« Nous avons acheté cette histoire pour qu’elle ne soit pas publiée ailleurs. Nous ne voulions pas que cela embarrasse Donald Trump ou affecte sa campagne présidentielle de 2016, a résumé d’une voix calme David Pecker, 72 ans, lors de sa troisième journée de témoignage au premier procès pénal de l’histoire. pour un ancien président des États-Unis.
Souvent affable, l’ancien patron du National Enquirer, magazine people aux Unes sensationnalistes, a détaillé comment, pour 150 000 $, sa société avait acquis l’exclusivité du témoignage de ce mannequin, Karen McDougal. De l’argent dépensé pour ne rien publier et enterrer le scandale.
Cravate rouge sur une chemise rose pâle, racine des cheveux dégarnie et cheveux blancs coiffés en arrière, David Pecker a assuré avoir évoqué cette transaction avec le candidat à l’époque. Et les détails ont été réglés avec l’ancien avocat personnel du milliardaire, Michael Cohen, qui l’avait rassuré : « ne vous inquiétez pas (…) le patron s’occupera de tout ça », a rapporté David Pecker, précisant que le « boss » n’était autre que Donald Trump.
Dissimuler systématiquement les scandales
L’ancien président des États-Unis est poursuivi pour avoir dissimulé dans les comptes de son groupe, la Trump Organization, un autre versement de 130 000 dollars, sous couvert de « frais juridiques », pour acheter le silence de l’ancienne star du porno Stormy Daniels au fin de la campagne 2016.
Elle a également affirmé avoir eu une relation sexuelle avec le candidat en 2006, alors qu’il était déjà marié à son épouse Melania Trump. Une relation démentie par Donald Trump.
L’histoire de David Pecker est donc cruciale pour le parquet, qui veut montrer qu’un stratagème était à l’œuvre pour étouffer systématiquement les scandales entourant le candidat. Le patron de la presse a évité les poursuites pénales en reconnaissant avoir violé les lois sur le financement des campagnes électorales et en acceptant de collaborer avec la justice. Même si, comme il l’a dit jeudi, Donald Trump était son « mentor » et reste « son ami ».
Mardi, il avait déjà évoqué une réunion pendant la campagne, à la Trump Tower, où un plan pour chasser les scandales avait été élaboré avec Donald Trump et Michael Cohen. « Bien avant cette réunion (…) pendant 17 ans, vous avez informé Donald Trump des informations potentiellement négatives qui pourraient sortir à son sujet », a relativisé l’un des avocats de Donald Trump, Emil Bove, lors du contre-interrogatoire. David Pecker ne l’a pas contredit.
Une trentaine de falsifications
Déjà condamné à deux reprises depuis début 2023 par la justice civile new-yorkaise à des centaines de millions de dollars d’amende, Donald Trump risque dans cette affaire la première condamnation pénale d’un ancien président des Etats-Unis, un scénario qui repousserait la campagne présidentielle et son rêve de revanche contre Joe Biden dans l’inconnu, lors de l’élection du 5 novembre 2024.
Le milliardaire républicain est poursuivi pour 34 chefs d’accusation de falsification de documents comptables de la Trump Organization, pour dissimuler des paiements à Stormy Daniels.
La défense de Donald Trump invoque la légalité des paiements et dément tout « complot » visant à fausser l’élection de 2016, contrairement à ce qu’affirme l’accusation.