Donald Trump accuse (déjà) les démocrates de tricherie
A quelques heures de l’élection présidentielle, le candidat républicain accuse, comme en 2020, le camp de Kamala Harris de tricher sur les résultats du vote.
L’accusation laisse un sentiment de déjà-vu. Alors que le vote pour choisir le prochain président des Etats-Unis aura lieu dans 48 heures, le candidat républicain Donald J. Trump accuse déjà son adversaire démocrate de tricherie. Il y a quatre ans, il avait refusé d’admettre avoir perdu le vote face à Joe Biden, créant une vive protestation qui a poussé ses militants à prendre d’assaut le Capitole à Washington le 6 janvier 2021, interrompant le vote de certification de l’élection au Congrès. En 2024, encore : Donald Trump accuse cette fois Kamala Harris de fraude. « Une bande de tricheurs »a-t-il déclaré le 2 novembre, rapporte le New York Times . « La seule chose qui peut nous arrêter, c’est de tricher » il l’avait déjà déclaré le 31 octobre en Arizona, selon le Los Angeles Times .
Le candidat républicain fait référence à des tentatives de fraude détectées en Pennsylvanie, l’un des « swing states » dont les résultats électoraux pourraient faire pencher le vote national. « Ils ont déjà commencé à tricher à Lancaster » (un comté de l’État, NDLR)» a-t-il déclaré lors d’un rassemblement le 29 octobre. Avant d’ajouter, quelques jours plus tard : « La Pennsylvanie triche à un niveau rarement vu auparavant ». Les autorités du comté ont en effet remarqué une augmentation suspecte du nombre de demandes d’inscription sur les listes électorales. Mais tous les formulaires potentiellement frauduleux ont été rejetés, et aucun d’entre eux n’était un bulletin de vote, ont indiqué les autorités. Le vote n’a donc pas été perturbé, contrairement à ce que suggérait Donald Trump.
Une stratégie qui fleurit depuis 2020
Selon le New York TimesCes dernières semaines, les militants de Trump se sont également plaints du fait que certains États, comme la Pennsylvanie et l’Arizona, n’auraient probablement pas fini de dépouillement avant l’annonce des premiers résultats. Lors de la précédente élection présidentielle, ce grief était déjà l’un des premiers à surgir dans les jours qui ont suivi la défaite de Trump. Si les responsables électoraux admettent que le décompte des bulletins de vote par correspondance pourrait prendre plus de temps, ils assurent que cela n’aura pas d’impact sur les estimations initiales, qui sont ensuite consolidées par les résultats finaux.
Cette année, le contrôle des votes a été renforcé pour éviter de nouveaux conflits. Ainsi, 10 000 juridictions locales ont été formées pour certifier les votes avant de les envoyer dans les capitales de leurs États. Par la suite, des certifications sont cette fois réalisées au niveau des Etats, avant que les listes ne soient envoyées à Washington, résument nos confrères américains. Mais si ce processus est obligatoire pour tous les Etats, certains s’y opposent : au moins 35 responsables électoraux ont décidé de bloquer la certification.
Les huit États concernés sont l’Arizona, le Colorado, la Géorgie, le Nevada, le Nouveau-Mexique, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Michigan. La majorité d’entre eux sont des « swing states », appelés « États clés ». Du pain béni pour l’équipe Trump. « La seule chose qui compte, ce sont les votes qui peuvent être certifiés par les citoyens américains, et c’est sur cela que nous nous concentrons »a déclaré Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump. D’ailleurs, pour galvaniser ses électeurs, le candidat républicain n’a pas manqué d’affirmer le 3 novembre qu’il était « leader dans les sept États clés » . Cependant, selon l’agrégateur de sondages Figaro (NYTimes, Cook Political Report, FiveThirtyEight), Donald Trump n’aurait qu’une légère avance sur son rival dans quatre de ces États : Pennsylvanie, Géorgie, Caroline du Nord et Arizona. Au niveau national, les deux candidats restent au coude-à-coude, Kamala Harris enregistrant une très légère avance (49% contre 48%).
Un discours repris par les militants trumpistes
Pour ses partisans, le message de Trump a été bien perçu. Ils relaient de nombreux posts sur les réseaux sociaux contre «des démocrates trompeurs« . « Kamala devrait changer son slogan en « Nous gagnons, nous trichons, nous gagnons ! », « MDR non, en fait, je ne pense pas que Kamala ait une chance si (les démocrates) ne peuvent pas tricher », « La seule façon pour Kamala de gagner est de tricher… encore », « Kamala a fini. Ils vont tricher, mais je ne suis pas sûr qu’ils puissent tricher suffisamment pour la faire gagner… »» ont écrit ce 3 novembre au soir (le 4 novembre au matin en France) les trumpistes sur X (ex-Twitter), désormais dirigé par Elon Musk, fervent partisan de l’ancien président républicain.
Cette stratégie employée par Donald Trump ne semble toutefois pas effrayer son adversaire démocrate, selon un communiqué de Dana Remus, avocate de campagne de la vice-présidente Kamala Harris, consulté par le New York Times. «Il n’est pas surprenant qu’il remette déjà en question les résultats d’élections toujours en cours. Il a échoué lorsqu’il a essayé cela en 2020, et il échouera encore.elle écrit.