Dominique de Villepin répond vertement à Bernard-Henri Lévy après ses accusations d’antisémitisme
Le philosophe a accusé dimanche l’ancien Premier ministre d’avoir une « haine d’Israël » et des « Juifs » sur LCI. Cette sortie a fait sursauter Dominique de Villepin et exiger des excuses.
L’accusation est lourde. Invité sur le plateau de LCI dimanche 6 octobre, à la veille de l’anniversaire des attentats du Hamas contre Israël ce lundi 7 octobre, Bernard-Henri Lévy s’en est pris frontalement à Dominique de Villepin lors d’une analogie faite avec Jean-Luc-Mélenchon. « Je crois qu’il y a chez (Jean-Luc Mélenchon) comme chez Dominique de Villepin autre chose que du calcul froid. Il y a une haine qu’il inspire, qu’il dégage. Une haine d’Israël et de ceux dont le nom est Israël, c’est-à-dire les Juifs. »jugea le philosophe.
L’essayiste, défenseur du gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahu, et opposé à tout cessez-le-feu, contrairement à la position de la France, s’oppose directement à celui qui a porté le « non » de la France à la guerre en Irak en 2003. Dominique de Villepin s’est fait remarquer par ses positions critiques. sur les bombardements menés par l’armée israélienne sur Gaza et a suscité une sympathie considérable au sein de la gauche.
« Un besoin de dignité et de respect dans le débat »
Cette attaque a fait réagir vivement l’ancien locataire de Matignon, également sur LCI, dimanche soir, en estimant que« Il n’y avait pas de place pour de telles remarques » Dans « le débat démocratique ». « La calomnie et le mensonge nient le débat démocratique, dit-il. C’est pourquoi je ne peux accepter de tels propos de la part de Bernard-Henri Lévy. Il viole sa dignité, la sienne. À la dignité que doit avoir tout homme lorsqu’il s’exprime dans l’espace public. Je pense que dans le débat démocratique, et d’ailleurs à la veille du 7 octobre, au moment où nous allons commémorer un terrible massacre, il y a un besoin de dignité et de respect dans le débat.répondit Dominique de Villepin. Ce dernier a également demandé « excuses » à l’essayiste et lui demande de « rester »citant Albert Camus : « Un homme ne peut pas être arrêté ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004 a ensuite souligné le lien avec la guerre du philosophe, impliqué dans les conflits en Afghanistan, en Libye et en Irak. « Et avec quel résultat », s’insurge l’ancien premier ministre. Regardez en arrière, Monsieur Bernard-Henri Lévy : il n’y a que le chaos, il n’y a que la mort, il n’y a que le sang. Et là, il vient réclamer le droit de gagner sur votre board. Le droit de gagner quoi ? Pour gagner quelle guerre ? Pour faire quoi ? La force, quand nous l’utilisons, nous devons le faire au nom d’une vision politique.»
Après la réponse musclée, Dominique de Villepin s’est ensuite retrouvé en bas du qualificatif utilisé par BHL. « Le débat ne porte pas du tout sur une question juive ou sur une question israélienne. Qu’est-ce qui m’oppose à Bernard-Henri Lévy ? C’est la question de la guerre et de la paix. Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon s’est également exprimé sur X, appelant l’ancien premier ministre « ne pas perdre (son) temps avec BHL qui nous insulte ». « Un mot de saint Augustin résume ce qu’on peut en dire : honte à celui qui est sans honte !s’insurge le leader de La France insoumise.
« Israël est engagé dans un processus qu’il ne contrôle plus »
Ce lundi sur franceinfo, Dominique de Villepin a rendu hommage aux victimes israéliennes du massacre perpétré par l’organisation islamiste palestinienne Hamas le 7 octobre 2023 mais a estimé qu’Israël a depuis « engagée dans une démarche qu’elle ne maîtrise plus, qu’elle ne contrôle plus ». Avant de continuer : « Et nous sommes peut-être à quelques jours de représailles d’Israël contre l’Iran »a déclaré l’ancien ministre des Affaires étrangères sur franceinfo, insistant sur l’existence de « des possibilités sur le plan diplomatique, puisque l’Iran (…) ne veut absolument pas céder à cette spirale ».
« Je trouve totalement regrettable que Benjamin Netanyahu veuille d’une manière ou d’une autre corriger la situation dans la région par la force, alors qu’il existe d’autres possibilités », a ajouté Dominique de Villepin. Notre sécurité est également en jeu car ce qui se passe là-bas n’est pas sans conséquences sur ce qui se passe ici. ».
« Nous ne pouvons pas soutenir la chimère de Benjamin Netanyahu »a-t-il ajouté, félicitant le président Emmanuel Macron d’avoir demandé samedi l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. C’est un message adressé aux Américains, c’est un message adressé aux Israéliens (…) : la conscience internationale ne peut plus supporter cette impuissance, elle doit agir.»
Les propos d’Emmanuel Macron, a-t-il poursuivi, doivent être replacés dans le contexte de l’accord de cessez-le-feu conclu entre la France et les États-Unis lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, « pour tenter de mettre fin au calvaire des Palestiniens à Gaza et tenter de ramener les otages ». « Le président de la République française a eu raison de dire que lorsqu’on appelle au cessez-le-feu, on ne peut pas en même temps continuer à livrer des armes qui créent la mort, alors qu’elles s’avèrent désormais inutiles à Gaza » Ou « il n’y a plus rien à détruire »observa Dominique de Villepin.