski, a déjà exprimé sa désapprobation. A la Chambre des représentants, nombre de ses pairs ont applaudi non pas sa nomination, mais son départ. Car Gaetz est le foudroyeur qui a déposé la fatale motion de censure contre le président de la Chambre Kevin McCarthy, en octobre 2023, et a plongé son camp dans des semaines de querelles et de paralysie.