Alors que le scrutin s’annonce extrêmement serré selon les derniers sondages, plus de 36 millions de Latinos pourront voter, sur un total d’environ 244 millions d’électeurs, le 5 novembre.
Une sortie très difficile à vivre. Dimanche 27 octobre à l’ouverture d’un meeting de Donald Trump au Madison Square Garden de New York, l’humoriste Tony Hinchcliffe a tenu une blague raciste qui a fait polémique.
Ce dernier a comparé Porto Rico, dont beaucoup d’habitants résident à New York, à « une île flottante d’ordures au milieu de l’océan », provoquant des rires dans la salle, mais en même temps une certaine gêne, selon BFMTV. journaliste présent sur place.
Une attaque xénophobe qui embarrasse à une semaine du scrutin, et alors que le vote de la communauté latino risque d’avoir un poids non négligeable dans les sondages. Cet électorat « peut être celui qui fera pencher la balance », a déclaré à l’AFP Rodrigo Dominguez-Villegas, directeur du Latino Data Hub à l’Université de Californie à Los Angeles.
« C’est tellement fou. »
Au lendemain du meeting de Donald Trump et de cette sortie raciste, de nombreux électeurs républicains latino-américains ont exprimé leur indignation, et disent ne plus vouloir voter pour celui qui a déjà occupé le poste de président entre 2016 et 2020.
«C’est tellement fou que ces gars disent de telles choses. Ils nous considèrent comme moins que rien », explique à BFMTV, Hector Torres, éducateur et portoricain résidant d’Allentown, une ville située en Pennsylvanie, un Etat où le vote latino est important. 600 000 voix, dont 300 000 électeurs de Porte-Rico.
« Si vous êtes Portoricain et Latino et que vous votez pour Trump, vous votez contre vos propres intérêts », prévient-il.
« C’est très insultant pour les citoyens portoricains de ce pays », déplore auprès de l’AFP Elisa Covarrubias, elle-même originaire de cette île des Caraïbes qui est un territoire des Etats-Unis.
« C’est horrible d’être insultée comme ça lors d’une réunion de quelqu’un qui veut être président », poursuit-elle, parlant d’une « grosse erreur politique » contre une communauté qui « regarde et écoute ».
A l’inverse, d’autres, moins nombreux, se réjouissent que le sujet ait été abordé lors de la réunion. « Mais c’est vrai, Porto Rico a un sérieux problème », a déclaré sur BFMTV Luisa Melendy, également portoricaine résidente d’Allentown et fervente partisane de Donald Trump. «Je remercie l’humoriste d’en avoir parlé. Il a donné de la visibilité même si beaucoup de gens pensent que c’est négatif », pointe celle qui qualifie Kamala Harris de « menteuse ».
L’électorat latino se sent exclu
De manière générale, l’électorat latino-américain joue un rôle important et pèse lourd dans des États clés comme la Géorgie, l’Arizona et le Nevada. Cependant, au-delà de quelques discours et apparitions dans les médias hispanophones, les candidats ont fait peu d’efforts pour séduire cet électorat, constate Rodrigo Dominguez-Villegas.
« Il y a peu de profils, peu de stratèges politiques d’origine latino et un manque d’investissements », insiste l’expert, qui déplore également la tendance des deux partis à concevoir ces diverses communautés comme un seul bloc monolithique.
Pour combler cette lacune, les militants de l’ONG Galeo Impact Fund invitent souvent les électeurs latinos autour de tacos à parler politique, comme Jeanette Bowden. Egalement d’origine portoricaine, cette native de New York soutient déjà Kamala Harris, qu’elle estime plus capable de réduire les tensions et les inégalités dans le pays.
Comme elle, environ 56% des Latinos soutiennent Kamala Harris contre 37% pour Donald Trump, selon un récent sondage du New York Times, qui souligne toutefois que cette marge a diminué par rapport aux précédentes élections présidentielles.
Ces dernières semaines, les militants du Galeo Impact Fund se mobilisent pour inciter les communautés hispaniques à voter pour Kamala Harris partout où l’équipe de campagne du candidat démocrate ne s’est pas rendue en Géorgie (sud-est), l’un des Etats qui sera décisif le 5 novembre.
Lors d’un scrutin qui s’annonce comme le plus serré de l’histoire moderne des États-Unis, plus de 36 millions de Latinos pourront voter, sur un total d’environ 244 millions d’électeurs.